“Je viens ici parce que je suis en surendettement”. Le Solidaribus en itinérance pour lutter contre la pauvreté

De passage chaque mois dans une vingtaine de communes d'Ille-et-vilaine, le Solidaribus a effectué ce mardi 3 septembre un arrêt à Montauban-de-Bretagne. Entre aide alimentaire et suivi administratif, les bénévoles du secours populaire soutiennent matériellement et psychologiquement les personnes à la mobilité réduite, en venant directement à elles.

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Ce mardi 3 septembre, le Solidaribus a stationné une partie de l'après-midi devant le centre Victor Hugo de Montauban-de-Bretagne. Son concept ? Venir au contact des gens qui ne peuvent pas se déplacer ou pour qui un trajet jusqu'à Rennes est synonyme de dépenses supplémentaires. En France, c'est en effet "un tiers des ménages les plus pauvres qui n'ont pas de voiture et un quart des chômeurs qui n'ont pas le permis". En guise de solution, le Solidaribus sillonne la Bretagne du Grand-Fougeray à la Guerche, en passant par Martigné-Ferchaud.

Pour moi, c'est important. Cela évite une dépense supplémentaire d'essence pour me rendre en ville

Sonia, bénéficiaire au RSA

Distribution de produits de première nécessité

Sur place, trois bénévoles sont présents pour accueillir à bras ouverts les 18 familles bénéficiaires. Parfois dans une salle prêtée par la mairie, souvent dans le camion. Au programme : distribution de légumes frais du maraîcher d'Irodouër, de livres et de quelques produits de première nécessité. La majorité de ce qui est récolté provient de dons de producteurs, de supermarchés et de libraires du coin. Un soin particulier est apporté à la qualité des aliments : les aubergines, courgettes et concombres sur les tables sont tous issus de l'agriculture biologique.

Je ne leur donne que ce que je mangerais moi-même.

Marie-Claude Martin

Bénévole du Secours populaire

Le programme "Mieux manger pour tous", lancé par le gouvernement en 2023, participe lui aussi à cette entreprise puisqu’il subventionne et aide l'association. Les conditions principales d’accès ? Choisir du local et du biologique.

Du matériel scolaire distribué aux plus précaires

Avec la rentrée des classes, du matériel scolaire est également donné aux familles qui n'ont le droit à aucune prestation sociale pour acheter les fournitures de leur enfant. Un coup de pouce bienvenu quand l’on sait que le coût de celles-ci atteint souvent 400 euros. Cette aide leur permet ainsi d'appréhender le début de l'année avec plus de sérénité et évite de possibles discriminations à l'école.

Au soutien matériel vient s'ajouter un suivi administratif pour ceux qui en ressentent le besoin. Marie-Claude programme ainsi régulièrement des points avec certains des bénéficiaires pour les amener à faire-valoir leurs droits. Un accompagnement nécessaire puisqu'en 2022, on comptait toujours 34 % de non-recours pour le RSA parmi leurs ayants droit (Drees). La mise en lien se fait alors avec des conseillers France services et des médecins bénévoles pour dispenser des soins.

Un espace qui recrée du lien social

Le Solidaribus a aussi une dimension relationnelle importante. "C’est ma sortie du mois" déclare Sonia, l'une des bénéficiaires, "on est toujours bien accueilli".

Lieu d'échange et de partage, cette initiative du Secours populaire est bien plus qu'une aide matérielle, elle participe à recréer du lien social avec des personnes souvent isolées.

Les sourires sont alors de mise et aident à délier les langues, à créer du contact. L'ambiance y est conviviale et les personnes considérées.

"Mon frère a des séquelles d'un AVC, et ma mère a 85 ans. Je vis avec elle, et cette solidarité est indispensable. Nous leur en sommes reconnaissants", explique Marc, un bénéficiaire. 

Ceux qui donnent de leur temps pour l’association témoignent d’une bienveillance inconditionnelle. Au cours du premier entretien, Marie-Claude ne demande jamais les ressources de ses interlocuteurs et dialogue afin “d'instaurer une relation de confiance mutuelle”. Les bénévoles font en effet preuve de souplesse pour leur dossier, comme elle le rappelle, "les gens repartent toujours avec quelque chose, on est humain ici, on n’est pas à cheval sur les principes ".

Sortir les familles de l'isolement passe notamment par la proposition de séjours et de sorties intergénérationnelles : cette année, 198.000 enfants ont pu partir en vacances grâce à l'organisme et une journée Bonheur est organisée tous les ans. Une respiration pour ceux qui vivent dans la précarité.

Des chiffres sur la pauvreté alarmants

Le bilan général reste malgré tout inquiétant. Selon une enquête du Secours populaire et de l'IFOP en 2023, près de 62 % des Européens ont déjà dû restreindre leur déplacement pour des raisons financières liées à leur situation précaire. Sur le plan nutritionnel, c'est aussi plus "d’un Français sur trois (32 %) qui rencontre des difficultés pour se procurer une alimentation saine, lui permettant de faire trois repas par jour ".

Aujourd'hui, 2 millions de personnes bénéficient du Secours populaire et c'est un chiffre qui ne cesse de croître. De quoi susciter l'indignation de plusieurs bénévoles qui se sentent délaissés, qui ont le sentiment de s'être substitués à l’État social. Plusieurs facteurs comme l'augmentation des contrats courts, des temps partiels ou les conditions plus difficiles d'accès au chômage ne permettent plus de couvrir l'intégralité des dépenses du mois pour un revenu faible. Bien que l’inflation soit relativement stagnante cette année, la pauvreté reste galopante.

À l'échelle mondiale, l’UNICEF rappelle qu'en 2023, "environ 2,33 milliards de personnes dans le monde étaient en situation d’insécurité alimentaire modérée ou sévère. Ce nombre qui n’a guère évolué depuis la forte hausse de 2020, au milieu de la pandémie de COVID-19.”

Certains stigmates demeurent donc malgré les aides dispensées après la crise ; on n’est pas près de ne plus avoir besoin du Secours populaire et de son Solidaribus.

Écrit par Guilhem Biennier, stagiaire, étudiant en Lettres

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