Des agents non remplacés, faute de candidats agents hospitaliers ou aide-soignants, des journées de travail à rallonge : le personnel de l'Ehpad de Malestroit, dans le Morbihan, accumule les journées de grève et réclame des renforts pour un été qui s'annonce difficile. Le maire de la ville souhaite travailler avec la direction pour trouver des solutions.
À Malestroit, les salariés de l'établissement pour personnes âgées dépendantes achèvent leur neuvième journée de grève, ce jeudi 13 juin. Pour s'occuper des 200 patients de l'Ehpad, la main d'œuvre manque. Sur les 120 postes que compte l'établissement, certains ne trouvent pas preneurs. Les arrêts de travail s'accumulent, et les salariés doivent souvent adapter leur emploi du temps, pour combler les trous.
Un rythme de travail dénoncé
"On culpabilise vis-à-vis de nos collègues quand on ne peut pas venir remplacer au pied levé l'absence d'un soignant", souligne Laurianne Leroy, aide-soignante dans cet Ehpad depuis dix ans. Les soignants, essentiellement des femmes, dénoncent un rythme de travail devenu infernal.
Manon Leborgne, agent de service hospitalier depuis six ans, avait le projet de devenir aide-soignante et de se former pour cela, mais la jeune femme y a finalement renoncé, n'étant plus certaine de pouvoir "tenir". "On a des horaires atypiques en temps normal, mais là, on doit aussi revenir sans arrêt sur des jours de repos" explique-t-elle, soulignant que ce n'est pas sans conséquence sur sa famille.
Journée de 12 heures
Le cortège s'élance au son des casseroles dans la ville de Malestroit. Sur les pancartes, la journée de 12 heures est dénoncée. Dans les emplois du temps, la direction y a plus souvent recourt, une organisation de la journée de travail trop longue, redoutée par les soignants.
Un résident de l'Ehpad rejoint la manifestation qui défile dans la ville. "Ils ne sont pas en nombre suffisant", confirme Alexis Emeraud, "et les intérimaires, c'est bien, mais ils ont moins l'habitude, alors ça fait plus de travail aux soignants habituels".
"On est coincée"
"Certaines personnes âgées n'ont que nous", rappelle Lauriane Leroy, "lorsque les familles sont loin et les visites rares. Mais on ne peut plus prendre le temps d'écouter ces personnes-là, c'est très dur."
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Catherine Olivier, infirmière depuis 22 ans à l'Ehpad, souligne une autre frustration : "on est coincée entre les familles des patients qui nous demandent de faire attention à leur proche, et le rythme de travail qu'on nous impose."
Répondre au manque de soignants
De son côté, la direction rappelle qu'elle connait des difficultés de recrutement et qu'elle a bien conscience des efforts demandés. Elle s'engage à poursuivre les démarches pour recruter, notamment en intérim. Mais le personnel craint de continuer à travailler tout l'été en sous-effectif.
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Le maire de Malestroit, qui à ce titre préside le conseil d'administration de l'Ehpad, écoute les doléances de la délégation de grévistes qu'il reçoit. Il lui annonce qu'il va mettre en place un comité de pilotage pour répondre à la pénurie de soignant dans l'établissement.