Au CHU de Rennes, la téléconsultation à la rescousse des malades hors Covid-19

En période de confinement, la téléconsultation connaît un vif essor au CHU de Rennes. Depuis un smartphone, PC ou tablette, le dispositif permet de maintenir le lien avec les malades hors Covid-19. Une pratique vouée à perdurer.
 


Voilà 19 ans que Marie-Laure et Rémi Le Golvan attendaient ces résultats. Quasiment depuis la naissance de leur fils, Yann, atteint d'une maladie rare. Avec le confinement,
leur rendez-vous au CHU de Rennes aurait dû être annulé. S'il n'y avait eu la téléconsultation. "On les attendait tellement ces résultats que finalement, que ce soit par téléconsultation ou consultation physique, il n'y avait pas grande importance... Du moment qu'on savait! On ne se voyait pas attendre encore six mois ou un an", sourit Marie-Laure.
           

Continuer ce type de consultations


C'est donc par écran interposé, que la professeure Sylvie Odent leur a annoncé que la maladie de leur fils n'était pas héritée. Un soulagement pour ces parents de deux autres filles, habitant Argenté-du-Plessis, en Ille-et-Vilaine. "Ce n'est pas la consultation qu'on avait envie d'annuler", convient la responsable du service génétique clinique au CHU de Rennes. Elle a même incité son équipe à adopter la téléconsultation.
"Quand le confinement a été annoncé, on a été un peu sidéré car cela nous a obligés à déprogrammer quasiment toutes nos consultations. Mais des personnes attendaient depuis cinq ou six mois leur rendez-vous, raconte la Pr Odent. Pour l'équipe, sur le coup, ça a été très très dur. On s'est dit: comment on va faire après pour rattraper ce retard ?"

En une dizaine de jours, les secrétaires médicales ont reprogrammé les rendez-vous, envoyant des liens par SMS ou par courriel aux patients, selon qu'ils utilisent smartphone, PC ou tablette pour la consultation à distance. "Quand leur visage apparaît, les gens sont ravis, on a l'impression qu'on leur fait un cadeau", décrit la généticienne, qui envisage de continuer ce type de consultations même si "rien ne remplace le contact direct, surtout pour la première fois".


"Dans l'air du temps"
 

Quarante-cinq services de l'hôpital de Rennes sont passés à la téléconsultation en quelques semaines, grâce aux 150 webcams commandées dès le 16 mars, quand les hôpitaux ont dû annuler leurs consultations non urgentes. "Avec le confinement, on s'est beaucoup focalisé sur le Covid mais il y a tous les autres malades. C'est ceux-là qu'on veut cibler avec la téléconsultation, explique le Dr Marie Costes, gériatre et coordinatrice médicale téléconsultation au CHU. On pense aux greffés, aux insuffisances cardiaques sévères, à des maladies rares qui ne sont suivies qu'au CHU. Ces malades, il ne faut pas qu'on les laisse de côté", explique-t-elle.

Expérimentée dès 2014 à Rennes, la téléconsultation était "dans l'air du temps" mais la crise sanitaire a été "un énorme accélérateur", souligne-t-elle. L'hôpital, qui ne fait pas appel à une plateforme commerciale, a fait le pari de développer un outil souple et facile d'usage, destiné à perdurer après la crise, "à côté" de la consultation présentielle. "Loin d'une médecine "low cost", on va au contraire gagner en efficience", assure Marie Costes, qui souligne que la téléconsultation peut permettre d'associer un tiers, comme le médecin traitant, l'infirmière libérale, le pharmacien, etc.



 



Le Professeur Dominique Somme, chef du service de gériatrie au CHU de Rennes, compte plus de 300 téléconsultations à son actif, principalement avec des résidents d'Ehpad"Il y a un effet boule de neige très particulier à la téléconsultation. On ne s'adresse plus seulement à un patient mais à un collectif car une infirmière assiste à la consultation, souligne-t-il. C'est une personne-clé pour la réussite de la consultation car elle va diffuser l'information beaucoup plus largement".

Depuis le début de la crise sanitaire, l'avantage de la téléconsultation est "majeur""Je n'ai annulé aucune consultation", constate encore le gériatre.

 

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