Deux mois après une première mobilisation, élus, soignants, syndicats et usagers manifestent à nouveau ce samedi 23 mars devant l'hôpital de Redon. Alors que leur territoire souffre d'une surmortalité importante et d'un manque d'accès aux soins, ils estiment que le projet de réhabilitation proposé par l'Agence régionale de santé ne peut pas répondre à leurs besoins.
L'appel du comité d'appui du centre hospitalier de Redon a visiblement été entendu : après une première mobilisation rassemblant 1 000 opposants le samedi 27 janvier devant le centre hospitalier de Redon-Carentoir, plus de 2 500 personnes ont à nouveau manifesté ce samedi 23 mars.
Une mobilisation qui ponctue une série d'une quinzaine de réunions publiques organisées depuis un mois sur tout le territoire.
Les associations du territoire de Redon se mobilisent en faveur de la reconstruction d'un hôpital complet ! Non au projet de l' @ArsBretagne d'un hôpital au rabais ! Venez tous à la manifestation du 23 mars à 11h, devant l'hôpital de Redon ! @OuestFrance44 @OuestFrance_56 pic.twitter.com/v22oVx1eb7
— Comité d'appui de l'hôpital de Redon Carentoir (@prHopitalRedon) March 19, 2024
Composé des représentants syndicaux de l'hôpital, des représentants d'usagers et d'élus, ce comité dénonce depuis plusieurs semaines l'abandon du projet de construction d'un hôpital neuf dans le quartier populaire de Bellevue, qui devait réunir la chirurgie, la médecine et l’obstétrique.
Trois ans plus tard, plusieurs millions d'euros supplémentaires
Après trois ans d’étude, ce projet a finalement été refusé en décembre 2023 par le Comité national d’investissement pour la santé (CNIS). En cause, des surcoûts liés à de nouvelles contraintes techniques identifiées par l'assistant à la maîtrise d'ouvrage : alors qu'en 2021 la construction de ce nouveau bâtiment était évaluée à 55 millions d'euros, elle aurait finalement coûté "plusieurs dizaines de millions d'euros" supplémentaires, expliquent l'Agence régionale de santé et la Préfecture d'Ille-et-Vilaine dans une lettre adressée aux élus locaux la semaine dernière.
À la place, le CNIS préconise une solution mixte et moins couteuse : la construction d’un bâtiment neuf sur le parking de l’établissement actuel accueillant les hospitalisations et, dans un second temps, la rénovation du bloc central existant en le reliant avec une passerelle.
Le bâtiment historique a 50 ans, sa vétusté représente un surcoût de fonctionnement de deux millions d'euros par an.
Jean-François MaryMaire d'Allaire et président de Redon agglomération
Une solution qui ne convainc pas les élus venus aujourd'hui du Morbihan, d'Ille-et-Vilaine et de Loire atlantique : "Nos revendications ne sont pas prises en compte, martèle aujourd'hui Jean-François Mary, maire d'Allaire et président de Redon agglomération. Les derniers travaux immobiliers remontent à 40 ans. Le bâtiment historique a 50 ans, sa vétusté représente un surcoût de fonctionnement de deux millions d'euros par an à l'ARS et au budget centre hospitalier."
Une rénovation sous avis défavorable de la commission de sécurité
Le comité d'appui de l'hôpital de Redon relève aussi que la rénovation des 2503 m² de locaux existants est "sous avis défavorable de la commission de sécurité depuis le 29 septembre 2015".
Dans une pétition en ligne qui a déjà récolté près de 5 000 signatures, il dénonce la vétusté du bâtiment central qui "met en difficulté les personnels, les patients, nuit à son attractivité, représente un gaspillage et un handicap budgétaires majeurs." Et d'ajouter : "Nous ne pouvons plus attendre. La construction d’un nouvel hôpital est une nécessité absolue !"
Nous faisons partie de la zone en Bretagne où les critères de santé sont les plus dégradés
Jean-François MaryMaire d'Allaire et président de Redon agglomération
Alors que l'ARS et la Préfecture assurent que le projet concerne "une surface totale de 14 000 m², supérieure à ce que prévoyait le scénario initial de 2021", le comité d'appui de l'hôpital estime que construction neuve et réhabilitation ne représenteraient qu'une surface de 8 310 m², "ce qui ne permettrait pas d’assurer toutes les missions prévues par le projet médical."
"Nous faisons partie de la zone en Bretagne où les critères de santé sont les plus dégradés, rappelle Jean-François Mary. Il est inacceptable aujourd'hui que le territoire de Redon, soit abandonné !"
Selon la Caisse primaire d'assurance maladie, dans le Pays de Redon, 11 % des adultes n'ont pas de médecin traitant. Ils sont 9,8 % à l'échelle régionale. Les chiffres de l'observatoire régional de santé montrent aussi une surmortalité importante et des patients plus malades que dans les autres territoires.