Job dating inversé. Face au manque de main d'œuvre, les recruteurs se mettent en scène

Un « stand-up de l’emploi ». L'opération est menée par le pôle emploi de Rennes sud. Quatre minutes de parole pour chacun des 10 recruteurs invités à tenter de convaincre des oiseaux rares. Et en spectateurs, une soixantaine de jeunes courtisés par des entreprises qui peinent à trouver des bras.

La Bretagne recrute : précisément 162.780 offres annoncées par les recruteurs en 2022, c'est +17,1 % par rapport à 2021 et dans 66% des cas, les entreprises indiquent qu'elles ont du mal à trouver chaussure à leur pied.

Et pour cause ! Le taux de chômage de la Bretagne est le plus bas de France (5,8% contre 7,2% au niveau national), ce qui rend mathématiquement les candidats plus rares.

C'est aux recruteurs de convaincre

Pôle emploi expérimente donc une nouvelle formule pour recruter : un "stand up de l'emploi".

Pas d'artiste en scène mais des recruteurs. En quelques minutes, ils se présentent, détaillent les postes recherchés, et fait nouveau, certains mettent en avant les efforts qu'ils sont prêts à consentir pour faciliter la vie des candidats.

NGE Bâtiment par exemple mise sur des jeunes en apprentissage. Elle en cherche une vingtaine immédiatement. Un seul maçon vous manque et c'est un chantier qui patine, alors NGE va assez loin dans l’accompagnement.

"On vient vous récupérer chez vous et on vous amène au centre de formation, annonce Mélanie Henoque, assistante RH chez NGE Bâtiment, et le soir, le car revient vous chercher et vous ramène". L'entreprise s'engage aussi sur le logement.

"On fait du cas par cas, poursuit Mélanie Henoque. Si on a un apprenti  en difficulté, on s’assure qu’il est suivi, on peut même lui proposer des solutions d’urgence pour que notre jeune ne se retrouve pas à la rue, qu’il ne subisse pas une situation qui le mènerait à l’échec".

"Sur 15 CV reçus, 3 personnes répondent"

Les entreprises qui se prêtent au jeu interviennent dans le bâtiment, le transport, le commerce, la grande distribution, la banque, ou encore les services à la personne comme Zen Seniors Services.

Là, c'est la souplesse des volumes horaires qui est mise en avant : quelques heures par jour, le matin ou le soir, le temps plein est aussi possible bien-sûr.

Ce secteur est particulièrement en tension, c'est même le top 2 derrière "agent d'entretien de locaux" et devant "aide-soignant" , alors il faut tout tenter pour recruter.

 "Aujourd'hui les candidats ont le monopole, analyse Delphine Coulon, venue au Triangle pour optimiser ses chances. Ce n’est plus nous, ils ont des offres à foison. Je mets des annonces toutes les semaines et sur 15 CV qu’on reçoit, 3 personnes vont me répondre, ça va aboutir à 2 ou 3 entretiens mais la moitié ne vont pas s’y présenter, peut-être parce qu’ils ont été pris ailleurs. Ça, c’est la réalité".

Fin des stand-up, les 60 jeunes quittent les gradins et choisissent d'aller voir la personne qui leur a semblé la plus convaincante. Le dialogue s'installe, on est loin du stress d'un entretien.

"Equilibre entre recruteurs et salariés"

"C'est vraiment beaucoup plus détendu, moins impressionnant", selon Miline Gouéry. La jeune femme enchaîne les échanges, même pour des métiers auxquels elle n'aurait pas forcément pensé.

"C’est bien de voir à qui on a à faire. Comme il a présenté son entreprise, ses attentes c’est plus simple d’aller vers l’employeur."

"Un équilibre s’est installé entre le recruteur et les salariés", analyse Stéphane Bideau, directeur régional adjoint de pôle emploi Bretagne. Durablement ? "Personne ne peut véritablement le dire, poursuit-il, mais les indicateurs économiques sont tous au vert pour le moment et nous sommes au même rythme de dépôt d’offres".

Dans deux voire trois semaines, les recruteurs mesureront les effets de cette expérimentation. Un nouveau "stand-up de l'emploi" sera organisé à Rennes en octobre. 

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