Guirec Soudée traverse à la rame l'Atlantique Nord depuis les Etats-Unis vers la Bretagne. Sans moyen de communication électronique après une tempête ce samedi 3 juillet, il a pu de nouveau échanger par VHF courte distance avec un cargo ce 7 juillet au matin. Il continue sa longue route.
Guirec Soudée, le marin d' Yvinec à Plougrescant, vient de réussir à donner un nouveau signe de vie. Le jeune naviguateur est sain et sauf et continue sa traversée à la rame de l'Atlantique Nord pour rallier la Bretagne.
Il combat actuellement le froid, l'humidité, et de forts coups de vents. Le tout sans les outils d'aujourd'hui. La dernière tempête qu'il a affronté ayant détruit ses moyens de communications électroniques. Plus de GPS, plus de mails, ni de fichiers météo ou de téléphone satellite... Guirec navigue à l'ancienne.
Heureusement sa VHF de courte portée est encore opérationnelle. Guirec a pu rentrer en contact avec le cargo, le "Sunny Bay" et a indiqué à son capitaine qu'il allait bien mais qu'il avait perdu tous ses moyens électroniques de communication.
Guirec Soudée a également informé le capitaine du navire qu'il continuerait à donner des nouvelles sur sa position et son avancée à la faveur des bateaux qu'il pourrait croiser, espérant le faire une fois par semaine.
Un début de traversée de l'Atlantique éprouvant
Guirec Soudée est parti à la rame de Cap Cod dans le Massachusetts, pour traverser l'Atlantique Nord en direction de la Bretagne, 41 ans après Gérard d'Aboville.
Les très forts courants et le vent de Sud lui ont mené la vie dure sur les 13 premiers jours de sa traversée. 19 heures d'efforts au quotidien, pour contrer les éléments et sortir son bateau du plateau continental afin de ne pas se rapprocher du Canada.
Exténué, le jeune marin a cru se sortir d'affaire, avant de se rendre compte que la lutte devait continuer pour faire face au courant. Piégé, sans échappatoire, épuisé, mais cela n'était pas suffisant pour faire lâcher le Breton. Guirec est têtu.
Après les courants, la tempête
Rien ne l'arrête, ni le courant, ni le vent, ni les vagues.
Et du vent et des vagues, il en a été question ces jours-ci. Guirec et son embarcation ont été balloté par 45 noeuds de vent, avec des rafales à 65 noeuds et des creux de 7 mètres. Des conditions dantesques que le Breton n'avait pas connues lors de son trajet aller entre les Canaries et Saint Barthélémy.
Le contact ayant été perdu, le CROSS Gris Nez avait détourné un cargo panaméen, le Tsukuba Maru. Malgré les 4 mètres de creux et 25 noeuds de vent, l'équipage avait établi une liaison radio avec Guirec vers 23h ce dimanche soir. Depuis, silence radio.
Ce nouveau contact est un vrai soulagement pour son équipe à terre.
Absolument aucune inquiétude
Guirec Soudée est donc sans moyen de communication dans son embarcation de 8 mètres. Seul, face à l'océan, avec un thermomètre, un compas et son baromètre comme seuls outils de navigation.
Comment tenir dans de telles conditions ? Beaucoup seraient pris dans un stress important. Maurice Uguen, ancien routeur de Gérard D'Aboville sur sa traversée de l'Atlantique à la rame, connait bien Guirec pour avoir participé à la préparation du Breton pour cette double Transatlantique.
L'ancien marin suit également la nouvelle aventure de Guirec de très près et se montre rassurant.
Je ne suis absolument pas inquiet. La situation peut être stressante pour beaucoup, pas pour Guirec. C'est un expert, un grand navigateur qui a l'habitude de la mer et qui a une expérience hors du commun pour son âge.
Maurice Uguen nous rappelle des faits : "Guirec a déjà fait le tour du monde, en solitaire et en passant par les deux pôles. Rares sont ceux qui l'ont fait avant lui". Pour ce complice de Philippe Poupon et marin depuis toujours, "Guirec ne découvre pas la situation. Il a acquis de l'expérience en ralliant les Canaries à Saint Barth' à la rame sur ce même bateau. Il a du savoir-faire. Il ira au bout."
Peut-être une réparation de fortune pourra lui permettre de récupérer une partie de son électronique mais son équipe à terre n'en a aucune certitude.
Il aura besoin de connaître en amont les conditions météos pour gérer ses phases de sommeil et de rame.
De même son thermomètre va l'aider à bien se positionner vis-à-vis du Gulf Stream. Ce courant qui traverse l'Atlantique, Guirec doit s'appuyer dessus pour rejoindre la Bretagne. "Afin d'être dans le bon sens du courant, Guirec doit rester dans la partie tempérée du Gulf Stream" précise Maurice Uguen. "Avec son thermomètre il pourra jauger de sa position pour n'être ni trop Nord, ni trop Sud".
Guirec Soudée navigue avec les éléments, comme il y a 60 ans. Son arrivée est prévue pour début septembre au large de Ouessant.