Covid-19 : " Il n'y a pas de raison de penser qu'il y ait besoin de vacciner tous les trois ou quatre mois" Pascal Crepey, enseignant-chercheur en épidémiologie

"Une stratégie de vaccination basée sur des rappels répétés a peu de chances d'être appropriée ou viable" La critique est cinglante. Elle émane de L’Organisation Mondiale de la Santé. Pascal Crepey, enseignant-chercheur en épidémiologie à l’Ecole des Hautes Etudes de Santé Publique, à Rennes, se veut rassurant.

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Pascal Crépey,  enseignant-chercheur en épidémiologie à l’Ecole des Hautes Etudes de Santé Publique, à Rennes, était l'invité de France Info ce 12 janvier.  

L'Agence européenne du médicament et l'Organisation Mondiale de la Santé estiment que l'injection de vaccins à répétition n'est pas une stratégie durable. Qu'en pensez-vous ? 

C'est une stratégie à la situation épidémiologique du moment. La troisième dose de vaccin n'a pas été recommandée contre Omicron mais contre Delta parce qu'il était très transmissible et sévère. Les études montraient que la protection contre l'infection diminuait dans le temps. Donc il fallait avec cette vague hivernale de Delta s'assurer que la population et notamment les personnes les plus à risque soient le plus protégées possibles pour éviter un afflux hospitalier. La population doit s'adapter au contexte épidémiologique, il n'y a pas de raison de penser qu'il y ait besoin de vacciner tous les trois ou quatre mois. En revanche à l'hiver prochain, on pourrait de nouveau se poser la question.

Quand pourrons-nous arrêter de faire des tests ?

Les tests ont deux objectifs. Ils permettent de suivre l'épidémie, de savoir où on en est et de savoir comment réagir ou pas. Ils servent aussi à prévenir les chaînes de transmission. C'est vraiment un outil de santé publique, de contrôle de l'épidémie. Donc, tant que nous sommes en phase épidémique et dans cette vague, les tests sont un outil de lutte active. Quand nous en serons sortis, nous pourrons lever le pied sur les tests et approcher l'éventuelle phase suivante à l'automne ou à l'hiver prochain avec une nouvelle stratégie.

Va t-on arriver à un stade endémique et qu'est-ce que cela signifie concrètement ?

Cela signifie que l'on n'a plus ces phases épidémiques de croissance exponentielle avec cette dynamique qui fait que le nombre de nouveaux cas se multiplie de semaine en semaine. Nous avons alors, en continu, un certain nombre de cas dans la population avec un nombre de reproduction autour de 1 et pas au-dessus comme c'est le cas aujourd'hui.

Est-ce vraiment envisageable ? 

Tout est envisageable mais je crains que cela ne s'applique pas vraiment au coronavirus pour la simple et bonne raison qu'il a un effet saisonnier qui fait varier mécaniquement ce nombre de reproductions. Le virus se transmet moins facilement pendant la période de l'été que pendant la période d'hiver. Donc, nous n’aurons pas ce phénomène de stabilité avec un R autour de 1 toute l'année.

Il existera forcément une variation entre la période estivale et la période automne-hiver. Je pense que l'on se dirigera plus vers une dynamique proche de celle de la grippe que vers une dynamique endémique dans la définition propre du terme. On parlera de vague saisonnière.

Avec Omicron, on atteint des niveaux de transmission tellement élevés qu'on imagine mal qu'un nouveau variant puisse être plus transmissible que ce variant et donc la seule voie d'évolution qui reste c'est la voie de l'échappement immunitaire.

C'est ce que fait la grippe chaque année et c'est ce qui justifie les vaccinations annuelles contre la grippe. Il y a un glissement antigénique qui fait que notre système immunitaire ne reconnaît plus le virus qui circule et chaque année on doit se vacciner contre la grippe. Donc, on pourrait imaginer le même type de stratégie pour le coronavirus dans un avenir plus ou moins proche."

  Source : invité du 14/17 de Franceinfo

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