L'abbé Pierre accusé de violences sexuelles. "Ne pas mettre en doute les témoignages des femmes", après le choc, la communauté Emmaüs s'accroche à ses valeurs

Le rapport d'enquête ayant permis de recueillir le témoignage de plusieurs femmes accusant l'abbé Pierre de violences sexuelles et de harcélement sexuel a choqué bon nombre de personnes, à commencer par les membres d'Emmaüs. Au sein de la structure créée par l'homme d'église, tous assurent que ces actes sont "impardonnables", mais que les valeurs d'entraide en faveur des plus démunis restent inchangées.

"J'ai été sidéré d'entendre ça" lance Gilles, président d'Emmaüs Vannes, en évoquant les accusations d'agressions sexuelles qui visent l'Abbé Pierre.

Décédé en 2007, l'homme d'église, fondateur du mouvement d'aides aux plus démunis, est accusé par sept femmes "de violences sexuelles et de faits de harcèlement sexuel commis entre la fin des années 1970 et 2005" détaille un rapport issu de plusieurs mois d'enquête, publié par Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre.

"J'ai rencontré l'Abbé Pierre, il y a 20 ans et je ne pouvais pas imaginer ça. Là, on se remet doucement de cette nouvelle" souligne le Président d'Emmaüs Vannes, qui veut surtout garder en tête les missions initiées par l'homme d'église. "Ce qu'a dit l'Abbé Pierre reste pleinement d'actualité. A Emmaüs, des gens ont besoin de nous".

"Il faut qu'on reste fier de nos valeurs"

L'activité d'Emmaüs Vannes continue donc, avec les salariés et les bénévoles qui viennent en aide aux personnes touchées par la pauvreté ou l'exclusion.

Parmi les compagnons, Amandine s'inquiète malgré tout que cette histoire donne "une mauvaise image d'Emmaüs". Elle, qui est aidée par l'association depuis 13 ans, s'est dite "blessée" en apprenant "les actes inadmissibles et impardonnables" dont l'Abbé Pierre est accusé. "Mais il faut qu'on reste fier de nos valeurs. On voit ici des belles histoires avec des compagnons brisés par la vie, mais qui arrivent à s'en sortir, à trouver du boulot, à avoir des enfants".

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Le rapport d'enquête ayant permis de recueillir le témoignage de plusieurs femmes accusant l'abbé Pierre de violences sexuelles et de harcélement sexuel a choqué bon nombre de personnes, à commencer par les membres d'Emmaüs. Au sein de la structure créée par l'homme d'église, tous assurent que ces actes sont "impardonnables", mais que les valeurs d'entraide en faveur des plus démunis restent inchangées. ©Séverine Breton et Thierry Bouilly / France 3 Bretagne

Quant à savoir si le visage de l'Abbé Pierre doit toujours être associé à Emmaüs, la plupart s'accordent à dire qu'il reste l'image de l'association. "On a tous eu du mal à accepter cette histoire avec l'Abbé Pierre, mais son image fait partie d'Emmaüs, assure Juliette, salariée détachée à Vannes. Ce qu'il avait mis en place, à savoir aider les démunis, ça ne change pas".

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Les victimes écoutées et soutenues

En étant pleinement impliquées dans l'enquête sur les agressions sexuelles supposées de l'Abbé Pierre, les organisations Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé-Pierre ont apporté leur soutien aux femmes qui dénoncent des violences sexuelles et du harcèlement. 

Nos organisations saluent le courage des personnes qui ont témoigné et permis, par leur parole, de mettre au jour ces réalités. Nous les croyons, nous savons que ces actes intolérables ont laissé des traces et nous nous tenons à leurs côtés

Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre

Le discours est le même au sein d'Emmaüs à Vannes. "La réaction de tous a été de ne pas mettre en doute les témoignages des femmes. On compatit à la douleur, à la surprise et à la violence qu'elles ont vécues" assure Gilles, le président vannetais de l'association.

"Que ce soit l'Abbé Pierre qui ait fait ça, ce n'est pas plus triste qu'un autre être humain. Dans tous les cas, c'est terrible ce qu'il a fait, affirme Amandine. Les victimes sont entendues, écoutées et il y a Emmaüs derrière elles".

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