Témoignages de médecins en grève : "la médecine ça n'est pas de la consommation de soins, c'est une expertise !"

Nouvelle journée de grève des médecins ce mardi 14 février 2023, alors que le Sénat démarre l'examen du projet de loi RIST visant à "lutter contre les déserts médicaux et améliorer l'accès aux soins". Rencontre avec des médecins qui ont fermé leur cabinet.

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Le Sénat entame ce mardi 14 février 2023, l'examen du projet de loi RIST visant à "lutter contre les déserts médicaux et améliorer l'accès aux soins". Il instaure par exemple une consultation directe des patients avec les infirmiers en pratique avancée (IPA), les kinésithérapeutes, les orthophonistes et autres professions paramédicales. Des consultations sans prescription, ce que dénoncent nombre de médecins.
Des médecins qui espèrent encore la revalorisation de la consultation, au moins à 30, voire à 50 euros.
Beaucoup de médecins ont fermé leur cabinet, rencontre avec deux d'entre eux.

L'accès direct aux professions paramédicales

"Nous faisons dix années d'étude. Nous passons beaucoup de temps avec nos patients, nous connaissons les familles, rappelle Maxime Delhelle, médecin généraliste à Saint-Malo. La relation patient-médecin, c'est une des raisons d'être de notre travail, ajoute-t-il. Et donc accéder directement aux soins sans passer par notre expertise et la connaissance de nos patients, c'est une erreur qui conduira à des errances de diagnostics."

Ce qui me pousse à faire grève, c'est de défendre la qualité de la prise en charge de mes patients

Camille Pladys, médecin généraliste installée à Cancale

"Ce qui nous fait peur dans cette loi, poursuit Camille Pladys, médecin à Cancale, c'est la délégation de tâches qui est plutôt un transfert de tâches médicales et que nous vivons comme tel. Nous, médecins généralistes, pratiquons un exercice complexe de la médecine et du diagnostic surtout. Nous défendons cela. Le fait de transférer ces tâches à des professionnels paramédicaux, ne nous semble pas acceptable. Nous sommes dans un travail de coopération avec eux, nous travaillons ensemble et ne voulons pas travailler les uns à côté des autres."

Attirer les jeunes médecins

La problématique actuelle est de donner envie aux jeunes médecins de s'installer et de venir travailler avec nous, expose Maxime Delhelle. Il faut diminuer notre charge administrative, que j'estime à 20% de mon activité. Et qui m'éloignent de ce que pour quoi, j'ai été formé, à savoir, faire de la médecine. Pour améliorer ça, il y a des pistes. Dans notre cabinet, nous avons des assistantes médicales. Ce qui a révolutionné notre prise en charge, parce qu'elles connaissent les patients et travaillent avec nous, ce qui permet d'aller plus vite dans la consultation."

La consultation à 50 euros

Pour le médecin malouin, "L'augmentation de la consultation n'est pas le sujet principal. L'objectif est de nous permettre de travailler avec plus de qualité, en réduisant tout ce pour quoi on n'a pas été formé. Augmenter les honoraires permettrait d'avoir plus d'assistantes, plus de temps de secrétariat (...) Et pour rémunérer des assistantes, ça passe soit par l'augmentation des honoraires des médecins, soit par des aides. Mais ça permettrait d'améliorer la qualité de la prise en charge des patients." 


Témoignages recueillis par Gwendal Kerbastard et Stéphanie Labrousse 

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