Ce dimanche, l'Anastasis, la première église bretonne du XXIe siècle, a été consacrée à Saint-Jacques-de-la-Lande près de Rennes. Un événement religieux et architectural. L'édifice a été dessiné par le Portugais de renommée internationale, Àlvaro Siza. Une église contemporaine "aux périphéries".
Anastasis signifie "se lever, ressusciter de la mort".
Anastasis, en référence à l'église de Jérusalem, que les Occidentaux nomment plutôt le "Saint Sépulcre", c'est ainsi qu'est baptisée la nouvelle église de Saint-Jacques-de-la-Lande, commune limitrophe de Rennes. Une nouvelle église, dans un quartier récent, celui de La Morinais.
"A La Morinais, demeure aussi une chapelle du XVIIe siècle (...), relate l'archevêque de Rennes, Dol, et Saint-Malo, Monseigneur Pierre d'Ornellas. Elle s'est vue enserrée par des immeubles du XX-XXIe siècle. Manifestement, elle attendait une grande soeur qui soit aussi du XXIe siècle !".
De béton et de lumière
Imaginée par l'architecte portugais Àlvaro Siza, l'édifice a de quoi surprendre par son style dépouillé. Il a dessiné une église faite de béton, qui lui vaut parfois d'être comparée à un blockhaus. Elle est de forme circulaire à l'image des églises des premiers siècles. "Le cercle représente le ciel, l'immensité, explique le curé de la Paroisse, le Père Joseph Lecoq au micro de nos confrères de RCF Alpha. Il y a un carré, un plafond suspendu qui domine l'assemblée. Ce carré représente l'Humanité, la Terre. Et dans l'axe, lorsque l'on rentre, le visiteur voit une grande Croix qui relie la Terre et le Ciel." Blanche, l'église apparaît baignée de lumière alors qu'il n'y a aucune source directe, pas de vitraux.Au rez-de-chaussée, une salle paroissiale avec une cuisine attenante doit permettre aux familles de venir prendre leurs repas et de se réunir sans avoir à louer une salle."C'est une église ancrée dans son temps qui correspond à son siècle", s'enthousiasme encore le Père Joseph Lecoq.
Une église multiraciale "aux périphéries"
A 78 ans, le curé y a déjà célébré 95 baptêmes, les nouveaux baptisées venant de 37 pays différents. Le Père Joseph Lecoq y voit une "église hors frontière, une église aux périphéries dans un quartier marqué par des réalités multiculturelles et multiraciales." Une implantation qui répond à la volonté du Pape François de développer une Eglise "aux périphéries".La liturgie de la consécration
Ce dimanche, l'archevêque de Rennes, Dol et Saint-Malo a consacré cette nouvelle église, un an presque après en avoir béni les trois cloches du campanile. "Ce n'est pas une simple bénédiction, explique le Père Joseph Lecoq (...) On marque l'église avec le Saint Chrême [NDLR: huile parfumée consacrée, employée pour les onctions dans certains sacrements] de la même manière que l'on marque un nouveau baptisé consacré pour le service de Dieu". L'autel a été lui aussi consacré avec cinq onctions du Saint Chrême "au milieu et aux quatre angles, puis sur toute la table", explique le Père Philippe Hébert, responsable de la liturgie pour le diocèse.
Deux ans et trois millions d'euros de travaux
Quarante ans que le diocèse de Rennes, Dol et Saint-Malo n'avait pas fait construire de nouveau lieu de culte.Démarré en 2009, les travaux de l'Anastasis s'achèvent tout juste.
La construction aura coûté 3,2 millions d'euros intégralement financés par le diocèse, qui a notamment revendu l'église désaffectée Saint-Marc dans le quartier de Villejean à Rennes, grâce aussi au mécénat (450 000 euros).