Crise de l'immobilier. Constructions à l'arrêt, locations saturées, ventes bloquées, le secteur souffre : quelles conséquences en Bretagne

Des ventes qui flanchent, un marché de la location totalement saturé, le secteur de l’immobilier est en crise. La dirigeante du groupe immobilier Nexity annonce, ce vendredi 26 avril sur franceinfo, un plan social touchant 502 postes. La Bretagne n’est pas épargnée. Tour d’horizon de la crise que connaît l’immobilier dans la région.

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Sur Rennes, les annonces pour louer un appartement sont rares, voire introuvables. Question achat dans l’ancien les opportunités sont là mais encore faut-il obtenir l’accord d’une banque pour se lancer.

Faire construire ? La chute des permis de construire est vertigineuse. Cette crise sur le secteur de l’immobilier n’est pas restreinte à la capitale de la Bretagne. Toute la région est touchée et l’ensemble de la chaîne de l’immobilier subit de plein fouet une crise prévisible.

De 30 à 70% de ventes en moins selon les villes

Depuis 2022 la fédération des promoteurs de l’immobilier alerte sur “le recul inexorable des permis délivrés par les maires” puis “la chute du niveau de solvabilité des ménages due à la hausse des taux d’intérêt”. Du fait des difficultés d’accès au crédit, les investisseurs sont de moins en moins nombreux à se lancer. 

Conséquence, en France le nombre de transactions immobilières a chuté de 25% entre 2022 et 2023. Dans la région, la baisse est supérieure. Près de 30% de ventes en moins sur la période et dans certaines villes pour le neuf, la chute est vertigineuse : jusqu’à 70%.

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Crise chez les promoteurs

Cette violente chute d’activité concerne d'abord “l’amont de la filière” précise Nicolas Lebon de la fédération régionale du bâtiment en Bretagne. "Les grands promoteurs immobiliers comme Bouygues, Kermarrec ou Nexity sont les premiers touchés”.   

Sur le plateau de Franceinfo, ce vendredi 26 avril 2024 la PDG du premier promoteur français, le groupe Nexity, annonce supprimer 502 postes. “Une décision pas facile à prendre” souffle Véronique Bédague qui justifie ce plan social comme la seule solution pour faire face “à la crise conjoncturelle” dans son secteur de la construction. Car les coûts de la construction pour le neuf ont flambé de “18% à la suite de la guerre en Ukraine” précise la dirigeante.

Le bâtiment dans l’attente

Pour Nicolas Lebon, l’activité de la construction n’est pas encore autant touchée par la chute des transactions. “Il y a une inertie entre le moment où les contrats sont signés et la mise en chantier des constructions”. Mais les chiffres sont là et la région dénombre déjà un quart de logements livrés en moins sur un an.

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En Bretagne la moitié des programmes immobiliers de construction sont des maisons individuelles. Avec près de 20.000 mises en chantier en moins par rapport à l’année passée, des entreprises voient leur carnet de commandes fondre. “Pour l’instant, il n’y a pas d’impact sur l’emploi, l’effectif des salariés est stable mais nous sommes très vigilants. Notre secteur du BTP est le 3e le plus touché par les liquidations d’entreprises.” 

Côté chiffres, “le secteur de la rénovation a augmenté de près de 5% mais cela ne compense pas les 25% de baisse dans la construction” souffle le représentant de la filière du bâtiment en Bretagne.

Le neuf en chute libre en Bretagne

Rennes a été la première ville impactée par la crise du secteur de l’immobilier affirme le baromètre de l’immobilier des notaires bretons, dans son étude diffusée ce 27 mars 2024. 

Depuis, cette tendance s’est généralisée à Brest, Vannes ou même au Centre-Bretagne. La cause est connue, la hausse des taux de prêt immobilier de ces deux dernières années bloque les acheteurs. Une baisse de ce taux est attendue, tout comme un assouplissement des conditions de crédits, précise les notaires bretons qui espèrent une reprise de l’activité immobilière. En attendant, le secteur souffre et les acteurs les plus solides doivent se restructurer. 

Terrains à bâtir, constructions d’appartements, les ventes de biens immobiliers dans le neuf se font de plus en plus rares. Comme sur le plan national, selon les derniers chiffres pour la Bretagne, les baisses les plus importantes se situent sur cette frange du marché : -40,8% pour la vente d’appartements neufs et -34,4% dans la vente de terrains à bâtir dans la région sur un an selon les chiffres de mars 2024.

À l'échelle départementale, c’est dans les Côtes d’Armor et en Ille-et-Vilaine que le marché dévisse le plus. -46,5% de vente d’appartements neufs pour les Costarmoricains et -42,7% pour les Bretilliens. Les chiffres sont similaires pour la vente de terrains.

Dans le Morbihan la baisse est de -35,5% et elle se situe à -24,9% dans le Finistère.

L’ancien également au ralenti

Dans l’ancien, la baisse des ventes est plus contenue avec une chute de -18,2% pour les appartements et de -17,7% pour les maisons selon les derniers chiffres établis au mois de mars vis-à-vis de l’année dernière.

Cette chute autour de -18% de transactions immobilières dans l’ancien se retrouve autant dans les Côtes d’Armor, le Morbihan et l’Ille-et-Vilaine. Dans le Finistère, la baisse est plus importante, -29,4% dans le volume de vente des appartements.

Primo accédants et locataires en première ligne

Si des professionnels perdent leur emploi, du côté des particuliers la douche est également glaciale. Les premières victimes de la crise sont les primo-accédants, qui, pour financer les achats de biens ont besoin d’une épargne conséquente.

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Un agent immobilier spécialiste du secteur rennais depuis 20 ans l’assure “je n’ai jamais connu une telle situation”. Les dossiers de prêts “ne passent pas pour les demandes de crédits pour un premier bien et sur la location, j’ai parfois près de 100 dossiers pour un appartement”. 

L’espoir de la baisse des taux d’intérêt

Ce 11 avril 2024, pour la toute première fois depuis début 2022, la Banque de France a constaté une baisse du taux de crédit moyen. Il est passé de 4,17% à 4,11% (hors frais et assurance). François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, avait annoncé dès le mois de février que les taux allaient baisser graduellement d’ici la fin du mois de juin.

“Le gouverneur de la Banque de France doit annoncer ce 6 juin le nouveau taux d’intérêt. On a l’espoir que cela baisse d’une vraie baisse" insiste Nicolas Lebon depuis ses bureaux de Rennes. Pour le secrétaire général de la fédération régionale du bâtiment, “avec une baisse de l’inflation et un taux d’intérêt qui chute, nous pouvons espérer un effet mécanique positif pour la filière”.   

Le secteur du bâtiment a besoin d’un vrai électrochoc monétaire. "Plus les taux baisseront, mieux on se portera", affirme Véronique Bédague de Nexity. Mais elle invite surtout le gouvernement à agir. 

Sur le plateau de Franceinfo, la directrice générale du groupe immobilier Nexity exprime des réserves quant aux mesures prises jusqu'à présent par le gouvernement. Elle rappelle que lors du Conseil national de la refondation du Logement de l'année dernière, l'ancienne Première ministre Élisabeth Borne avait promis que le gouvernement "prendrait des mesures pour rendre l'investissement dans le logement plus attrayant" dès la prochaine loi de finances.

Cependant, selon Véronique Bédague, ces mesures n'ont pas été mises en œuvre. Elle reconnaît néanmoins l'engagement du nouveau Premier ministre, Gabriel Attal, qui, lors de son discours de politique générale, a affirmé qu'il serait prêt à se battre pour obtenir des logements "jusqu'à en user ses dents". Pour les salariés Bretons de Nexity qui ont appris ce 26 avril la mise en place du plan social, rien n'est encore défini. "Nous sommes au début de la période de négociation, il est encore trop tôt pour savoir comment cela se mettra en place en Bretagne" assure Cyril Rizk du premier groupe immobilier français.    

   

  

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