Huit mois de prison avec sursis pour un couple qui vendait du matériel pour la culture du cannabis

Un couple vendant du matériel pour la culture de cannabis a été condamné à huit mois et demi de prison avec sursis ce 21 décembre. Le tribunal correctionnel de Rennes leur reproche de vendre du matériel destiné exclusivement à la culture de cannabis en intérieur.

Gaëlle, 41 ans et Damien, 40 ans, gérant d'un magasin près de Rennes, ont été condamnés pour "aide à l’usage de stupéfiants, complicité d’emploi non autorisé de stupéfiants et complicité d’offre et cession non autorisés de stupéfiants."

Le couple détient ce magasin depuis 2004. En plus de leur sursis, le tribunal a prononcé une confiscation des scellés pour un montant d’environ 13.000 euros. 

Le Tribunal reproche aux quadragénaires de vendre du matériel destiné exclusivement à la culture de cannabis en intérieur et d’avoir donné des conseils "de la bouture à la récolte", à certains clients.

Ils ont été dénoncés par une quarantaine de producteurs/consommateurs qui avaient été auditionnés dans le cadre d’une enquête de gendarmerie sur un réseau de trafic local de produits stupéfiants. 

"Les perquisitions réalisées chez ces consommateurs sur l'ensemble du département d'Ille et Vilaine ont d'ailleurs permis de découvrir de nombreux appareils de cannabiculture", avait précisé le magistrat, début décembre. 

 

Pour le couple, une activitée "passion"


Les deux commerçants ont mis en avant "leur passion pour les plantes" et rétorqué que leurs produits pouvaient aussi bien être utilisés pour cultiver des cactus, des orchidées ou des tomates. "Le produit était légal, on ne s'est pas posé de question", a expliqué Gaëlle, foulard rouge, lunettes et cheveux bouclés bruns.

"On travaille avec des passionnés d'orchidées et des cultivateurs de légumes", a ajouté Damien, cheveux bruns et barbe naissante, tout en reconnaissant savoir que certains clients cultivaient du cannabis. "J'avais des doutes sur certaines personnes mais pas de certitudes", a affirmé Gaëlle, qui ne voulait pas "incriminer" ses clients.

La défense a dénoncé "l’immense hypocrisie" des poursuites "lorsqu’on voit la banalisation de ce matériel", notamment sur internet, a remarqué Me Stéphane Peltier. Me Camille Delva a, elle, reconnu que ses clients avaient fait une "erreur" en ne rembarrant pas certains clients et en leur donnant des conseils.

 

Le parquet juge leur activité “dangereuse”.


"Personne ne leur reproche d’être des mini Pablo Escobar, c’est bien évident", a admis Jordan Abedi, substitut du procureur de Rennes, qui a cependant jugé qu’ils étaient "dangereux pour nos concitoyens et pour la santé publique". "Ils ont parfaitement conscience de la destination de leurs conseils. Et, sans ces cannabiculteurs, leur activité n’est pas viable" a-t-il ajouté, en requérant 18 mois avec sursis.

Début décembre, Gaëlle et Damien avaient été interpellés et placés en garde à vue. Le couple avait demandé un délai pour préparer sa défense. Le tribunal les avait donc placés sous contrôle judiciaire strict et renvoyé l’examen du dossier à ce 21 décembre. 

Entre 150.000 et 200 000 personnes cultiveraient du cannabis à leur domicile, selon l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). Pour répondre à cette demande, les magasins spécialisés dans la vente de matériel a quintuplé en dix ans, selon l'OFDT, pour atteindre 300 enseignes en 2016.

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