Les 48 hippodromes du grand ouest sont exceptionnellement vides ce jeudi 7 novembre. Dans toute la France, les courses ont été annulées pour protester contre un projet de hausse de la fiscalité sur les paris hippiques. Malgré la promesse du gouvernement d'abandonner cet amendement, de nombreux professionnels ont manifesté à Paris avant de rencontrer les députés.
Des courses hippiques annulées, c'est extrêmement rare. Les seuls précédents en France remontent aux guerres mondiales et plus récemment à la période du Covid. C'est dire si l'heure semble grave pour la filière.
"Et cette journée morte représente une perte nette de 3 millions d'euros pour l'État Français", souligne par téléphone Christophe Gicquel, directeur de la fédération ouest des courses hippiques, quelques minutes avant de quitter la Place Denfert-Rochereau à Paris.
C'est là que se sont donnés rendez-vous les professionnels de la filière ce jeudi 7 novembre. Peu avant 13h, ils se sont élancés en direction du Palais Bourbon où une délégation doit être reçue par les députés en fin de journée.
"Une perte nette de 35 millions d'euros pour la filière hippique"
En ligne de mire, l'amendement déposé par le gouvernement pour augmenter la taxe de 6,9% à 7,5% sur les produits bruts des jeux des paris hippiques passés dans le réseau physique, dans les PMU, ou les hippodromes et de 6,9% à 15% pour les paris en ligne.
Plus de taxes, c'est moins d'argent, c'est moins d'espérance de gain, moins d'attractivité pour les propriétaires. On peut imaginer que ça mettra en difficulté les entraîneurs, les éleveurs, les jockeys.
Daniel CherdoPrésident de l'association des courses hippiques de Saint-Brieuc
"Cela représenterait une perte nette de 35 millions d'euros par an pour la filière des courses hippiques", assure Christophe Gicquel. "Les effets ne seront pas instantanés, prévoit Daniel Cherdo, président de l'association des courses de Saint-Brieuc. Mais plus de taxes, c'est moins d'argent, c'est moins d'espérance de gain, moins d'attractivité pour les propriétaires. On peut imaginer que ça mettra en difficulté les entraîneurs, les éleveurs, les jockeys."
35 millions d'euros, c'est un mois de revenus pour les professionnels, c'est ce qu'on injecte dans la filière en allocations, c'est ce qui retourne directement aux professionnels, éleveurs, aux entraîneurs, jockeys, drivers, à nos salariés.
Stéphane MeunierPrésident du Syndicat des entraîneurs, drivers et jockeys de trot sur France Info
Il s'inquiète en particulier pour les petites structures. "Ce sont toujours les plus petits qui peuvent mourir en premier" alors qu'ils "sont déjà beaucoup fragilisés parce que l'économie des courses va mal depuis maintenant dix ans".
L'amendement a été rejeté par l'Assemblée nationale, mais tous les professionnels craignent que le sujet ne revienne au Sénat.
On représente 60 000 à 80 000 emplois directs et indirects en France. Et surtout tout est autofinancé. Nous rapportons deux milliards d'euros par an à l'état.
Christophe GicquelDirecteur de la fédération ouest de courses hippiques
"Nous ne sommes pas un casino, pas un pari sportif comme les autres, s'agace le directeur de la fédération ouest de courses hippiques.
Un secteur important dans le grand ouest
La fédération ouest des courses hippiques (Bretagne, Vendée, Deux-Sèvres et Loire-Atlantique) concentre à elle seule 20% de l'ensemble des 235 hippodromes français. En 2023, près de 7 millions d'euros de paris y ont été enregistrés.
Les courses hippiques font vivre l'ensemble du territoire français : dans quasiment chaque département, il y a un hippodrome.
Stéphane GicquelDirecteur de la fédération ouest des courses hippiques
D'autres formes de redistribution pourraient aussi être amoindries par ces taxes, comme la redevance EPCI, un prélèvement proportionnel aux enjeux collectés sur les courses et redistribué aux communes et communautés de communes qui accueillent des hippodromes. Ces redevances atteignent tous les ans plus de 11 millions d'euros au total à l'échelle française.
"Tous ces paris permettent aussi d'alimenter le fond Eperon, ajoute Daniel Cherdo, président de l'association des courses de Saint-Brieuc. C'est un fond de 9 millions d'euros qui permet de financer de nombreux projets en lien avec le cheval."
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Des projets réalisés en Bretagne grâce aux fonds collectés via les paris
En Bretagne, ce fond a ainsi permis la création d'un manège couvert à l'équipôle de Landivisiau dans le Finistère, aménagement et réfection d'un autre manège à Dinard, construction d'une tribune de jury au haras national de Lamballe ou encore labellisation d'un parcours cross dans celui d'Hennebont dans le Morbihan.