Rennes : un procès pour proxénétisme s'ouvre dans des conditions sanitaires exceptionnelles

22 personnes sont jugées ce 11 mai, impliquées dans un vaste réseau de proxénétisme. La reprise des activités du tribunal correctionnel de Rennes débute dans des conditions exceptionnelles, de par le nombre de prévenus dans cette affaire et sur fond de crise sanitaire. 

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"Je suis heureux de retrouver cette salle, les visages familiers des hommes et femmes de loi qui la fréquentent habituellement et sont aujourd'hui heureusement en bonne santé, les prévenus que nous n'avions rencontrés que par écrans interposés le 23 mars dernier, en bonne santé également." C'est avec ces mots inhabituels que François Lavallière, vice-président au tribunal judiciaire de Rennes, débute son audience. 

22 prévenus sont jugés ce lundi 11 et jusqu’au 26 mai, pour proxénétisme et blanchiment d’argent. Les faits concernent la période entre 2015 et 2018, avec une traite d'êtres humains, entre le Nigeria et l'Europe, en passant par la Libye. Des jeunes filles, attirées par une vie meilleure, se retrouvent prostituées, sur fond de superstitions et de rituels.


La justice, en équilibre 


Dans son introduction, François Lavallière souligne le caractère particulier de cette "rentrée" judiciaire, post-confinement. "Dans ces circonstances exceptionnelles, notre fonctionnement normal est impossible et il faut tenir compte de nombreux impératifs parfois difficilement conciliables".  Il insiste sur la notion "d'équilibre". 

Il a fallu et il faudra jongler avec plusieurs aspects : celui de rendre la justice en préservant la santé, celui de garantir la publicité des débats, en évitant les grands rassemblements, ou encore faire avec les contraintes de sécurité et les distances minimales, à respecter entre les personnes.


Une salle 101 exigüe


Les mesures sont visibles dès l'entrée du tribunal. Gel hydroalcoolique, pas plus de deux personnes autorisées dans les ascenseurs. Des flèches au sol indiquent le sens de circulation.

Dans la salle 101, c'est un fait, les gens se trouvent un peu à l'étroit. Sur les bancs, chacun tente de se placer à un mètre de son voisin, tandis que le tribunal s’exprime derrière des vitres. Les magistrats et greffiers sont les seuls à ne pas porter de masques.

Dans la salle, avocats, prévenus, policiers et journalistes, eux, en arborent tous un. C'est obligatoire mais il est possible de l'enlever lors de la prise de parole. Des micros sont répartis en plusieurs endroits. Ils seront désinfectés à chaque fois.

Maître Koukezian est l'avocat d'un des prévenus. Il n'a jamais officié dans de telles conditions évidemment. Pour lui, la salle n’est pas adaptée : "Il aurait fallu plus grand".  Les distanciations ne sont pas évidentes : "On a tous des automatismes, se taper sur l'épaule entre avocats, pour s'interpeller", relève-t-il. Il raconte que les prévenus se sont par exemple serrés la main, ce qui leur a valu un petit rappel à l’ordre du président. Au fil des semaines, la salle devrait désemplir car tout le monde ne sera pas appelé à la barre tous les jours. 

Sa consoeur, Natacha Bernard ajoute : "C'est vraiment particulier. Là, on a des places qu'on n'occupe pas habituellement dans la salle. La configuration est différente à cause des règles. Les intervenants sont tous masqués, le contact n'est pas le même." "Il faut respecter ces impératifs. Il va falloir s'y faire, car on en a pour un moment." L'ordre des avocats a fourni cent masques pour les robes noires, pour la durée du procès, et pourvoira davantage si nécessaire explique maître Bernard. 

Les masques sont au coeur des discussions, jugés à la fois contraignants et importants. Les propos sont rendus difficiles, feutrés, pas toujours audibles. Dans cette affaire, la majorité des prévenus ne parlent pas français. Des interprètes officient dans des boxes, masqués. 

Dans les couloirs, les surveillants responsables des extractions des détenus patientent. L'un deux confie : "Ce que l'on redoutait, c'est de ne pas avoir de masques. Jusque-là, c'est nous qui nous fournissions personnellement."  

La justice reprend peu à peu sa place. En fin de matinée, le président souhaite entendre une première jeune femme raconter son parcours. La technique fait défaut et rend la traduction impossible. La séance est interrompue le temps de trouver une solution. Tout le monde sort. La pièce sera aérée, nettoyée pour la deuxième fois de la journée comme prévu par le protocole. Sophie, agent d'entretien circule discrètement. C'est à elle de jouer. 
 
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