Fragilisé depuis plusieurs mois, Noël Le Graët n'est plus président de la Fédération française de football. Il vient de remettre sa démission au comité exécutif de la FFF, réuni ce 28 février 2023. Une page du football français se tourne avec le départ du Guingampais rattrapé par les accusations de harcèlement, une mission d'audit accablante et moults dérapages.
Fragilisé depuis plusieurs mois, le président de la Fédération française de football, Noël Le Graët, a remis sa démission ce 28 février 2023, au comité exécutif (Comex) de la FFF, après onze ans de mandat.
Au siège de la "3F", une large page du football français vient de se tourner avec la démission de l'homme d'affaires de 81 ans, rattrapé par les accusations de harcèlement, une mission d'audit accablante et plusieurs dérapages.
Noël Le Graët est pointé du doigt par un rapport d'audit de l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGESR), pour "dérives de comportement", jugés "incompatibles avec l'exercice des fonctions et l'exigence d'exemplarité qui lui est attachée". Sa gestion "solitaire" du pouvoir et ses comportements sont notamment ressortis clairement.
Le rapport d'audit de l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGESR), rendu le 15 février, a en effet limité la marge de manœuvre du Breton, lâché depuis des mois par la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra pour qui "le statu quo est impossible".
Selon les inspecteurs, Noël Le Graët "ne dispose plus de la légitimité nécessaire pour administrer et représenter le football français", compte tenu notamment de son "comportement inapproprié vis-à-vis des femmes".
Si le Breton a démenti toutes les accusations de harcèlement et dénoncé une mission d'audit "biaisée", il doit désormais se rendre à l'évidence: son "Comex", autrefois si fidèle, ne le soutient plus.
Philippe Diallo à l'intérim
Le départ de Noël Le Graët devrait ouvrir la voie à un maintien du vice-président Philippe Diallo à la tête de l'instance jusqu'à l'Assemblée fédérale du mois de juin. Plusieurs sources internes le verraient même prolonger son intérim au-delà.
La reconstruction de la FFF peut désormais s'ouvrir et elle sera sans doute agitée. Le président de la Ligue de Paris-Île-de-France, Jamel Sandjak, a ainsi déjà jeté le flou en démissionnant ces derniers jours du comité exécutif.
Beaucoup lui prêtent des ambitions présidentielles et rappellent qu'une Assemblée générale peut, statutairement, être convoquée par le quart de ses membres, composés de délégués des clubs, Ligues et districts locaux. Cette hypothèse pourrait conduire à la révocation du Comex.
Le cas Corinne Diacre à l'ordre du jour
Egalement au coeur des débats de ce 28 février, l'état-major de la FFF devrait aussi se positionner sur un cas très inflammable, celui de l'équipe de France féminine et de sa sélectionneuse Corinne Diacre, fragilisée après la mise en retrait de ses trois joueuses phares Wendie Renard, Kadidiatou Diani et Marie-Antoinette Katoto, qui critiquent son management.
A cinq mois de la Coupe du monde en Australie et en Nouvelle-Zélande (20 juillet - 20 août), la crise est insoluble. Donner raison aux joueuses en écartant Diacre reviendrait à leur donner le pouvoir, une dangereuse jurisprudence. Mais l'inaction face à une fronde inédite réduirait sans doute à néant les chances de titre en Océanie...
Jean-Michel Aulas, responsable du foot féminin au Comex, a en tout cas choisi son camp. "Cela me paraît difficile objectivement de lutter contre l'avis des joueuses" explique-t-il à L'Equipe. Le Comex suivra-t-il cet avis ?
CJ avec AFP