Cabinets médicaux fermés les 1er et 2 décembre : le mal-être des médecins généralistes

Ils ont décidé de fermer leur cabinet médical et de se mettre en grève ces 1er et 2 décembre. Une mobilisation inédite des médecins généralistes, qui aspirent à une médecine plus humaine et une meilleure prise en charge des patients. Des médecins, qui par la revalorisation de l'acte médical, attendent davantage de reconnaissance de leur profession.

Nicolas Hirth est installé comme médecin à Trégastel, dans les Côtes-d'Armor depuis deux ans. Il travaille seul, avec une assistante. Des journées qui n'en finissent pas, des heures à recevoir ses patients les uns après les autres. À l'image de ses confrères, le médecin de 43 ans ressent de la dévalorisation et un manque de reconnaissance.
Pour lui, la consultation à 25 euros, s'assimile un peu à du mépris de la part de la part des pouvoirs public. Des décideurs déconnectés de ce que les médecins vivent sur le terrain. Au mois de septembre dernier, avec des confrères de toute la France, exprimant le même mal-être, il a créé le collectif "Médecins pour demain"

Leur but est d'améliorer la qualité et l’accès aux soins pour les patients, répondre à leurs inquiétudes, tout en améliorant leurs conditions de travail.

Doublement du tarif de la consultation

Ce jeune collectif, "Médecins pour demain", rassemble à ce jour plus de 14 000 membres sur Facebook, symptôme d'une colère sourde qui se répand dans la profession. Leur "revendication unique" est le doublement du tarif de la consultation – de 25 à 50 euros -, ce groupe "apolitique et a syndical" a rallié à sa cause l'ensemble des organisations représentatives. Obligées de suivre leur base, celles-ci voient aussi un moyen de peser dans la négociation qui vient de s'ouvrir avec l'Assurance maladie en vue d'un nouvel accord pour les cinq prochaines années.

"Prendre plus de temps avec chacun"

"Derrière les 50 euros, il y a le besoin d'investir dans son outil de travail, insiste Nicolas Hirth, le médecin de Trégastel, et de ne pas dépendre de forfaits, qui dénaturent notre métier. C'est nous permettre de voir moins de patients pour prendre plus de temps avec chacun, c'est la qualité de notre travail qui est en jeu. La consultation à 25 euros nous incite à multiplier les actes. Les 50€ nous donneraient de la liberté."

Et puis cette revalorisation de l'acte médical, poursuit-il, permettrait de motiver les jeunes vers la médecine libérale." Un praticien particulièrement attaché à la relation avec ses patients. "C'est le nœud du soin, rappelle-t-il, l'alliance thérapeutique, c'est aussi ce qui nous fait tenir, la confiance est primordiale dans le soin."

Des milliers de cabinets fermés et des réquisitions

Le jeune collectif prévoit "des milliers de cabinets médicaux fermés" dans toute la France et plusieurs actions en régions et à Paris où un rassemblement est annoncé devant le ministère de la Santé ce jeudi à 14h. "Beaucoup de médecins qui n'ont jamais fermé de leur vie vont le faire cette fois, donc nous pensons légitimement que le mouvement va être très suivi", a prédit mardi lors d'une conférence de presse le président du syndicat UFML, Jérôme Marty. "Il est évident que les ARS (agences régionales de santé) vont procéder à des réquisitions : nous y ferons face, nous ne sommes pas des sauvages", a-t-il ajouté. Ce jeudi, Nicolas Hirth va fermer son cabinet médical pour deux jours et se rendre à la manifestation à Rennes.

Donner aux médecins les moyens de rester libéraux

"Ces deux jours de fermeture doivent constituer un électrochoc", affirme pour sa part le SML qui réclame de longue date une consultation à 50 euros pour donner aux médecins "les moyens de rester libéraux". L'Assurance maladie a de son côté promis quelques revalorisations, en particulier pour les généralistes, pédiatres et psychiatres. Au-delà du sujet financier, les médecins s'inquiètent pour leur liberté d'installation, de plus en plus remise en question, notamment au Parlement où s'accumulent les propositions de loi sur les déserts médicaux.

Combat contre "la perte de sens de la profession"

Des "solutions politiciennes" contre-productives, quand il est plutôt "urgent de retrouver rapidement une attractivité", juge Franck Devulder, président de la CSMF. Diagnostic partagé par son homologue de MG France, Agnès Gianotti, pour qui le combat contre la "perte de sens de la profession" ne "passe ni par la contrainte, ni par le mépris".

L'union sacrée s'étend à leurs cadets de Jeunes Médecins, qui exigent également "de la considération", ainsi qu'aux internes de l'Isni, toujours mobilisés contre l'ajout d'une dixième année d'études pour les futurs généralistes.

Nouvelles grèves pour la fin de l'année

Ce front commun augure d'un conflit prolongé, selon un leader syndical qui envisage déjà une grève des gardes en décembre, puis une nouvelle fermeture des cabinets pendant les fêtes de fin d'année. "Médecins pour demain" a d'ailleurs évoqué une "grève dure" à partir du 26 décembre.

"Je ne suis pas sûre que ce soit populaire, ni que ce soit le bon moment", a mis en garde Agnès Firmin Le Bodo la semaine dernière. Pour la ministre déléguée aux Professions de santé, les difficultés croissantes d'accès aux soins ont des répercussions et "le sentiment de nos concitoyens à l'égard des médecins commence à changer".

               

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