Des histoires teintées de cynisme, un amour pour les perdants et les maladroits, pour ceux qui font craquer le vernis des apparences, W Comics, alias Mathilde le Reste dissémine son humour sur les réseaux sociaux. Rencontre.
W Comics a fait du dessin son quotidien. Cette rennaise publie une fois par semaine (bientôt deux) des petites histoires, en dix cases car, "sur les réseaux sociaux, il faut être rapide pour faire rire." Elle a choisi son nom comme une parodie des comics américains, ceux des super-héros. Ses héros à elle sont plutôt "des nids à emmerdes."
Robbish. Ou la spirale de la loose
Le personnage principal de W Comics, c'est Robbish, un type de 35 ans, "pas très épanoui professionnellement et socialement, qui se cherche, à qui il arrive des trucs complètement dingues et qui fait beaucoup de gaffes."
"En fait je recherchais un personnage récurrent. Souvent l'autobiographie c'est ce qui marche le mieux mais je déteste me dessiner. Je cherchais quelqu'un d'autre, plutôt un personnage vraiment looser, pas très beau, quelqu'un dans lequel je me reconnaissais et dans lequel les gens pourraient se reconnaître aussi. Je me suis inspirée d'acteurs et finalement c'est quelqu'un que je connais vraiment."
Mon personnage de fiction peut rencontrer des personnages réels, comme mes parents
Les histoires de famille, les faits divers, les histoires de famille qui deviennent presque des faits divers
W Comics puise dans les aventures familiales et parentales pour raconter ses histoires. Elle tient d'ailleurs un petit carnet, pour essayer de ne rien oublier. Sa mère et son père sont devenus les héros d'un quotidien où le dramatique rime avec le comique. Un épisode a beaucoup amusé ses lecteurs. Alors que sa mère fait un AVC, son père commet une maladresse, sous le coup de l'émotion.
Avec ses dessins, W Comics veut préserver la mémoire familiale. Autre réserve inépuisable d'anecdotes, les faits divers parus dans la presse. "Je n'ai pas grand chose à faire", sourit-elle, "tout est dans l'article, la situation se suffit à elle-même."Dessiner, c'est un moyen d'immortaliser toutes ces histoires drôles, de les garder
Elle constate aussi que ses publications lui permettent d'évaluer sa progression, dans sa pratique. "Je me suis améliorée dans l'expression des visages. Côté décor, j'ai encore du boulot par contre." Elle crayonne d'abord sur papier, avant d'encrer et de coloriser sur sa tablette. Le crayon lui apparaît comme indispensable, pour ne pas perdre la main.
"Ah bon, mais c'est toi W Comics ?"
W Comics s'amuse beaucoup lors des dédicaces et de son effet de surprise. La plupart des gens croient qu'elle est un homme. "On me dit que j'ai un humour trash..." raconte-t-elle un peu dubitative. Avant d'ajouter : "Du coup j'entretiens le truc, je conjugue au masculin quand je publie."
Mathilde rêve désormais de se faire éditer. Les réseaux sociaux ouvrent des fenêtres sur son travail. Elle mentionne la belle histoire de l'Homme étoilé, lequel vient d'entrer dans la galaxie des dessinateurs publiés.