L'entrée en vigueur de la loi Rist sur l'intérim médical entre en vigueur ce lundi 3 avril. Elle vise à plafonner le salaire des médecins intérimaires dans les hôpitaux publics. Christian le Marchand, ex-urgentiste à l'hôpital de Pontivy, est l'un de ceux-là. Il fustige cette mesure et s'en explique.
Christian Lemarchand a une longue carrière derrière lui. Médecin généraliste, médecin dans l'industrie puis urgentiste chez les pompiers, il a également été médecin urgentiste intérimaire avant d'accepter un CDI à l'hôpital de Pontivy dans le Morbihan. Il est aujourd'hui à la retraite.
Pour ne pas se couper totalement du métier et pour dépanner, il a continué à accepter des missions d'intérim dans des hôpitaux pour des courtes gardes dans différents services d'urgence. À 64 ans, il travaille désormais à son rythme, libre, et choisit ses contrats : une situation qui lui convenait jusqu'à présent.
On m'a demandé de faire des remplacements au tarif de la nouvelle loi Rist, j'ai refusé
Mais aujourd'hui, il jette l'éponge. "Récemment, on m'a demandé de faire des remplacements au tarif de la nouvelle loi Rist, j'ai refusé, je ne ferais plus d'intérim. Mais de toute façon, ce système ne pourra pas durer" explique t-il.
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Voila une dizaine d'année que sont apparues les agences d'intérim pour trouver des médecins pour des courtes missions dans les hôpitaux.Christian Lemarchand a fait ce choix à une époque pour des raisons personnelles : "avant de prendre des responsabilités au sein de l'hôpital de Pontivy, je voulais voir différents services, comparer les ambiances et trouver ma place. Je ne voulais pas mettre en péril mon diplôme et mes compétences et trouver un hôpital suffisamment bien organisé avant d'accepter une intégration". Ainsi, il va assurer des gardes de 12 et 24 heures dans différents établissements du grand Ouest.
Des gardes durant lesquelles il a pu se retrouver en difficulté, raconte-t-il, faute de personnel pour surveiller les patients, ou de spécialistes disponibles. " Sur une garde de 24 heures, on ne dort pas, c'est non stop avec des responsabilités et des décisions à prendre quelque soit l'heure" rappele-t-il.
J'ai parfois été en difficulté en intérim. Dans certains services, il n'y avait pas assez de personnel pour surveiller les patients. Certains n'étaient pas assez formés pour gérer les urgences vitales, on manquait de spécialistes disponibles.
Christian Lemarchandmédecin urgentiste intérimaire
Nous ne sommes pas des mercenaires
Pour justifier la loi Rist , qui vise à voir la fin de l'offre et de la demande qui conduisait les hôpitaux à offrir des tarifs beaucoup plus élevés aux remplaçants, ses défenseurs montrent du doigt le recours à l'intérim qui creuse le budget des hôpitaux et et aggrave le décalage avec les praticiens titulaires. Irrecevable pour Christian Le Marchand qui estime la tarification des intérimaires justifiée.
"En moyenne, j'étais rémunéré 1 700 euros brut pour une garde de 24 heures. Avec la loi Rist, c'est 1 300 euros" explique Christian Le Marchand, "mais ce qu'on ne dit pas, c'est qu'en tant qu'intérimaire, on doit aussi payer nos formations et nos congés payés." Et, ajoute-t-il, les interimaires n'ont pas de repos durant leur garde, "si bien que c'est comme si on travaillait 48 heures au lieu de 24 heures."
La loi Rist est une fausse bonne solution
Christian le Marchand
"On accuse les médecins intérimaires de tous les maux, on les traite de mercenaires. Mais ce n'est pas de notre fait. Ce n'est pas en diminuant l'attractivité du métier qu'on va gérer le problème des hôpitaux avec une approche purement comptable. La loi Rist est une fausse bonne solution." rajoute t-il.
Pour lui, Il faut avant tout rendre le métier plus attractif en prenant en compte financièrement la pénibilité du travail. Il faut ouvrir des postes en formation, augmenter les salaires des médecins titulaires et augmenter le nombre de médecins par service.
Et de conclure :au bout du compte, ce sont les patients qui vont payer.