Les producteurs de cidre sont sur leur garde. La commission européenne a interrogé le Parlement et le Conseil sur "l'opportunité d'établir une norme européenne définissant des exigences minimales pour le cidre". Or, il y a cidre et cidre. Si en France, ont peut déguster du 100% jus de pomme, on en est souvent loin chez certains de nos voisins. En Bretagne, la productrice Morgane Berthelot (Coat Albret) veut une harmonisation vers le haut. Et de la transparence
En Bretagne, ou en Normandie, quand on vous propose un coup de cidre, on sait de quoi il retourne… Dans un verre ou une bolée, on déguste une boisson produite à partir de jus de pommes. Mais ailleurs en Europe, derrière l’appellation "cidre", se cachent des réalités bien différentes. En Irlande, le "Cider" est fait de 10% de jus de pomme, en Europe du Nord, il y a parfois autant de fruits rouges que de pommes.
La Commission européenne consulte le Parlement européen et les États membres réunis en Conseil sur l’opportunité de développer ou non de nouvelles normes sur le cidre au niveau européen.
Il y a cidre et cidre
Chez Coat Albret depuis 1983, pour faire du cidre, on utilise des pommes, des pommes et des pommes. C’est le secret de la recette. Des fruits et rien d’autre. Ni eau, ni sucre, rien ! Dans le verger qui jouxte l’atelier, les pommiers sont en fleurs. À l’automne, les fruits seront ramassés, puis pressés. Morgan Berthelot, qui a repris la cidrerie montée par son père, assemble tous les 15 jours les jus de différentes pommes pour faire des cidres, doux, bruts ou fruités.
Mieux définir le cidre, la productrice bretonne est plutôt pour. Entre son cidre artisanal et le Cider Irlandais, les deux breuvages portent le même nom mais dans l’un, il y a 100% de jus de pommes, quand dans le second, il y en a 10%. "La législation est telle, que pour l'instant, chaque pays décide de ce qu'est le cidre. Alors qu'on ne parle pas du tout de la même chose."
En France, la législation veut que "la dénomination cidre soit réservée à la boisson provenant de la fermentation de moûts de pomme fraîche ou d'un mélange de moûts de pomme et de poire fraîches, extraits avec ou sans addition d'eau. Les moûts de pomme ou de poire mis en œuvre peuvent être partiellement issus de moûts concentrés sous réserve que la proportion de ces derniers n'excède pas 50% du volume total des moûts mis en œuvre."
Harmoniser vers le haut
C'est bien mais à condition d'harmoniser véritablement par le haut, dit en deux mots la députée européenne de Normandie, Stéphanie Yon-Courtin. "Parce que sinon, ce peut être une source de confusion pour le consommateur. Qui croirait boire du cidre alors que ce serait un peu comme du Canada Dry, qui aurait la couleur du cidre, mais qui ne serait pas du cidre".
Face aux disparités, la Commission européenne interroge et rassure : "Ce rapport ne conduira pas forcément à une proposition législative sur le cidre et, dans tous les cas, la Commission européenne n'a pas l'intention d'imposer une nouvelle règle aux cidres produits en France" et précise dans un communiqué " Il n’y a pas de proposition pour un standard européen…La Commission consulte pour évaluer la pertinence et la faisabilité de proposer éventuellement un standard et ne décidera qu'après avoir discuté largement avec les États membres."
Pour Morgan Berthelot, de Coat Albret, il faut avant tout de la transparence. "Il n’y a qu’à écrire sur les étiquettes. On le fait pour tous nos aliments, pour les jus de fruit, alors pourquoi pas pour le cidre. Aujourd'hui les gens ont le droit d’acheter du cidre qui ne contient presque pas de jus de pommes. Il faut qu’ils sachent ce qu’il y a dans les bouteilles. S’il y a de la pomme ou du concentré de pommes, s’il y a de l’eau, du glucose etc…"
La Bretagne est la première région de cidricole de France. Elle produit 46% du cidre consommé dans l’hexagone.
GLM avec S.Breton.