Réunions de crise qui s'enchaînent, personnel réquisitionné pour répondre aux appels, calme feutré pour enquêter sur les personnes ayant déjà été en contact avec les malades... En Bretagne, l'Agence régionale de santé (ARS) est sur le pied de guerre depuis dix jours.
 

Société
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En temps normal, Bernadette Mitouamona est gestionnaire des dossiers santé, chargée des budgets à l'ARS, mais depuis quelques jours, elle a intégré l'équipe de volontaires chargés de répondre aux particuliers qui appellent le numéro vert régional, notamment ceux du Morbihan, où 73 cas de Covid-19 étaient recensés mercredi sur un total
de 93 en Bretagne.


"Je viens d'avoir une personne qui vit à Auray, l'une des communes du +cluster+ du Morbihan, et qui a séjourné en Chine en janvier", raconte l'employée, qui répertorie sur un tableau le nom, les coordonnées et la qualité des appelants, ainsi que l'objet de leur demande. 

Chaque jour, l'ARS reçoit quelque 800 appels auxquels sept personnes sont chargées de répondre. Tous ne sont pas toujours justifiés, souligne Mme Mitouamona, citant un habitant de Quiberon "qui voulait savoir s'il pouvait aller pêcher", ou une dame "qui se demandait si elle devait verser la dernière échéance pour réserver un camping à Ploërmel".


40 salariés réquisitionnés


Pour faire face à la crise du nouveau coronavirus, l'ARS Bretagne a réquisitionné quelque 40 salariés... et des locaux réservés habituellement aux syndicats, au comité d'entreprise et à l'assistante sociale.

Une vaste salle équipée d'une dizaine d'ordinateurs a ainsi été aménagée en cellule de crise. C'est là que médecins et épidémiologistes suivent la situation sanitaire en temps réel, répondent aux questions et courriels des professionnels de santé, avec, sur un écran de projection, les images d'une chaîne d'information continue.
Parmi les questions, celle des approvisionnements en masques, l'organisation des prélèvements, environ 250 par jour, sont récurrents. Un directeur d'Ehpad se demandait aussi comment accompagner certains résidents ne souhaitant pas réaliser de procuration jusqu'au bureau de vote. 

"Anticiper" 

C'est également dans cette salle que se tiennent les conférences quotidiennes avec les établissements de santé de la région. "On fait le point tous les jours sur l'activité des centres hospitaliers pour anticiper le plus possible les tensions sur certains services et faire jouer les solidarités entre établissements", explique Stéphane Mulliez, directeur général de l'ARS. "On distribue les tâches pour la journée. Ce matin j'ai demandé par exemple à notre médecin référent de faire un point sur les capacités des services de réanimation", ajoute M. Mulliez. Réponse: 31 places disponibles à l'échelle de la Bretagne.

Investigation


Cinq étages plus bas, l'ambiance est autrement plus calme dans une cellule "détective" d'une dizaine de membres chargée d'identifier les personnes ayant été en contact avec les malades. "Après un entretien assez poussé avec les personnes contaminées, nous appelons celles avec qui elles ont été en contact pour savoir s'il est nécessaire qu'elles
soient testées ou confinées chez elles
", explique Alain Le Tertre, responsable de Santé publique France en Bretagne. 

Selon la vie sociale des malades, le nombre de "cas contacts" peut varier de 2 à 60. Sont considérées comme à risque les personnes ayant passé plus d'un quart d'heure avec un malade, et à moins d'un mètre. "Le facteur qui passe remettre un colis ne sera pas considéré comme un cas, une personne ayant passé un repas dominical avec un malade, oui", résume Alain Le Tertre, qui évalue à "quelques milliers" le nombre total de personnes appelées. Un travail "de fourmi coûteux en temps", reconnaît-il. 

Si la France passe au stade 3 de l'épidémie, "il n'y aura plus nécessité de contacter chacun des cas puisque tout le monde présentera potentiellement un risque de contamination", précise-t-il toutefois.

Dans la salle, d'épais dossiers "Canicule", "Grippe aviaire 2015", "MERS-CoV 2013", "Sras", trônent sur les étagères. Mais les personnels de l'ARS mobilisés assurent n'avoir encore jamais vécu pareille situation sanitaire que celle à laquelle ils sont confrontés aujourd'hui.
 
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