Deux semaines de stage pour les élèves de seconde. Un casse-tête pour les familles, un défi pour les entreprises

Le gouvernement l’a annoncé fin septembre : les lycéens de seconde devront désormais faire un stage de deux semaines au mois de juin. Dans moins de quatre mois, 40 000 jeunes Bretons vont donc devoir trouver une entreprise, une association, une organisation, pour les accueillir. Un casse-tête pour les familles et les lycées. Un réseau de dirigeants bretons cherche à faciliter l'opération pour les jeunes et pour les entreprises.

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Après les élèves de 3ᵉ, ce sont les 2ᵈᵉ, qui désormais ont l'obligation d'effectuer un stage de quinze jours au mois de juin prochain. L'idée sur le papier est intéressante : aider les jeunes dans leur orientation, leur faire découvrir le monde professionnel et rapprocher l'école de l'entreprise. Mais en pratique, pour les élèves, leurs établissements et les familles, l'opération relève du véritable casse-tête.

Du casse-tête au vrai défi

Un vrai défi pour dénicher la structure susceptible d'accueillir les jeunes et qui propose un stage intéressant et enrichissant pendant quinze jours. Des stages, qui déjà pour les élèves de 3ᵉ, marquent très souvent fortement les différences sociales entre ceux dont les parents bénéficient de réseaux et les autres. Et puis pour les entreprises déjà sollicitées par les collégiens, les élèves de BTS, d'IUT, les écoles d'ingénieurs, au mois de juin, la concurrence risque d'être rude. En Bretagne, la plate-forme Idéo, mise en place par la Région, aide les jeunes à surmonter les obstacles.

À Lire aussi : Trouver un stage de troisième en entreprise quand on n'a pas de piston. La plateforme Ideo vient au secours des élèves

Les réseaux bretons passent la seconde !

Dans la région, de la même façon, le collectif des réseaux de dirigeants, à l'image de Produit en Bretagne, ont pris les devants pour faciliter l'opération et favoriser l'intégration des 40 000 élèves de 2ᵈᵉ dans les entreprises bretonnes. Une opération qu'ils ont baptisée : "Les réseaux passent la seconde !" Ainsi, explique Jean Coisnon, président du réseau breton, "nous avons sollicité nos adhérents pour accueillir les stagiaires, mais aussi élaboré des livrets, en forme de kits, avec un maximum de clés pour les aider à accueillir les lycéens". Ils en ont également prévu à destination des jeunes pour qu'ils sachent préparer leur stage. "

On sait que l'initiative est bonne, mais il faut maintenant faire le trait d'union entre l'initiative et la réalisation. On sait qu'il y a besoin d'ouvrir, d'informer, de sensibiliser, mais ça demande un énorme travail de pédagogie !

Jean Coisnon

président du réseau Produit en Bretagne

Pour l'entreprise, le stage permet de créer un vivier de jeunes 

Jean-Charles Jego est à la tête du groupe Self Signal, basé à Cesson-Sévigné en Ille-et-Vilaine. Une entreprise de 120 salariés qui fabrique de la signalisation routière et de la signalétique. Une société qui s'est fait un devoir depuis longtemps d'accueillir des jeunes en stage ou en alternance, du CAP à l'école d'ingénieur. Cet effort de formation, explique l'entrepreneur, "c'est dans notre ADN et de ce fait, on n'a pas vraiment de problème de recrutement, car nous nous créons ainsi un vivier de gens qui connaissent bien l'entreprise."

"Ces stages des lycéens de seconde, sur quinze jours, bien préparés en amont, ça devient vraiment intéressant", ajoute le chef d'entreprise.

Nous avons dans l'entreprise une trentaine de métiers différents et ça permet aux jeunes de voir différents aspects de notre activité. Sur une quinzaine de jours, ils pourront voir le lancement d'un produit, de la partie étude jusqu'à sa production, voire jusqu'à sa pose !

Jean-Charles Jego

PDG du groupe Self Signal

Ça permet que ce soit plus concret dans leur esprit, de voir toutes les composantes, qui font que le produit va arriver à son terme, et toutes les personnes qui ont participé à son élaboration" ajoute le chef d'entreprise.

"Être accompagné nous permet d'accueillir correctement"

Autre univers, celui de Clarisse Le Court. Elle dirige le laboratoire de recherche spécialisé dans la santé intime de la femme, Claripharm, à Saint-Alban, dans les Côtes-d'Armor. Pour elle d'emblée, l'accueil de jeunes, en tant que responsable d'une entreprise engagée sur le territoire, c'était une évidence, même si ça n'a rien de facile d'accueillir sur deux semaines un stagiaire de seconde. "Moi, je n'ai pas forcément les ressources pour le faire, indique-t-elle, mais le fait d'être accompagné avec un livret qui nous permet d'accueillir correctement, de réfléchir en amont à une mission et qu'il soit productif pendant ces deux semaines, c'est hyperfacilitateur et du coup ça m'a ouvert l'esprit par rapport à cet accueil" dit-elle.

Faire découvrir un domaine, qui est le mien, celui de la recherche et développement, de la santé, à des élèves de seconde, ça peut ouvrir l'esprit, des fenêtres sur de nouveaux métiers !

Clarisse Le Court

directrice du laboratoire Claripharm

"Je peux par exemple, détaille-t-elle, accueillir un stagiaire demain, qui va aller questionner tous les acteurs de l'entreprise sur des métiers précis. Et pourquoi il ne ferait pas une petite présentation vidéo, avec sa vision de gamin de seconde, sur chaque métier. Et ça pourra servir à l'entreprise parce qu'on aura une vision de la jeunesse, ça va mettre en valeur chaque métier et notre savoir-faire et si ça peut fédérer d'autres jeunes pour aller dans ces métiers, eh bien, on aura gagné pour le territoire !"

(Avec Laurence Postic)

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