Aujourd'hui propriétaires d'un château en Mayenne, un jeune couple a été condamné hier à Rennes, pour de nombreux vols opérés dix ans plus tôt dans des églises du grand Ouest. Un an de prison avec sursis et 15 000 euros d'amende pour lui, 10 000 euros d'amende pour elle.
Le tribunal correctionnel de Rennes a condamné ce lundi 5 février 2024 un couple de jeunes châtelains de Montaudin, en Mayenne, qui avait volé des objets religieux dans une quarantaine d'églises du Grand Ouest entre février et novembre 2014.
À l'époque, Gwendoline et Billy étaient respectivement âgés de 24 et 27 ans : elle était étudiante en stage de fin d'études, et lui venait de quitter la Garde royale britannique pour rejoindre ses parents à Coësmes, en Ille-et-Vilaine.
Virées en voiture
À l’époque, Billy et sa compagne faisaient "des balades en voiture" au cours desquelles Billy entrait dans les édifices pour embarquer ce qu'il y trouvait. Des calices, des hosties, des ciboires, des patènes (petites assiettes servant à présenter l'hostie), ou des clés de tabernacle ont ainsi été revendus outre-Manche via eBay, ou à un vieil ami de la famille brocanteur à Retiers, en Ille-et-Vilaine.
À lire. Vol dans une église à Lorient. Une croix celtique disparaît
Château à un million d'euros
Dix ans plus tard, elle est propriétaire d'un château acheté "un million d'euros" avec "un héritage" ; son compagnon, lui, le rénove pour en faire une salle de réceptions. Il gagne aussi "10 à 20.000 € par mois, parfois plus" grâce à des vidéos Youtube sur la rénovation. Ils sont également parents de deux jeunes enfants.
Mais ce lundi 5 février 2024, le couple devait répondre d'une quarantaine de vols commis en 2014, il y a donc dix ans, notamment en Bretagne, à La Guerche-de-Bretagne : "deux couronnes" y avaient été dérobées. Ils étaient aussi passés à Gahard, Amanlis, Marcillé-Robert, Lanhélin, Pléchâtel, Arbrissel, Saint-Séglin et Sainte-Anne-sur-Vilaine, Ille-et-Vilaine, ou bien encore à Pleudaniel, dans les Côtes-d'Armor.
"Pas choquée"
Le couple avait pareillement raflé des objets dans une dizaine d'églises en Pays de la Loire et en Normandie. En attendant son compagnon dans la voiture, Gwendoline n'avait pourtant "pas conscience d'être impliquée" : pendant ce temps, elle "jouait" sur son téléphone ou "rédigeait" son mémoire. Et quand elle a été mise au courant de ses méfaits, elle n'a "pas été choquée" car elle "n'avait pas une haute opinion de l'Eglise", dira-t-elle aux enquêteurs.
Le juriste du diocèse de Rennes, présent à l'audience, a néanmoins déploré "la perte de ces objets qui servaient tous au culte". Il avait donc réclamé une somme symbolique de 2.000 € au tribunal pour "le temps passé" dans cette procédure : le plus souvent, les assurances des communes, propriétaires des objets, ont remboursé les "pertes". Le diocèse tient aussi le couple pour responsable d'une "perte d'attractivité" pour les églises : après cette succession de vols, elles ont dû "limiter les horaires d'ouverture" ou installer "des caméras pour surveiller".
La plupart des objets rendus aux églises
Mais "soixante-douze scellés sur soixante-seize" ont été restitués, a noté le procureur de la République : tout ce qui a pu être rendu aux églises l'a été, le reste a été "donné à la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC)". Dans ces conditions, le représentant du parquet de Rennes s'est donc dit favorable à des peines d'amendes.
Dans cette affaire, Billy avait fait trois mois de détention provisoire. Depuis lors, ni l'un ni l'autre n'ont commis de "nouveaux faits" en dix ans, puisque leurs casiers judiciaires sont vierges de toute condamnation. Me Elodie Brault, l'avocate du Youtubeur, a donc mis cela sur le compte de "l'immaturité" de son client à l'époque : il n'a "pas réussi à tenir le rythme des gardes royaux en Angleterre" et a cédé à "la facilité".
Billy a au final été condamné à un an de prison avec sursis et à 15.000 € d'amende ; sa compagne, relaxée pour quinze faits a, elle, écopé d'une amende de 10.000 €. Le brocanteur qui était jugé à leurs côtés pour recel d'objets volés a pour sa part été condamné à 8.000 € d'amende.