Emmanuel Macron rend hommage à François Régis Hutin, l’ancien patron de Ouest-France

"Un grand directeur de presse" c’est par ces mots qu’Emmanuel Macron a qualifié l’ancien patron de Ouest-France, François Régis Hutin décédé le 10 décembre. Un édito posthume écrit par l'ancien journaliste est à retrouver dans l'article.

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Les hommages n’en finissent plus de tomber pour l’ancien patron de Ouest-France, François Régis Hutin, décédé dimanche 10 décembre à 88 ans.



Parmi tous ces hommages, celui d'Emmanuel Macron. Dans un communiqué paru hier soir, le chef de l'état souligne "l’humanité et l’ouverture d’esprit qui transparaissaient dans des articles et éditoriaux aux analyses précises et équilibrées." Le président rappelle les multiples combats menés par François Régis Hutin pour la liberté et pour l’Europe, un engagement qu’ils partagent en commun.

Des obsèques jeudi


Les obsèques de François Régis Hutin auront lieu à l’église de Notre-Dame-En-Saint-Melaine de Rennes, jeudi 14 décembre à 11 heures, avec la présence de Jean-Yves Le Drian et de Michel Barnier. Il sera ensuite inhumé au Rheu.


Un auto édito posthume


Ce mardi matin les lecteurs du journal ont pu découvrir un édito posthume écrit par François Régis Hutin lui-même. 


Chers amis lecteurs, chers associés, chers collaborateurs,

Quand ces lignes paraîtront, j’aurai quitté ce monde mais j’ai la ferme espérance que les liens de l’amitié perdurent par-delà la mort.
J’espère que je ne vous aurai pas trop lassé par mes écrits. J’ai essayé de contribuer à mon humble place à cette montée humaine lente, trop lente, mais montée quand même qu’a entreprise cette immense cohorte des hommes depuis la nuit des temps.

Je sais que c’était une tâche peut-être présomptueuse que d’essayer de lire les signes des temps. Ce n’était pas un docte enseignement mais une sorte de recherche menée avec vous qui souvent me faisiez connaître vos opinions parfois contraires aux miennes. C’est là que réside la richesse du dialogue indispensable dans toute société et absolument nécessaire à la démocratie qui nous est chère et si précieuse qu’il faut en prendre soin.

Je remercie du fond du cœur tous ceux qui m’ont aidé et soutenu dans cette tâche depuis maintenant un demi-siècle.

À tous ceux que j’ai pu décevoir, je demande de bien vouloir m’excuser. À ceux que j’ai pu blesser ou peiner, je demande de m’accorder leur pardon.

Permettez-moi aussi de remercier ici tous les collaborateurs avec lesquels j’ai eu l’honneur de travailler dans ce journal qui m’est aussi précieux que la prunelle de mes yeux. Nombreux sont ceux qui, depuis les trois fondations successives, ont lutté pour sa survie, pour son développement, pour le service de l’information qu’il doit rendre envers et contre tout en toute honnêteté, avec le maximum de professionnalisme et dans la relation précise des faits, dans la recherche de la vérité, dans le respect des personnes, de chaque personne de la plus humble comme de la plus célèbre.

Merci à nos collaborateurs et collaboratrices les plus proches, aux responsables avec moi de la direction du journal.

Merci aux ouvriers du livre dont la profession a tellement changé. Merci à tous les personnels qu’ils soient ouvriers, administratifs.

Merci aux journalistes, mes confrères que j’ai toujours eu tant de joie à côtoyer. Merci aux cadres dont la charge est parfois si lourde et si ingrate. Merci à tous ceux qui concourent à la vie de ce journal : les correspondants locaux, les services de publicité, avec Précom en particulier, les dépositaires, diffuseurs, porteurs. Merci à tous pour leur dévouement et leur efficacité. Merci enfin aux délégués du personnel même si le dialogue fut parfois ardu.

J’ai évoqué les trois fondations : d’abord celle de L’Ouest-Éclair de 1899 par Emmanuel Desgrées du Loû et l’Abbé Trochu, l’un et l’autre engagés au service de l’humanisme démocratique en référence aux valeurs de l’Évangile.

La refondation en 1944 par mon père, Paul Hutin-Desgrées, son beau-frère, François Desgrées du Loû, leurs amis Adolphe Le Goaziou, le bâtonnier Le Bourhis, Pierre-Henri Teitgen et tous ces démocrates sociaux résistants qui les entouraient, comme les jeunes typos partis à 17 ans pour l’Angleterre et qui menèrent le combat avec le Général de Gaulle. Refondation d’un grand journal : Ouest-France dans le même esprit que L’Ouest-Éclair à ses débuts.

Troisième fondation enfin en 1990 avec l’Association pour le Soutien des Principes de la Démocratie Humaniste qui désormais préside aux destinées du Journal. Jamais aucune de ces fondations ne fut effectuée en vue d’obtenir pour les fondateurs et associés des gains financiers ou des honneurs. Ce fut toujours pour sauvegarder l’esprit de service dans l’indépendance de notre titre. Telle est la finalité qui doit toujours être première, c’est-à-dire primer sur tout le reste, et telle elle restera car je sais l’engagement et la fidélité de l’équipe qui a pris la barre ainsi que celle de l’entreprise unie dans cet esprit de service.

Je m’en vais heureux d’avoir servi cette belle et grande OEUVRE. Heureux aussi de la vie qui m’a été donnée, passionnante toujours depuis mon enfance, ma jeunesse confondue aux drames abominables de la guerre, puis consacrée un temps à travailler au poste le plus humble des navires sur lesquels je m’embarquais pour voyager autour du monde afin de découvrir la terre, les civilisations, les hommes, heureux des études qui m’ont permis de rencontrer et d’écouter l’enseignement de belles et grandes intelligences toujours pleines d’humanité en philosophie, théologie, histoire, sociologie.

Heureux, ô combien, d’une famille merveilleuse soutenue par Jeanne-Françoise, ma femme inlassable, admirable militante, toujours à l’écoute et dans l’action, soutenu également par mes enfants, leurs conjoints, leurs enfants et ainsi que Louis Estrangin, toujours lucide et courageux.

Je ferme les yeux avec émotion sur les beautés de la création qui évoquent la plénitude vers laquelle je marche car je crois que je vais désormais Ad Deum qui laetificat juventutem meam. Vers Dieu qui réjouit ma jeunesse. Vers Celui à qui je remets mon esprit. In manus tuas domine commendo spiritum meum.

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