Les nouvelles révélations concernant les agressions sexuelles de l'abbé Pierre ont provoqué la sidération. À Tinténiac, en Ille-et-Vilaine, le lycée professionnel, qui porte le nom de l'abbé, va changer de nom. À quelques kilomètres, le centre Emmaüs de Hédé ne veut plus, non plus, être associé à ce nom.
Les témoignages se multiplient contre l'abbé Pierre. Vendredi 6 septembre, 17 nouveaux témoignages ont été révélés dans un rapport du cabinet spécialisé Egaé, relayé par la Fondation Abbé-Pierre. Accusé d'agressions sexuelles, de harcèlement sexuel, mais aussi d'intimidations, par des femmes et des enfants, l'image du religieux est sérieusement endommagée depuis cet été. De nombreux établissements, rues, ou centres, portant le nom du prêtre, pensent à se débaptiser.
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"Si on change le nom, on garde les valeurs de l'établissement"
Entre stupeur et sidération, c’est un peu l’ambiance au lycée Abbé-Pierre de Tinténiac. Les révélations à propos des agressions sexuelles de l’ancienne figure préférée des Français ont conduit le directeur et son équipe à vouloir changer le nom de l’établissement. Une décision unanime. "Si on change le nom, on garde les valeurs de l'établissement, rappelle Raphaël Gouablin, le chef d'établissement du lycée Abbé-Pierre, c’est-à-dire l'esprit de solidarité, d'éducation pour tous et puis aussi les spécificités de l'établissement autour du soin à la personne."
Trouver un nouveau nom
Et donc on va solliciter les familles, comme on l'a déjà fait avec les élèves et l'équipe éducative, et puis aussi le conseil d'administration, poursuit le directeur, pour, on l'espère dès le mois de novembre trouver un nom qui sera soumis à notre tutelle diocésaine."
Des élèves, eux aussi, abasourdis et qui se disent choqués par les révélations, convaincus de la nécessité de trouver un nouveau nom pour leur lycée et qui commencent à y réfléchir : "Mère Térésa", avancent les uns, "La Sainte Trinité" pour une autre élève, en référence au nom de l'église de la commune.
"Certains anciens compagnons vont devoir faire leur deuil"
À quelques kilomètres de là, dans la communauté Emmaüs, à Hédé, c’est aussi l’incompréhension. Si le portrait de l’Abbé-Pierre trône encore un peu partout, beaucoup de salariés et de bénévoles ne souhaitent plus être associés au personnage. La Marque « Abbé-Pierre » va disparaître.
Mais certains ont encore du mal à l’accepter, explique Jean Denoual, le Président de la communauté Emmaüs de Rennes-Hédé-Saint Malo "Ce sont surtout les anciens compagnons, dit-il, qui ont connu l'Abbé Pierre. Pour eux c'était plus qu'une icône, c'était quelqu'un qui les considérait. Alors tout d'un coup, sa chute, ils ne peuvent pas le comprendre. Ils vont devoir faire leur deuil et ça va prendre un certain temps" assure-t-il.
L’association apporte son soutien aux victimes. À Hédé, les clients continuent d’affluer. Pour eux, l’essentiel d’Emmaüs est ailleurs.
(Avec Benoît Le Vaillant)