Il a troqué le crachin breton pour la pluie tropicale. Ce week-end pour la première fois, Antoine Besnier ne disputera pas les Championnats de Bretagne de cross-country. Trop loin. Parti soigner les enfants à Cayenne, le jeune kiné rennais vient quand même d'être sacré... champion de Guyane.
La vidéo remonte au 7 janvier, près de Cayenne.
Au terme d’un cross de 8/9 km, couru en partie sous la pluie tropicale, Antoine Besnier remporte le championnat de Guyane.
Quand il franchit la ligne, un officiel lui demande d’où il sort ? Il répond... Stade rennais Athlétisme !
Kiné pour les enfants en grande précarité
Antoine Besnier est arrivé en Guyane en novembre. À 31 ans, le jeune kiné breton a suivi sa compagne, interne en médecine, maladies infectieuses, partie en outre-mer pour un complément de formation de six mois.
Sur Cayenne, où l'on manque cruellement de professionnels de santé, il a facilement trouvé un poste dans un service de pédiatrie. Il s’occupe de prématurés qui ne sont pas pris en charge à l’hôpital, prodigue des soins à des enfants gravement malades dont les jours sont comptés, ou à des gamins en grande précarité et qui vivent dans les squats.
Le cross à la mode guyanaise
Antoine est aussi mordu de cross.
Depuis son arrivée en Guyane, ce spécialiste du demi-fond a continué de courir. "Il a fallu s'adapter à la météo très chaude, très humide. Et au terrain. Pas de piste pour courir, pas de parc, pas de chemin de halage. Alors c’est beaucoup en bord de la route, en forêt, dans un cadre tropical, mais très accidenté".
En Guyane, où l'on joue beaucoup au foot, où l'on fait du vélo, les cross ne courent pas les rues. "Ce championnat, c'est le seul que j'aie trouvé, je me suis inscrit. C'était particulier. À la mode guyanaise. Avec la distance qui change d'un km juste avant la course et la ligne de départ aussi".
"La douche tropicale quand tu cours, c'est autre chose que le crachin..."
Pour la course, des concurrents venaient de loin, "mais ce n'est pas, souligne-t-il, le même niveau qu’en Bretagne".
"Il n'y avait pas non plus de militaires de passage très entraînés comme ça peut arriver. On s’est pris deux douches tropicales au départ, mais j’ai réussi à faire le trou, et j'ai gagné. Mais à l'arrivée, on ne savait pas trop s’il restait encore des tours à faire ou pas. C’était cocasse, très sympa."
"Le parcours aurait plu aux Bretons, avec de la gadoue. Même si la pluie tropicale, c'est autre chose que le crachin. En revanche, ça permet de faire descendre la température de 35 à 23, et ce n'est pas superflu."
"Je ne vais pas prendre l'avion pour aller faire une course"
Si Antoine Besnier est devenu champion de Guyane, sa saison va s'arrêter là.
D'ordinaire, le coureur du Stade Rennais Athlétisme participe chaque année aux championnats d'Ille-et-Vilaine, avant de faire les "Bretagne" (15e en 2019), et s'il se qualifie, les championnats de France, qu'il a déjà couru 4 ou 5 fois.
Mais cette année, c'était trop loin. Pas de championnats de Bretagne à Saint-Marc-le-Blanc le 5 février. Et s'il a gagné à Cayenne en janvier, Antoine dit qu'il ignore s'il y a des Régionaux dans le secteur, et si oui, où ils se déroulent. "Peut-être en Guadeloupe ou en Martinique, je ne sais pas, mais c'est infaisable. Les billets sont très chers et je ne vais quand même pas prendre l'avion pour aller faire une course, ce serait too much !".
Une pointe de regret quand même. Il aurait aimé faire les "France" à Carhaix le 12 mars. "Pour les Bretons, ce sera à domicile, il y aura de l'ambiance. Mais bon, je ne vais pas me plaindre, je voyage..." On ne peut pas gagner sur tous les tableaux.