A Gaël, en Ille-et-Vilaine, des salariés d'un Ehpad ont débrayé pour "ne pas basculer dans la maltraitance" du fait du manque de personnel. Ce n'est pas la première fois qu'ils dénoncent une "gestion dangereuse" pour leur santé et celle des résidents.
La petite commune de Gaël, au sud-ouest de Rennes, 1600 habitants, est touchée par un profond malaise au sein de son Ehpad : "On se préoccupe davantage de la santé budgétaire que de la santé des résidents ou des soignants", affirme Jacques Tallec, secrétaire général SDAS FO 35.
Sur des patients non valides, vous ne pouvez pas en un quart d'heure les réveiller, les préparer. Or, on a parfois 10 minutes pour s'occuper d'eux et on ne les revoit pas avant le soir ou un repas. Cela n'est pas vivable.
Astrid Malosoignante à l'Ehpad de Gaël
"On alerte depuis 4 ans", explique le syndicat Force Ouvrière. L'Ehpad accueille 23 personnes âgées. Pour les encadrer jour et nuit, il y a 11 salariés et trop peu de soignants, d'autant que chez les résidents, les profils ont changé : plus de soucis psychiatriques, d'Alzheimer, le personnel est désarmé. Il y a eu cinq démissions l'an passé.
"Sur des patients non valides, vous ne pouvez pas en un quart d'heure les réveiller, les préparer. Or, on a parfois 10 minutes pour s'occuper d'eux et on ne les revoit pas avant le soir ou un repas. Cela n'est pas vivable", témoigne Astrid Malo, qui est soignante à l'Ehpad de Gaël.
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"J'attends la mort, j'en ai marre d'être là"
Pour leur second débrayage en dix jours, les salariés ont reçu à ouveau le soutien des familles qui réclament à la fois une nourriture et un encadrement à la hauteur. Véronique Diallo est la fille d'une résidente et elle fait remarquer qu'à chaque fois qu'elle vient lui rendre visite, "elle est toujours à la même place et dans le même fauteuil. Et quand je pose des questions à ma petite maman, elle me dit moi j'attends la mort, j'en ai marre d'être là", confie-t-elle.
Monsieur le maire aussi s'est déplacé. Il y a quelques semaines, Gaël a appris la fermeture d'une plateforme logistique avec 185 emplois en péril. Aujourd'hui, c'est donc l'Ehpad qui trébuche et sa commune n'avait pas bespoin de ça : "C'est un manque de respect pour ceux qui ont fait la richesse de notre territoire et qui arrivent en fin de vie, sans qu'on leur permette de vivre décemment. Cela n'est pas normal", conclut Denis Levrel.
Sollicitée, la direction de Coallia, association qui gère l'établissement, n'a pas souhaité répondre à nos questions.
(avec Gilles Le Morvan et Vincent Bars)