"Il y a une vraie paupérisation des séniors". Pourquoi le viager a la cote auprès des retraités et des investisseurs immobilier

Pour les séniors souhaitant optimiser leur retraite sans quitter leur domicile, ou les investisseurs en quête de placements éthiques et rentables, le viager connaît un véritable engouement. En Bretagne, la tendance est nette et pourrait même encore s'accentuer dans les prochaines années.

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Le viager représente 1% du marché immobilier. C'est un marché de niche et pourtant, il fait de plus en plus parler de lui. Son principe est simple : il consiste à vendre à un tiers un bien immobilier en échange d'un bouquet (apport de base) et d'une rente mensuelle. Cette rente est dite "viagère" car elle s’éteindra au jour au décès du crédirentier. 

Que ce soit un viager libre ou occupé, cette solution de financement de la retraite pour les personnes âgées a de plus en plus de succès. Et la Bretagne n'échappe pas à la règle. Basé en Ille-et-Vilaine, Yann Brentot est un professionnel expérimenté du secteur. Installé depuis 2017, il a vu s'accentuer la tendance ces derniers temps : "J'ai de plus en plus de gens qui me demandent des études viagères avec tous types de profils, majoritairement quand même des retraités entre 70 et 85 ans, propriétaires de leur résidence principale. De l'autre côté, j'ai des investisseurs qui veulent diversifier leur portefeuille et qui souvent en ont marre des soucis liés aux locations", explique-t-il. 

Du viager "de besoin" au viager "climatique"

Pour les vendeurs retraités qui décident d'opter pour un viager, il y a selon Yann Brentot, deux cas de figure : "Il y a ce que j'appelle le viager de confort, pour faire le tour du monde, et puis il y a le viager de besoin, celui-là j'en ai de plus en plus, du fait de la conjoncture économique. Les gens sont inquiets. Il y a une vraie paupérisation des séniors". Et puis, il y a selon lui un nouveau type de viager qu'il qualifie de viager "climatique" : "Ce sont des investisseurs du sud de la France qui parient sur le climat breton plus tempéré dans les 10,15 ou 20 prochaines années".

"Une grosse bouffée d'air"

Le professionnel tient à préciser que "dans le viager, on part toujours de la problématique du vendeur, de ses besoins et désidératas".

C'est exactement le sentiment d'un quadragénaire rennais, auquel le père de 72 ans a annoncé récemment, comme à ses deux autres enfants, qu'il allait vendre son petit T2 d'Arcachon en viager. L'ancien médecin généraliste aux revenus confortables a vu son niveau de vie fortement chuter à la retraite. Et il avait pourtant bien l'intention de profiter de ses prochaines années. Une décision que son fils a parfaitement accepté même s'il a le sentiment que c'est un sujet qui reste encore tabou : "Moi, je trouve ça bien, je ne vois pas du tout ça comme de l'égoïsme. Il a toujours dit que ce qu'on peut laisser de mieux aux enfants, c'est la présence et il a toujours été là pour nous. Aujourd'hui, je sens que cette décision a été une grosse bouffée d'air pour lui. Cela l'a rassuré", conclut-il. 

"J'imaginais que ces acheteurs étaient tous des requins"

Pierre Mayol, 81 ans, a lui aussi sauté le pas. Non voyant, sans enfant, l'ancien éducateur spécialisé ne se voyait pas aller en maison de retraite et souhaitait rester dans sa maison. Il a donc commencé à envisager cette solution. Il y a un mois, il a vendu en viager sa maison de Saint-Jouan-des-Guérets, au nord de l'Ille-et-Vilaine. Pourtant, à la base, il avait beaucoup d'idées reçues à ce sujet : "J'imaginais que les gens qui achetaient en viager étaient tous des requins !", s'amuse-t-il aujourd'hui. Car dans son cas, cela a été tout le contraire : "J'ai vendu à des gens qui habitent dans le lotissement proche de chez moi. Des gens très bienveillants, qui sont toujours là pour m'aider en cas de besoin. Il y a un respect mutuel et ça pourrait être des amis. Nous ne sommes pas du tout dans un rapport acheteur-vendeur".

La rente mensuelle me servira à payer une personne pour m'aider au quotidien. Je n'y vois que des avantages.

Pierre Mayol

81 ans, vient de vendre sa maison en viager

Pierre Mayol avoue aujourd'hui se sentir "soulagé" : "Je n'avais pas les moyens de me faire aider dans les tâches quotidiennes. Maintenant, grâce au bouquet du viager, je vais pouvoir faire quelques aménagements dans ma maison pour qu'elle soit mieux adaptée à mon handicap, et aider financièrement mes neveux et nièces.
"Et puis, la rente mensuelle me servira à payer une personne pour m'aider au quotidien. Je n'y vois que des avantages", poursuit l'octogénaire. Il va même plus loin : "Cela m'a redonné des perspectives et ça a tout changé pour moi : d'accord je ne suis plus propriétaire mais ça m'a fait réinvestir ma maison, non seulement parce que je sais que je vais rester encore dedans, et parce que j'ai envie qu'elle soit belle pour eux plus tard", conclut-il. 

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