La ville de Redon va devoir reconnaître la maladie de Parkinson de son ancien jardinier comme maladie professionnelle. Une décision du tribunal administratif de Rennes. Gaby Lebot, 76 ans, avait fait toute sa carrière aux espaces verts de la commune au contact de produits phytosanitaires. En 2019, onze ans après l'arrivée des premiers symptômes, la Ville avait rejeté sa demande.
"Je suis soulagé, mais ma réaction, ça reste mi-figue, mi-raisin. Parce que là, je suis mal, j’ai mal". Voilà la première réaction au téléphone de Gabriel Lebot, au lendemain de la reconnaissance par le Tribunal administratif de Rennes, de sa maladie de Parkinson comme maladie professionnelle.
Le 24 février, il s'était déplacé très diminué à l'audience au Tribunal administratif à Rennes, en compagnie de son épouse.
Une carrière aux espaces verts
L’homme de 76 ans, aujourd'hui en fauteuil roulant, a travaillé comme jardinier aux espaces verts de la Ville de Redon de 1967 à 1990, 23 années au contact de produits phytosanitaires dont il ressort, a dit le tribunal que "la toxicité, en l’état des connaissances scientifiques actuelles, accroît le risque de développer une maladie de Parkinson."
Jusqu’à sa retraite en 2002, il avait aussi exercé des fonctions d’encadrement "dans un bureau situé à proximité du lieu de stockage des produits phytosanitaires, sans mesure de protection particulière".
Premiers symptômes au début de la retraite
Les premiers symptômes de Parkinson étaient apparus en 2008. Depuis 2017 avec son épouse, il se battait pour faire reconnaître le lien de cause à effet entre sa maladie et son exposition aux pesticides pendant sa carrière. C'est désormais chose faite..
Si en 2019, la commune avait rejeté sa demande, le Tribunal administratif vient donc d’annuler cette décision et "il est désormais enjoint au maire de Redon de reconnaître la maladie professionnelle de M. Lebot dans un délai de deux mois". Et de lui verser la somme de 1 500 euros.
Cette décision va constituer un précédent
l'avocate du jardinier
Pour l’avocate de Gaby Lebot, c’est une belle victoire. "Mon client est reconnu comme une victime. Et cela va lui d'abord lui permettre enfin de percevoir une rente pour pouvoir assumer tous les frais médicaux liés à sa maladie."
Si la mairie peut encore faire appel, "ce que je ne crois pas", dit Me Hermine Baron, "cette décision va aussi constituer un précédent. ll y a assez peu d’agents des collectivités qui entament ce type de démarches et qui obtiennent une reconnaissance. Beaucoup ne vont même pas jusqu’à l’étape du tribunal. Pour eux, le parcours est encore plus compliqué que pour les agriculteurs ou les salariés agricoles. Cette décision envoie un signal fort. Désormais, d’autres personnes dans la même situation vont sans doute engager des démarches"
"La fin heureuse d'un trop long combat"
Pour Michel Besnard, du Collectif de soutien aux victimes des pesticides, "c’est la fin heureuse d’un trop long combat. Gaby ne luttait pas que pour lui, mais aussi pour d’autres personnes dans la même situation. Dommage qu’il faille autant de temps pour faire reconnaître ce qui n’est qu’une évidence. Si à l'époque on ne savait pas, aujourd'hui on sait. Il faut arrêter d'utiliser des produits dans les champs."