Alors que le déconfinement approche, les dirigeants d'entreprise doivent appréhender le retour au travail de leurs salariés. Des enjeux individuels et collectifs se mêlent, sur fond de risque sanitaire. Franck Simon accompagne les dirigeants, pour leur permettre d'appréhender ce contexte.
"Le premier mois du confinement, c'était l'extinction des feux et des lumières. C'est nous qui allions vers nos clients. Eux étaient dans l'urgence, à mettre en place les mesures nécessaires pour leurs sociétés." Franck Simon accompagne des dirigeants d'entreprise au sein du cabinet Happy-Up performance, à Saint-Grégoire, en Ille-et-Vilaine, depuis trois ans. La moitié de ses clients exerce en libéral : avocats, notaires ou encore experts-comptables. Depuis quinze jours, il se voit, avec son équipe, très sollicité, pour préparer la reprise.
Envie de reprendre et peur de reprendre
Ce retour à l'activité agite les dirigeants, sur fond de crise sanitaire. Pour Franck Simon, "un sas de reprise est nécessaire. On ne va pas repartir sur les chapeaux de roues. Il va falloir faire le bilan, écouter." Des enjeux se dessinent collectivement et individuellement. Pour eux, la première incertitude reste : sur quels effectifs compter ? "Le personnel a des enfants, mais avec l'école ce n'est pas si simple. Il y a auss des gens vulnérables qui ne peuvent pas forcément revenir.
Pour lui, le sas doit donc d'abord être collectif. "Au retour, il faudra faire le point sur ce qui s'est passé, sur ce qui a été mis en place, sur comment cela a été vécu collectivement. Il ne faudra pas non plus oublier d'évoquer la situation économique, l'état de santé de l'entreprise. Si c'est vraiment la mouise, expliquer alors ce qui est prévu."Ce que l'on voit, c'est que la perception du risque est individuel alors que l'enjeu de sécurité est collectif.
Le cadre doit ensuite être posé. "Qu'est-ce qui va changer ? Qu'est-ce qui ne changera pas ?" Les chantiers prioritaires doivent être établis. Franck Simon insiste sur le court terme : "Il ne faut pas viser loin. Parce qu'en ce moment ce qui est difficile avec l'épidémie c'est que personne n'a de réponses."
Le consultant note que la question sanitaire sera plus facile à appliquer chez des industriels, déjà familiers des règles d'hygiène. "Du côté des services, c'est un changement complet de culture." Le management doit prendre cette question à bras le corps, "envisager des points réguliers au moins au début, une fois par semaine pour réajuster les dispositifs si nécessaires."Il faut concilier deux impératifs : des enjeux sanitaires et des enjeux économiques, trouver un équilibre
Difficile de prôner l'auto-régulation : "le côté individuel engage le collectif. Si quelqu'un prend des risques et tombe malade, il peut tout faire fermer."
"Pendant cette période, personne n'a été sollicité de la même manière"
La prise en compte de chacun est essentielle. "Il faut que les managers voient très vite, un par un, les collaborateurs. Personne n'a été sollicité de la même façon. Certains ont travaillé, d'autres étaient en disponibilité ou en chômage partiel. Cela interroge les compétences, l'utilité et l'importance. Et il faut rajouter à cela les effets du confinement, très propre à chacun."
Ici, pour remobiliser selon lui, il faut avant tout rassurer et là encore jouer sur des objectifs à court terme.Ce n'était pas huit semaines de congés. La charge mentale elle est là. On ne peut pas faire comme si de rien'était.
"Toutes nos habitudes de travail ont été bouleversées" conclut-il.