Ados et argent de poche : en donner ou pas ? Combien ? Bonne ou mauvaise habitude ?

Selon une récente étude, les ados bretons gagneraient moins d'argent de poche que dans d'autres régions françaises. 29 euros contre 36 euros pour la moyenne nationale. Mais sinon, quels sont les enjeux autour de cet usage répandu dans les familles ? Décryptage.

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L'argent de poche, vaste sujet, source parfois de conflit familial. Selon une nouvelle étude nationale du "Teenage Lab*", les parents, clairvoyants, auraient consenti à une augmentation d’argent de poche en 2023 : 36 € par mois en moyenne ont été versés cette année, soit + 3 euros par rapport à 2022. Ce qui correspond à une hausse de 9%. C’est bien plus que l’inflation de 5.6 % mesurée depuis janvier dernier.

Lire : Opération argent de poche : pour 15 euros, les jeunes de Lampaul-Plouarzel réalisent des petits travaux sur la commune

Une moyenne de 29 euros par mois en Bretagne 

Pour autant, il existe des disparités selon les régions. C'est en Normandie que les ados ont le moins d'argent de poche avec 28,40 euros/mois en moyenne. La Bretagne est également dans le bas du tableau avec 29,10 euros. À l’inverse des Corses, qui seraient les parents les plus généreux avec une moyenne de 48,90 euros d'argent de poche mensuel donné à leurs enfants. 

Et si ces inégalités régionales sont aussi des marqueurs d'inégalités socio-économiques, seuls 57 % des adolescents, soit à peine plus d’1 sur 2, touchent régulièrement de l’argent de poche. Néanmoins, ils n'étaient que 50 % en 2022.

Ce nouveau baromètre confirme également que l’âge de l’adolescent constitue une importante variable d’ajustement. Ainsi, les 10-12 ans touchent en moyenne 24 €, les 12-14 ans 26 €, les 14-16 ans 32 €, les 16-18 ans 42 €, et les 18 ans et plus 56 €.

Parmi eux, 86 % perçoivent le pécule mensuellement et 14 % de façon hebdomadaire.

C'est dingue de constater ça en 2023 mais c'est une réalité : l'argent qui récompense de petites missions (faire le ménage, garder ses frères et soeurs, s'occuper de l'animal de compagnie...), va plus aux garçons qu'aux filles, parce qu'il est souvent considéré que chez elles, c'est normal !".

Blandine Mortain

Enseignante-chercheuse en sociologie à l'Université de Lille

Blandine Mortain, enseignante-chercheuse en sociologie à l'Université de Lille, apporte un éclairage intéressant à ce sujet : "On constate que dans les familles où il y a plusieurs enfants, l'argent de poche est plus régulier. Le plis a été pris entre guillemets et le cadet en profite souvent plus tôt que l'aîné", commente-t-elle. 

Autre sujet d'intérêt : les motifs de dons d'argent. Et là encore, il y a des disparités, cette fois entre filles et garçons. 

"C'est dingue de constater ça en 2023 mais c'est une réalité, l'argent qui récompense de petites missions (faire le ménage, garder ses frères et soeurs, s'occuper de l'animal de compagnie...), va plus aux garçons qu'aux filles, parce qu'il est souvent considéré que chez elles, c'est normal !", rapporte Blandine Mortain. Le plus rémunérateur étant les résultats scolaires !

Les pères plus généreux que les mères 

Le baromètre "Teenage Lab" montre également que les pères donnent en moyenne 8 € de plus que les mères. Un écart qui tend à se creuser à mesure que l'enfant grandit. Le différentiel est de 4 € chez les 10-14 ans, de 6 € chez les 14-16 ans, de 9 € chez les 16-18 ans et de… 16 € chez les 18 ans et plus. S’ils peuvent surprendre, selon Blandine Mortain, "ces résultats s'expliquent pour partie par l'accroissement des familles monoparentales, avec des pères qui bien souvent voient moins leurs enfants que les mères et compensent par plus d'argent de poche".

Les paiements mobiles explosent. Désormais, c’est le bip du paiement mobile qui est plébiscité par les ados et représente 33 % des transactions des adolescents, soit plus d’1 achat sur 3, contre 21 % l’année dernière.

L'enseignante-chercheuse en sociologie apporte toutefois une petite nuance à cette tendance : "Certains ados, quand ils réalisent que leurs dépenses sur leurs comptes bancaires peuvent être surveillées par les parents, éprouvent un certain regain d'intérêt pour l'argent liquide qui permet des usages plus discrets", commente Blandine Mortain. 

En donner ou pas ?

Alors la question finale arrive : est-ce que l'argent de poche responsabilise les ados ? Faut-il en donner, pas en donner ? À ce questionnement, pas de réponse toute faite visiblement. 

"L'éducation financière fait aussi partie du rôle de parent, donc oui c'est une bonne chose. Et pour le montant, pas de règles, ça se gère au cas par cas. Mais il ne faut pas oublier que toute cette histoire d'argent de poche fait bien les affaires des banques qui trouvent là un marché segmenté et surtout, leurs futurs clients", conclut la chercheuse en sociologie.

* L’enquête s’appuie sur 2,8 millions de transactions réalisées par plus de 150 000 adolescents (10-18 ans) utilisateurs français de Pixpay entre septembre 2022 et juin 2023.

 

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