Moissons. "Tous ceux qui font des céréales vont être en négatif", les pluies de juillet jouent sur les rendements

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En Ille-et-Vilaine, les moissons 2024 ont pris plusieurs jours de retard et les rendements sont moindres.
Un bilan s'impose en ce début des moissons en Ille-et-Vilaine. Elles ont du retard et les rendements ne vont pas être bons, mettent les producteurs de céréales en difficulté. ©A. Calvez - B. Le Vaillant - FTV

Les moissons ont débuté tardivement en Bretagne. En Ille-et-Vilaine et dans les Côtes-d'Armor, les céréaliers ont été victimes de la météo de ces dernières semaines. La pluie a détérioré la qualité du blé et du colza. Les producteurs sont dans le rouge avec des récoltes estimées, selon les céréales, entre 15 à 30 % de moins qu’en 2023.

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"On voit bien qu'il manque de couleur. Au lieu d'être bien jaune, il n'est pas jaune tout simplement et on voit qu'il y a très peu de grains et en plus, il est tout rachitif, on appelle ça rachitif. La moitié de son énergie n'est pas dedans" explique, tout en effeuillant quelques épis de blé dans le creux de ses mains, Mickael Marchand. Pour le céréalier de Domloup, à l'est de Rennes, le constat est accablant. Alors qu'il a entrepris la moisson de ses champs de blé avec dix jours de retard, il faut se rendre à l'évidence. 2024 ne sera pas une bonne année.

Une météo capricieuse et pluvieuse

"Avec ces grains de blé qui ne sont pas bien ronds et bien plein, le rendement ne sera pas au rendez-vous". Cette année, la météo n'a pas favorisé les cultures. Avec les pluies de ces derniers mois, le manque de soleil et des journées à la météo plus qu'incertaine, les moissons n'ont pu se dérouler comme prévu. "On peut regarder dans les parcelles autour de nous, il reste encore les trois quarts des champs non moissonnés, alors qu'à cette période, c'est normalement fini".  Dans ses champs, Mickael Marchand ne peut que constater la prolifération des mauvaises herbes et des sols humides. 

Des rendements en baisse et une qualité moindre, les moissons devraient être mauvaises pour Mickael Marchand cette année : il ne devrait récolter que 150 tonnes de blé contre 400 tonnes l'année dernière.

Des rendements en baisse

Une situation qui touche de nombreuses régions en France, le mauvais temps ayant été généralisé depuis le début de l'année dans l'Hexagone. Ainsi, selon le bulletin hebdomadaire CéréObs de FranceAgriMer du 26 juillet, la récolte nationale de blé tendre est effectuée à 41 % au 22 juillet, moins de 30 % en Bretagne. Les conditions de culture sont jugées bonnes à très bonnes dans 50 % des cas seulement, contre 78 % l’an dernier à la même époque. Les rendements sont en baisse de 15 à 25 % pour le blé tendre.

Et des cours qui tirent vers le bas

Et cette année, les cours ne sont pas au beau fixe. "Les prix ne sont pas hauts et nos charges sont les mêmes que lorsque l'on vendait le blé cher les années précédentes" souffle, dépité, Mickaël. Selon lui, cette année, "tous ceux qui font des céréales vont avoir des revenus négatifs". 

La Coordination rurale s'inquiète des importations qui tirent les prix vers le bas. Elle demande "des mesures exceptionnelles" au ministère de l'Agriculture, "les producteurs doivent faire face à la concurrence des prix de la mer Noire contre laquelle ils ne peuvent pas lutter".

L'aide de l'État réclamée

Le syndicat agricole réclamait il y a quelques jours "une réunion avec le ministre, la mise en place d'une cellule de veille et des réunions de crise dans chaque département". Il plaide pour "une année blanche de cotisations MSA ainsi qu'une année blanche au niveau des banques", afin que les céréaliers puissent faire face à ces récoltes "catastrophiques" en quantité et qualité.

Une aide qui semble avoir en partie trouvé un écho au ministère de l'Agriculture. Le ministre assure ce lundi 29 juillet à la suite d'une rencontre avec des agriculteurs en Eure-et-Loir qu'il sera au rendez-vous "pour accompagner les agriculteurs, en particulier via le dispositif rénové d’assurance récolte subventionnée entré en vigueur en 2023". Et d'ajouter que "cette réforme a notamment permis d’améliorer l’accès à l’assurance récolte, avec un taux de subvention de 70%, mais aussi d’élargir l’intervention de l’État dans la prise en charge des pertes de récoltes exceptionnelles aux grandes cultures et à la viticulture".

Ministère et syndicats attendent avec impatience le bilan des moissons pour réaliser un état des lieux.

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