Meurtre de Magali Blandin. Le procureur de Rennes revient sur les violences au sein du couple et refuse toute polémique

Le procureur de Rennes indique qu'il y a eu "une réponse judiciaire, avec un accompagnement social" après la plainte pour violences conjugales de Magali Blandin dont le corps a été retrouvé samedi en Ille-et-Vilaine. "Dire que la justice ne fait pas son travail (...), c'est très injuste", dit-il.

 

Depuis la découverte du corps, des responsables politiques critiquent la justice pour ce classement sans suite alors que ce féminicide suscite un vif émoi dans l'opinion."Elle a été tuée à coups de batte de baseball. De batte de baseball. Elle avait déposé plainte pour violences. La plainte avait été classée sans suite. En fait, rien ne change. C'est désespérant et révoltant", a écrit sur Twitter Laurence Rossignol, sénatrice socialiste et ancienne ministre.

La ministre déléguée à l'égalité, Elisabeth Moréno, avait aussi fait part sur France Info de sa grande émotion. Et de sa détermination à lutter contre les féminicides. 

La militante féministe Caroline De Haas a également mis en cause le parquet dans un tweet. 

Philippe Astruc, qui dit ne pas vouloir "polémiquer avec quiconque", a toutefois souhaité expliquer les raisons du classement de cette plainte le 4 septembre. "Dire que la justice ne fait pas son travail et que rien ne change, c'est très injuste", a-t-il dit à l'AFP. 

Le 3 septembre 2020, Magali Blandin porte plainte

A l'été 2020, Magali Blandin, éducatrice spécialisée, annonce à son mari qu'elle va prendre un compte en banque personnel, décision qui tend les relations dans ce couple qui a quatre enfants. Le 2 septembre au soir, lors d'une discussion animée, "elle dit qu'il soulève le banc et qu'elle tombe sur les fesses en arrière".

Le lendemain elle dépose plainte à la brigade de Montauban-de-Bretagne et le mari est placé en garde à vue, tandis que les quatre parents du couple seront entendus. 

Magali Blandin "passe le protocole, va à l'IMJ (institut médico-légal). Un certificat médical ne constate pas de lésions physiques", explique M. Astruc. "Elle évoque aussi des faits en 2005, 2013, 2019, 2020 et le caractère autoritaire de son mari, et dit +généralement, les violences, ce sont plus des bousculades, des insultes en tout genre, des dénigrements+".

Le mari, qui reconnaît avoir soulevé le banc, "dit qu'il est victime de violences physiques de la part de sa femme, ce que Mme Blandin reconnaît et ce que dans la procédure civile, les enfants confirmeront".

Des violences mutuelles au sein du couple, selon l'enquête

Aussi, le magistrat, qui décide du classement, considère que "l'intensité de ce fait-là ne justifie pas un renvoi devant le tribunal correctionnel". "Étant donné une approche égalitaire du droit (...), il aurait fallu naturellement poursuivre Mme Blandin pour les violences, reconnues, qu'elle a pu exercer sur son mari", dit M. Astruc.

"Le choix qui a été fait a été plutôt de mettre en place un accompagnement social", explique M. Astruc, avec entretien avec un psychologue, saisie de deux associations d'aide aux victimes et accompagnement de l'intervenant social en gendarmerie.

"J'ai fait mon examen de conscience et voilà pourquoi cette décision a été prise et que j'en assume sa responsabilité", a dit le procureur, soulignant que 1.414 plaintes pour violences conjugales en 2020, contre 720 en 2018, ont été traitées au tribunal de Rennes, avec 330 déferrements en 2020 contre 100 deux ans plus tôt.
 

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