Dix écoles de Rennes et de son agglomération se sont mobilisées ce vendredi 15 mars pour dénoncer la pénurie d'accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) en Ille-et-Vilaine. Une réalité alarmante dans les écoles où la scolarisation de centaines d'enfants est compromise et qui affecte tous les élèves.
Minitracteurs et banderoles sont de sortie. Dans une initiative collective, dix écoles de Rennes et de son agglomération se sont engagées dans un combat commun pour mettre en lumière la pénurie d'accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) dans le département d'Ille-et-Vilaine.
Une réalité alarmante dans les écoles
Les témoignages des parents d'élèves révèlent une réalité alarmante, où la scolarisation de centaines d'enfants porteurs de handicaps est sérieusement compromise. "Sans AESH, nous sommes démunies dans nos classes. Pour les enfants, c'est de la maltraitance" assure des enseignantes de l'agglomération.
"C'est une situation catastrophique qui affecte l'ensemble de la communauté éducative, les enseignants, les familles concernées par un enfant en situation de handicap et tous les enfants de la classe", martèle Marie Figueiredo Benvenuti, porte-parole engagée de cette mobilisation.
Une situation catastrophique qui affecte l'ensemble de la communauté éducative.
Marie Figueiredo Benvenuti
Cette mère de famille dénonce avec fermeté le manque criant de moyens dédiés aux AESH. Elle souligne l'urgence d'une reconnaissance accrue de leur travail, tant en termes de recrutement, de formation que de rémunération.
Plus de 600 enfants non accompagnés en Ille-et-Vilaine
Malgré quelques recrutements récents suite à une action des parents d'élèves de l'école Jules Isaac à Rennes, "il manque 600 postes d'AESH dans le département. C'est autant d'enfants non accompagnés, voir plus" souffle Marie Figueiredo Benvenuti.
À ses côtés, Benjamin Billon père d’un enfant dans l’école maternelle de la Poterie, dans le sud de Rennes, met en lumière le fardeau supplémentaire imposé aux enseignants pour combler le vide laissé par le manque d'accompagnement. "Il est impératif de mettre les moyens pour que l'école inclusive fonctionne bien, sinon cela ne marchera pas", affirme-t-il avec détermination.
“Ce sont les enfants qui en souffrent en premier lieu", rappelle avec gravité Magalie Le Bail. Cette ancienne enseignante et ancienne accompagnante, dénonce avec véhémence le cercle vicieux de sous-effectif dans cette profession. “C'est la conséquence directe d'un manque de reconnaissance et de soutien”.
Le salaire d'un AESH est d'environ 850 euros par mois. "Un salaire qui ne permet pas de vivre correctement dans une ville comme Rennes" se désole une accompagnante d'enfant en situation de handicap.
Des enfants sont en grande souffrance, on ne peut pas continuer comme cela.
Magalie Le Bail
Cette mobilisation révèle un enjeu crucial pour tenir les promesses de la loi de 2005 en faveur de l'école inclusive. Pour les parents d'élèves mobilisés, il est urgent que les autorités prennent des mesures concrètes pour répondre aux besoins des enfants handicapés et pour soutenir le personnel dévoué qui les accompagne au quotidien. "L'avenir de ces enfants ne peut être compromis davantage. Des enfants sont en grande souffrance, on ne peut pas continuer comme cela" se désole Magalie Le Bail.
Lire : HANDICAP. Plus de 1 800 élèves ne sont pas accompagnés en Bretagne, faute de professionnels
Réduction budgétaire à venir
Les annonces de réduction budgétaire par le gouvernement le 21 février 2024 dans l'éducation nationale, 700 millions d'euros, et pour les politiques d'inclusion en faveur des personnes handicapées, 50 millions d'euros, ne rassurent pas ces parents d'élèves en vue de la rentrée prochaine malgré les promesses d'une école "toujours plus inclusive" par Emmanuel Macron.
Chaque année dans ce département breton, les besoins en AESH augmentent de 15%.