CULTURE. La vente aux enchères d'objets Seiz Breur attire les passionnés d'art breton

Le grand collectionneur américain Mitchell "Micky" Wolfson Jr. assiste à la vente aux enchères exceptionnelle organisée, ce jeudi 13 juillet, à Rennes pour le centenaire des Seiz Breur. Ce mouvement artistique breton, né dans l'entre-deux-guerres, a rassemblé une soixantaine d'artistes autour de la création de mobilier et objets du quotidien. 296 pièces sont mises en vente ce jeudi à Rennes.

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Mitchell Wolfson Jr. est un grand collectionneur américain d'art de propagande et de design européen. Il a aussi fondé deux musées, l'un à Miami, la Wolfsonion, et l'autre à Gênes, la Wolfsoniana. Et il est à Rennes, pour assister à la vente aux enchères exceptionnelle organisée, ce jeudi 13 juillet, à Rennes pour le centenaire des Seiz Breur.

Il aime particulièrement Jeanne Malivel, "une femme très audacieuse, très moderne", dit-il, à la fois créatrice de mobilier, peintre, illustratrice et graveuse. C'est pour elle qu'il a fait le déplacement : "Quand j’ai commencé ma collection, il y a 30 ans, il n’y avait sur le marché aucune création de Jeanne Malivel. La famille et les amis gardaient tout. J’ai juste quelques dessins et quelques lithographies, mais les meubles étaient très bien gardés".

Et ce déplacement est exceptionnel pour le collectionneur, car Mitchell Wolfson Jr. n'a jamais acheté via une vente aux enchères. 

J’ai 82 ans, et c’est la première fois de ma vie que j’assiste à des enchères. Je n’ai jamais acheté un objet de cette façon. Je suis très curieux donc. D’habitude, j'achète dans les galeries ou avec la famille.

Mitchell Wolfson Jr.

collectionneur

Le mouvement artistique Seiz Breur, né dans l'entre-deux-guerres en Bretagne, fête ses cent ans cette année. C'est pour cette raison qu'il a été mis à l'honneur lors de cette vente aux enchères inédite, ce jeudi 13 juillet à Rennes. Quelque 300 œuvres ont été vendues à Rennes, à cette occasion.

C'est quoi le mouvement Seiz Breur?

Les Seiz Breur, les "Sept frères" en breton, avaient pour ambition de s'inscrire dans le tissu culturel et économique local, en créant des pièces de mobilier, céramiques ou peintures du quotidien. "Les mouvements artistiques en Europe accompagnent les transformations sociales et politiques de leur époque", développe Tangui Le Lonquer, spécialiste des Seiz Breur. Par exemple, "le mouvement Arts & Crafts, en Grande-Bretagne, s'est construit en réaction à la révolution industrielle pour promouvoir l'amour du travail bien fait dans des conditions décentes, artisanales plutôt qu'industrielles", poursuit l'expert.

De la même manière, en Bretagne.

Les jeunes artistes Seiz Breur ont remis en cause (...) la sédation culturelle que la Bretagne subissait depuis le Second empire (...) pour installer un art breton, puisant dans son passé historique et légendaire mais résolument universaliste et d'avant-garde

Tangui Le Lonquer

L'ambition des artistes, tous dans leur vingtaine lors de la création de leur collectif, est de croiser plusieurs disciplines : architecture, artisanat, décoration, ameublement, mais aussi sculpture, peinture, musique ou littérature.

Fin de partie en 1947

L'originalité et la qualité de leurs travaux sont repérées par la critique. En 1925, ils présentent leurs œuvres lors de l'Exposition internationale des arts décoratifs. Une première, avant d'être chargés, douze ans plus tard, en 1937, de réaliser l'essentiel du pavillon de la Bretagne à l'Exposition universelle à Paris. Mais la Seconde Guerre mondiale porte un coup d'arrêt au mouvement. Si plusieurs membres du collectif se sont illustrés dans la résistance, d'autres ont collaboré. Discréditée, la soixantaine d'artistes se disperse en 1947.

Le globe de René-Yves Creston vendu 23 500 euros

Parmi les pièces emblématiques mises en vente jeudi figurent un globe de René-Yves Creston, réalisé dans le cadre de l'exposition coloniale de 1931. Il a été vendu 23 500 euros. Il y a aussi du mobilier de Jeanne Malivel, peintre et membre fondatrice du mouvement Seiz Breur. Mais aussi la sculpture en chêne massif, L'Islandais, de Joseph Savina, un "hommage aux marins bretons qui partaient dans les mers du nord pêcher la morue, dans un environnement hostile et dangereux". La vente a commencé à 14h ce 13 juillet, vers 18h30 il restait près des 2/3 des objets à vendre.

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