Depuis le 18 novembre plus aucun métro de la ligne B ne circule à Rennes. Les 100 000 voyageurs quotidiens se sont reportés sur d’autres moyens de locomotion. La circulation routière et le réseau de transport se retrouvent surchargés, ce qui entraîne le mécontentement des usagers et une forte tensions chez Keolis, la société de transports urbains. Les syndicats ont déposé un préavis de grève.
Au nord, au sud, à l’est ou à l’ouest, tous les matins, entre 7h30 et 9h00, les voies d’accès à Rennes, sont congestionnées. Ce vendredi 8 décembre, au matin, route de Redon, les véhicules sont pare-chocs contre pare-chocs. Les travailleurs motorisés prennent leur mal en patience.
Je pars plus tôt, je n’ai pas le choix
Florentin, automobiliste, croisé route de Redon
"C’est un peu comme tous les matins, constate cet automobiliste, mais faut se faire une raison" ajoute-t-il perplexe.
"J’ai facilement 30 minutes de trajet en plus. Je pars plus tôt, je n’ai pas le choix" explique quant à lui Florentin, au volant de sa voiture.
Les bouchons ne sont pas une problématique nouvelle à Rennes, mais depuis l’arrêt de la ligne B du métro, la situation a empiré.
"Je fais partie de ceux qui prennent la voiture depuis que la ligne B est fermée, et on est assez nombreux apparemment" confirme cet habitant de Redon, qui a délaissé le train pour prendre sa voiture depuis la panne du métro. J’espère que ça va vite rouvrir" conclut-il, plein d’espoir.
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Tout le réseau de bus saturé
Dans le centre-ville, place de la République, les usagers des transports s’entassent sur les trottoirs. Il y a ceux qui utilisaient la ligne B et qui attendent un bus de substitution. Il y a aussi les voyageurs des autres lignes de bus.
Car, depuis l’arrêt de la ligne B, c’est tout le plan de transport de la ville de Rennes qui a dû être revu. Certaines lignes de bus ont été supprimées les premiers temps, comme la 10 et la 12. Elles ont depuis été remises en service, sur une partie du trajet seulement, et à moindre fréquence.
D’autres lignes ont vu leur itinéraire et leurs horaires modifiés. Et toutes sont saturées, à l’instar des lignes Chronostar.
"Depuis que la ligne B est interrompue, les bus sont complets, constate Alexandra. C’est fatigant".
Taovi, elle, prend le bus et la voiture sur une plus longue distance depuis le 19 novembre. "On est un peu serrés mais on sait pourquoi. Je laisse passer un ou deux bus avant de monter" raconte cette passagère, qui dit prendre la situation avec philosophie.
Chauffeurs et salariés de Kéolis sous tension
Les conducteurs de bus ne peuvent que confirmer tous ces témoignages. "Depuis l’arrêt de la ligne B, on est en tension car on a une surcharge de clientèle à laquelle on ne peut faire face, explique Edouard Petit, représentant syndical CFDT/SNTU à Keolis. On n’a pas les moyens humains ou matériels pour faire face, alors on essaie de se débrouiller. Il y a des appels à volontaires, des heures supplémentaires" raconte celui qui est aussi conducteur de bus.
On n'en peut plus
Édouard Petit, chauffeur de bus et représentant du personnel
Pas assez de bus, pas assez de chauffeurs et des temps de parcours impossibles à tenir à cause de la circulation. Les conséquences sont, pour les chauffeurs, une augmentation de la fatigue, du stress et des tensions à l’intérieur des véhicules. "On a un mécontentement des usagers dans les bus, ce qui est compréhensible. On voit des altercations et les conducteurs et conductrices subissent des insultes" rapporte Edouard Petit, qui conclut "on n’en peut plus ".
Mais au-delà des chauffeurs, c’est toute l’entreprise qui est affectée par l’arrêt de la ligne B. Les services administratifs, de logistique ou de maintenance ont aussi vu leur charge de travail et les tensions augmenter.
Un préavis de grève chez Kéolis
Les représentants du personnel ont donc décidé de déposer un préavis de grève pour attirer, disent-ils, l’attention de l’entreprise et de Rennes Métropole sur une situation qui ne peut pas durer.
Ils réclament une prime pour la reconnaissance du travail effectué car " tout cela a des incidences sur la vie professionnelle mais aussi personnelle ". Ils demandent également un nouveau plan de transport avec davantage de moyens humains et matériels.
Selon Edouard Petit, plus de 70 arrêts de travail sont déjà comptabilisés dans l'entreprise.
La CFDT-SNTU a déposé un préavis pour le 15 décembre. L'UNSA a quant à elle déposé son préavis de grève pour le 13 décembre. Des discussions seraient en cours, selon la direction.
La reprise du métro B n'est pas prévue avant le 18 décembre
(Avec Antoine Calvez et Séverine Breton)