L'épidémie de coronavirus a entraîné la libération de personnes détenues dans les sept établissements pénitentiaires que compte la Bretagne. Des libérations, sous certaines conditions. 


Des mesures ont été prises dans les prisons, par le gouvernement et à la suite de l'épidémie de coronavirus. Elles concernent d'abord la vie à l'intérieur des établissements. Les activités socio-culturelles et cultuelles, la formation professionnelle, le travail pénitentiaire et le sport en milieu confiné sont supprimés. Les promenades et le sport en plein air restent maintenus quotidiennement mais par petits groupes. Enfin les parloirs ou visite des familles sont suspendus avec le confinement. 


Des personnes détenues libérées 


La Bretagne compte sept établissements pénitentiaires. Voici les chiffres concernant ceux qui ont été relâchés, du 26 mars au 13 avril. Au total, 324 personnes ont été libérées, sous conditions dans notre région.
 
  • Brest : 81
  • Saint- Brieuc : 32
  • Saint-Malo : 18
  • Vezin-Le-Coquet (Rennes) : 104
  • Vannes : 21
  • Lorient : 48
  • Centre pénitentiaire des femmes à Rennes : 20

L’administration pénitentiaire précise : "On a fait un recensement par rapport aux critères énoncés par le gouvernement et les dossiers ont été soumis à la justice. Les sorties se font sous conditions notamment celle d’avoir un hébergement à l’extérieur. Certains ont des consignes strictes comme des assignations à résidence."

Philippe Astruc, procureur de la République à Rennes détaille le dispositif mis en place. "Pour ma part, j’ai décidé d’une suspension des mises à l’écrou, à l’exception de la mise à exécution des mandats d’arrêt ou de toute situation qui l’exigerait (réitération d’actes violents par exemple)." 

Il souligne : "Les sorties se font dans plusieurs cadres juridiques qui emportent chacun des modalités ou des obligations différentes qui vont des sorties "sèches" en fin de peine à des mesures de libérations conditionnelles avec des obligations importantes et un suivi par le SPIP (service pénitentiaire d'insertion et de probation). Il y a aussi les placements à l'extérieur, les semi-libertés, la détention à domicile sous surveillance électronique… Chaque situation est évaluée au cas par cas, par les juges d'application des peines. Tous ces dispositifs de droit commun continuent d'être mis en œuvre pendant la période de crise sanitaire."

Les ordonnances du 25 mars 2020 prévoient deux dispositifs spécifiques complémentaires du droit commun :

- les assignations à domicile qui donne aux procureurs la possibilité de décider d'une sortie avec assignation du condamné à son domicile, pour ceux qui ont encore mois de deux mois d'emprisonnement à purger. Ils peuvent en outre être soumis à certaines obligations ou interdictions. Ce dispositif est exclu pour des faits criminels, de terrorisme, les faits sur mineurs et les violences conjugales. Pour Rennes, 16 décisions ont été prises en ce sens.  

- les "réductions supplémentaires de peines liées aux circonstances exceptionnelles" d'une durée maximale de deux mois. Avec les mêmes exclusions. Ce dispositif, qui tient compte du comportement du détenu, est mis en œuvre depuis la semaine dernière. 

"Tous les dispositifs de droit commun ou exceptionnels vont continuer à être mobilisés durant toute la durée de la crise sanitaire, ce qui signifie que d'autres détenus ont vocation à pouvoir en bénéficier lorsqu'ils rempliront les conditions prévues par la loi", indique Philippe Astruc. 

Même si l'activité judiciaire est ralentie, des mises en détention interviennent encore : "à la suite de mandats de dépôt (par exemple dans le cadre d'une information judiciaire criminelle) ou de comparutions immédiates (s’agissant notamment des violences intra-familiales pour lesquelles la politique pénale volontariste du parquet de Rennes est maintenue)."


Le travail du CPIP réorganisé


Les conseillers pénitentiaires d'insertion et probation (CPIP) assurent les suivis des personnes détenues, dans et à l'extérieur de la prison (en milieu fermé et ouvert). Ils sont 80 en Ille-et-Vilaine. Chaque CPIP prend en charge 80 dossiers en moyenne.

"On a recentré nos missions sur les missions essentielles" explique Tiphaine Pedron, directrice pénitentiaire insertion et probation au centre pénitentiaire pour hommes de Rennes-Vezin. "Le suivi se fait désormais par écrit. Les entretiens qui sont notre coeur de métier sont limités, seulement pour les nouveaux arrivants et dans les situations d'urgence." Les CPIP travaillent entre les murs, toujours sur le terrain dans les prisons, "là où sont leurs bureaux"

Avec les nouvelles mesures du gouvernement, les CPIP  répondent en ce moment beaucoup aux appels des familles, inquiètes ou qui souhaitent des informations sur le cadre fixé. "La charge de travail est importante mais elle est surtout différente", note Tiphaine Pedron. "Le nombre d'appels a augmenté, nous avons élargi nos créneaux horaires habituels."

Pour les libérations et les aménagements de peine, "Les CPIP vérifient les possibilités d'hébergement à la sortie, prennent contact avec l'hébergeant. Il y a aussi la question du trajet lors du départ où on gère le côté administratif avec la remise d'une attestation de déplacement exceptionnelle." 

Pour information, voici le nombre de personnes écrouées à ce jour en Bretagne, (chiffres donnés au 20 avril 2020) : 1898 personnes.
 
  • Centre pénitentiaire des femmes à Rennes : 193
  • Vezin-le-Coquet : 813
  • Brest : 338
  • Saint-Brieuc : 133
  • Saint-Malo : 72
  • Vannes : 62
  • Lorient : 287


Situation sanitaire dans les établissements pénitentiaires 


Quatre personnes détenues sont actuellement confinées sur la Bretagne : trois à Lorient et une au centre pénitentiaire des femmes de Rennes. L'homme qui avait contracté la maladie à Brest est sorti de son isolement.

Si elles présentent des symptômes, ces personnes sont isolées et placées sous surveillance. À noter qu'il n'y pas eu de cas critiques. Du côté du personnel, cinq cas ont été recensés dans le grand ouest. Aucune précision n'est donnée sur la Bretagne en particulier. 

Au total, il y a 8000 détenus en moins dans les prisons françaises. Certains syndicats s'inquiètent de ces libérations qu'ils estiment sans contrôles



 
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