La secrétaire d’Etat Bérangère Couillard était aujourd’hui à Rennes pour une réunion de concertation autour de la question de la mise en place de consignes des bouteilles en plastique. Les collectivités locales n’ont pas manqué de rappeler leur opposition à ce projet
"On est les mauvais élèves européens ". Pour la secrétaire d’Etat Bérangère Couillard il s’agit avant tout pour la France, de rattraper son retour en matière de recyclage.
Actuellement en France, on recycle entre 60 % et 70 % des bouteilles en plastique. Mais d’ici 2029, l'objectif fixé prévoit d’atteindre 90 %. Pour la représentante du gouvernement, le constat est simple : "Si on continue sur notre trajectoire, on ne sera pas au résultat attendu ". Elle explique donc avoir lancé cette concertation " pour savoir comment on peut faire mieux ".
La consigne des bouteilles en plastique comment ça marche ?
Le principe est simple. Il consiste à ramener ses bouteilles en plastique vides en échange d'argent "peut-être de dix centimes à un euro " selon Bérangère Couillard. Cela inciterait ainsi les Français à rapporter leurs contenants au recyclage. Sauf que le prix des produits augmenterait d’autant. C’est là que les positions se crispent.
Les collectivités locales vent debout contre cette mesure
Pour Nicolas Garnier, interviewé par franceinfo en janvier dernier, le gouvernement devrait plutôt s’attaquer au recyclage de pots de yaourts qui ne fait l'objet d'aucun traitement.
Le délégué général de l’association Amorce, qui représente les collectivités locales, explique : "On est en train de nous proposer de nous prendre quelques centimes d'euros, jusqu'à 0,15 € sur une bouteille d'eau ou une bouteille de soda, et de nous les rendre si nous la ramenenons en magasin. Et ce, non pas pour la réemployer, mais pour la broyer, pour la recycler exactement dans les mêmes conditions que si vous aviez mis votre bouteille dans votre bac jaune ".
Les collectivités locales sont vent debout. Car ce sont elles qui aujourd’hui collectent les bouteilles en plastique dans les bacs jaunes et qui les revendent à bon prix. Jusqu’à 700 euros la tonne.
Si la consigne est mise en place c’est donc un manque à gagner considérable pour les syndicats intercommunaux de collecte et de traitement des déchets.
"Nous ne sommes pas favorables à la mise en place de cette consigne de tri par des industriels, par des grands groupes, parce que ce sont des recettes en moins pour notre territoire" résume Christine Gardan, présidente du Smictom des Pays de Vilaine.
"Le consommateur va payer deux fois"
Jérome Marquet, directeur général du Smictom d’Ille-et-Rance, va plus loin. Selon lui, cette mesure profiterait uniquement aux grands groupes industriels qui mettent ces contenants sur le marché. "Les éco organismes, notamment Citéo qui a des actionnaires qui sont Danone Nestlé ou Coca. Ce sont eux qui mettent des bouteilles sur le marché et veulent récupérer cette manne et cette éco contribution. Ils n’ont pas intérêt à ce que les collectivités s’en mêlent. C’est leur business-modèle dans le cadre de la mise en place des consignes pour les bouteilles plastiques ".
Aussi, il dénonce une double facturation pour les consommateurs : "Le contribuable va payer deux fois. A la fois quand il va consommer et quand il va devoir traiter ses déchets ".
En 2020 les collectivités locales avaient réussi à faire reculer le gouvernement sur ce sujet.
Les associations de consommateurs, comme l'UFC Que choisir, ont également fait savoir leur totale opposition à ce projet.
La secrétaire d’Etat assure qu’aucune décision n’a été prise pour le moment. La concertation va se poursuivre jusqu’en juin.