Sans parti politique, Charlotte Marchandise voulait se présenter à l'élection présidentielle. Mais l'élue rennaise a jusqu'ici engragé 71 parrainages, loin des 500 nécessaires. Elle envisage désormais la suite, pour d'autres "candidats citoyens".
"On fait ce qu'on peut, on fait notre part". Ce bilan sonne sans amertume dans la bouche de Charlotte Marchandise. Au contraire. La "candidate citoyenne" à l'élection présidentielle avait été choisie par 32 000 votants à l'issue d'une primaire organisée sur internet. En quête de parrainages depuis deux mois et demi, elle sait qu'elle n'atteindra pas le seuil requis le 17 mars, date de cloture des décomptes. Mais elle estime qu'elle a ouvert comme une voie d'accès en politique, "pour la prochaine personne qui veut se lancer".
"Sachant qu'on a fait deux mois de campagne, si on atteint, comme on l'espère, les 100 parrainages, ce sera déjà énorme." Charlotte Marchandise se veut positive. Depuis son passage sur RTL hier, le 14 mars, elle a reçu 18 nouveaux soutiens venant d'élus locaux qui pourraient envoyer leur parrainage d'ici vendredi.
Pour la candidate, par ailleurs adjointe à la mairie de Rennes, l'initiative d'une candidature choisie par des internautes, "c'est un pas qui est franchi". Avec seulement 3 salariés, et aussi 286 bénévoles, son équipe de campagne a réuni 85 000 euros de dons pour financer sa campagne. Les militants bénévoles ont contacté plus de 13 000 maires pour obtenir les parrainages nécessaires. Toutes ces démarches ont été soigneusement enregistrées, sous forme de base de données et de fiches pratiques, pour que d'autres personnes "issues de la société civile" puissent se présenter à d'autres élections.
Appel aux 78% d'élu.e.s qui n'ont pas encore donné leur parrainage, changeons l'image de la politique.#LibérezLesParrainages #FreeCM pic.twitter.com/rHba9yqV0g
— Charlotte Marchandis (@MarCharlott) 11 mars 2017
"Est-ce qu 'on se résigne, est-ce qu'on se soumet, ou est-ce qu'on invente des nouvelles façons de faire de la politique, à l'intérieur des institutions? " s'interroge-t-elle face au spectacle de cette période pré-électorale qu'elle regarde comme "un moment terrifiant".
Pour ce qui est des parrainages, elle se dit surprise d'avoir entendu nombre d'élus locaux confier qu'ils ne pouvaient lui apporter leur soutien, sous peine de représailles de la part d'autres responsables politiques.
"Ces maires disent que s'ils donnent leur parrainage, ils ont peur de ne pas avoir la route refaite, ou de ne pas avoir la fibre optique installée dans leur commune. C'est un système de baronnie. "
Ces confidences sont elles aussi consignées par l'équipe de campagne. Charlotte Marchandise promet des les publier prochainement, sous la forme d'un "verbatim" qui préservera l'anonymat des élus contactés. Pour la candidate rennaise, cette pression subie par les élus locaux "relève du pire de la politique".
Pas de quoi dresser de grandes généralités cependant. Celle qui avait lancé, avec d'autres, le hashtag #PasTousPourris , estime qu'en politique, "quelques personnes gâchent le travail de toutes les autres".
Le groupe de militants qui a porté sa candidature travaille désormais à la construction d'un réseau de candidats pour les élections législatives. Issu de partis politiques ou non, les membres de ce réseau, dénommé Archipel, devront s'engager sur une charte anti-corruption et, pour certaines décisions, obtenir l'accord de citoyens tirés au sort dans leur circonscription. Cela sera-il efficace pour que "les élections ne se passent plus de la même façon" ?