Le tribunal correctionnel de Rennes a prononcé un an de prison ferme ce jeudi 30 novembre 2023 à l'égard d'un jeune "harcelé" de 20 ans. Ce dernier avait asséné un coup de couteau à un de ses camarades de 16 ans sur le campus de la "faculté des métiers" de Ker-Lann, à Bruz (Ille-et-Vilaine), le 10 octobre 2023.
Le jeune prévenu, jusqu'alors "sans histoire", est sorti de détention : il a été autorisé à purger sa peine sous la forme d'un bracelet électronique.
Pour comprendre son passage à l'acte, les juges sont revenus sur le parcours scolaire chaotique du jeune homme, émaillé de harcèlement scolaire d'abord dans son premier collège du quartier Kennedy à Rennes, puis dans un second, et enfin au lycée où il "retrouve ses harceleurs" et subi parfois "des violences". Le jeune homme finit par être "déscolarisé pendant trois ans", entamant "des embryons" de suivi psychologique mais opérant surtout "un repli sur lui-même".
Une situation qu'il réglait dans un premier temps en "appelant son frère", mais qui l'avait finalement conduit "depuis un ou deux ans" à avoir "un couteau rétractable en permanence sur lui" parce qu'il avait "peur".
La victime avait "rigolé" du prévenu
Huit jours avant les faits, il avait été placé en garde à vue après avoir "donné une gifle" à un conducteur de bus : un couteau avait alors été "saisi" sur lui, mais le jeune s'était empressé d'en "commander un autre sur Amazon".
Le jour des faits, le 10 octobre 2023, cela faisait donc "trois semaines" que le jeune homme avait repris le chemin de l'école en entamant une formation pour devenir électricien sur le campus de Ker-Lann, à Bruz.
Alors que les jeunes apprentis assistaient ce jour-là à un cours de secourisme, un de ses camarades qui avait pris "l'habitude de lui demander de payer des cafés et des canettes" et de se moquer de sa "somnolence" pendant les cours avait "rigolé" et s'était "moqué" du prévenu quand celui-ci s'était exercé sur le mannequin.
Une dispute avait alors éclaté entre les deux à la sortie des cours : au moment où le plus jeune souhaitait "partir", il avait ressenti "un coup au niveau de l'épaule gauche" et avait vu "du sang couler sur son T-shirt".
"Je voulais que cela s'arrête"
Lorsque la victime avait relevé la tête, elle avait son agresseur tenir un couteau dans la main, racontera-t-elle aux enquêteurs. "Il a cru mourir", assure l'avocate du conseil départemental d'Ille-et-Vilaine, qui défendait ses intérêts à l'audience. Le prévenu sera retrouvé trois jours plus tard au domicile de son père, chez qui il se cachait depuis les faits.
Au tribunal correctionnel de Rennes ce jeudi 30 novembre 2023, où il comparaissait détenu, le prévenu a expliqué ne pas avoir su "gérer la peur" que lui inspirait cet adolescent qui se mettait régulièrement "à côté" de lui dans le bus. "Je voulais juste que ça s'arrête", a-t-il répété à plusieurs reprises. Le prévenu a également présenté ses "excuses" à la victime, qui avait eu un "pneumothorax" consécutif à cette plaie "de 4 centimètres de profondeur".
L'avocat du jeune prévenu a toutefois annoncé avoir déposé une plainte pour "harcèlement scolaire" à son encontre le 28 novembre 2023, soit deux jours avant le procès. "Il me fait pitié ce garçon-là : il a 20 ans et on l'a mis en détention", se désole Me Bertrand Maillard, pour qui les faits relevaient "d'une véritable tentative de suicide" de son jeune client.
L'avocat de la défense est finalement parvenu à le sortir de détention : en effet, le prévenu a écopé de trente mois de prison dont douze ferme. Le tribunal correctionnel de Rennes a décidé d'aménager la peine en Détention domiciliaire sous surveillance électronique (DDSE). Dans le cadre de son sursis probatoire, le prévenu devra suivre des soins, travailler, réparer les dommages et aura interdiction de détenir une arme, même un couteau.