D'un côté, l'inquiétude de Fougères et de ces commerces de centre-ville. De l'autre, la volonté de dynamiser l'attractivité d'une petite commune voisine. Le projet de grande surface est à l'arrêt depuis des années mais la cour d'appel de Nantes vient de le valider.
Un permis de construire y est affiché depuis plus de 4 ans. Sur ce champ, à la frontière de Fougères et de Beaucé en Ille-et-Vilaine, un projet d'installation d'un Grand Frais, une grande surface alimentaire, est en attente. Suspendu aux nombreuses tentatives judiciaires du maire de Fougères de faire annuler le projet.
"Cela fait depuis les années 2010 qu’il est question qu’il y ait quelque chose, s'agace Stéphane Idlas, le maire de Beaucé. On est avec des terrains qui sont prévus pour de l'urbanisation. Ce ne sont pas des terrains agricoles. Mais pour l’instant, il n’y a toujours rien."
Trois recours en quatre ans
La zone commerciale de Bauséjour est à 300 mètres des frontières de Fougères. "Il y aurait des effets négatifs sur le commerce et peut-être une disparition d’un certain nombre d’emplois." Louis Feuvrier, l'édile de la ville, craint pour l'attractivité de son centre-ville pour lequel il se bat depuis des années. "Il y aurait aussi d'autres conséquences sur l'animation globale de la ville et sur les services qui sont proposés à nos citoyens."
Trois recours ont été portés par la mairie. Tous perdus. Le glas de ces conflits judiciaires a sonné le 12 mars 2024 quand la cour administrative d'appel de Nantes a rendu deux arrêts validant le projet d'aménagement de la zone et enterrant du même coup les espoirs de Louis Feuvrier.
"On a peur de perdre nos clients"
Du côté des commerçants de la cité millénaire, l’installation possible d’une énième grande surface n'est pas vue d'un bon œil. "Autour de Fougères, la périphérie urbaine est déjà saturée, développe Hugues Bouquet, le responsable de la poissonnerie du centre-ville. Lorsque les grandes surfaces s’installent dans les zones en périphérie, les gens y font leurs courses, s'y garent et on ne les voit plus dans les centres-villes. Et forcément on a un peu peur de ça."
Le Grand Frais viendrait directement concurrencer l'épicier du bourg. "Si les gens ne viennent plus acheter leurs fruits et légumes ici dans le quartier, nous, ça nous fera moins de clients."
Chez sa voisine, la responsable d'une boutique Monbana, On a les mêmes inquiétudes. "On a peur de perdre de la clientèle, explique Camille Legrand. On a des habitués mais cela ne suffira forcément pas."
Un dernier recours est encore possible devant le conseil d’État. Le maire de Fougère dispose de 2 mois pour se décider.
(Avec Marion Lompageu)