Vendredi des personnes retenues au Centre de Rétention Administrative de Rennes ont entamé une grève de la faim pour protester contre les conditions dans lesquelles se déroulent les expulsions. La CIMADE dénonce la hausse du nombre de rétentions et des placements pas toujours justifiés.
Le centre de rétention administrative (CRA) de Rennes fait encore parler de lui. Vendredi une quinzaine de retenus a décidé de se mettre en grève de la faim pour protester contre la violence des expulsions. Dans la nuit du jeudi à vendredi entre 2h et 3h du matin ils ont assisté à deux expulsions qui les ont choqués:
raconte un retenu témoin de la scène."Le mec il était en train de dormir, ils lui ont mis direct les menottes. Ils l’ont pris comme un chien, ils l’ont scotché. Ils l'ont pris en caleçon. Même pas avec ses affaires... Moi je ne veux pas qu'ils me prennent comme ça ! S'ils nous préviennent qu'on a un vol, nous on se prépare, ils viennent nous chercher et y'a pas de soucis"
Au centre de rétention de Rennes les retenus ne sont pas informés par avance de l'horaire du vol qui les ramènera chez eux. Un choix de la direction du CRA de Rennes quand d'autres centres comme celui de Toulouse ou Bordeaux avertissent les gens.
La CIMADE, l'association qui accompagne les migrants et réfugiés au sein du CRA de Rennes, dénonce cette politique brutale qui ne fait qu'ajouter de l'angoisse au désespoir de ces personnes en attente d'expulsion.
En réponse le secrétaire régional du syndicat SGP Police FO explique "Il y a des notes de service qui sont faites par la direction: vous devez menotter. Et si vous ne le faites pas, parce que vous vous dites le gars il est calme, et qu'il prend la fuite [...] c’est le fonctionnaire de police qui est responsable"
Des enfermements d'enfants et de personnes originaires de pays à risque
Quelques jours plus tôt la CIMADE s'est alertée dans un communiqué et sur les réseaux sociaux de l'enfermement de deux familles avec des enfants dont une famille russe renvoyée sans que les accompagnateurs juridiques de l'association n'aient pu la rencontrer.Aussi une femme iranienne avec un enfant, une personne d'origine Nord Coréenne ou encore un jeune Afghan sont passés par des CRA alors même qu'ils viennent de pays où leur vie est en danger.
La CIMADE dénonce "des pratiques aveugles envers des personnes étrangères et vulnérables qui sont traitées comme des délinquants parce qu'ils n'ont pas de papiers français".
Une famille d'#Iran avec des enfants, une femme de Corée du nord et un jeune Afghan ont été enfermés en rétention à #Rennes https://t.co/9w7ymZ3N59 Est-ce que les préfectures @Prefecture50 @bretagnegouv @PrefetVendee @Prefet17 sont au courant de ce qui se passe dans ces pays ?
— La Cimade (@lacimade) April 26, 2018
Toujours plus de rétentions
En ce mois d'avril 2018 la CIMADE a dénombré près de 400 personnes qui sont passées au centre de rétention de Rennes depuis le début de l'année, soit autant que sur les 6 premiers mois de 2017.Mais les moyens humains eux n’ont pas évolué. Le CRA de Rennes compte "une centaine de fonctionnaires dont 6 ou 7 en garde effective pour une quarantaine de retenus" explique le représentant syndical . Il estime que :
la situation est explosive car les fonctionnaires doivent faire face à plus de violence et à des insultes quotidiennes.
Les inquiétantes conséquences de la nouvelle loi asile et immigration
David Leveau dénonce enfin avec force la nouvelle "Loi Asile et Immigration" qui va doubler le temps de rétention et faire passer la durée maximale de 45 à 90 jours: "On aura beaucoup plus de monde à gérer et il va absolument falloir trouver de quoi les occuper". Il demande des moyens supplémentaires :
La CIMADE et toutes les associations de défense des droits des réfugiés et migrants en France fustigent une loi qui met en péril les droits de ces personnes. Pour Amnesty International ce texte est dangereux.
Sollicitée par téléphone la préfecture n'a pas souhaité répondre à nos questions. Elle a cependant répondu à nos collègues de Ouest-France dans l'édition de samedi 28 avril pour indiquer "qu'aucune grève de la faim n'a été enclenchée ce vendredi".
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