"Je peux bouger comme je veux (...) pas comme dans mon fauteuil". Jean-Charles fait partie des jeunes du Centre médical et pédagogique de Rennes Beaulieu qui ont participé à un stage de plongée sous-marine. Une belle aventure pour retrouver un peu de liberté.
Jean-Charles est prêt. Il va plonger avec un masque et des bouteilles, dans la piscine du Centre médical et pédagogique de Rennes Beaulieu. Ce sera sa 3ème plongée, depuis son accident.
Le 7 août 2016, il a perdu l'usage de ses jambes, et de ses bras. Il est devenu tétraplégique, suite à un mauvais plongeon. C'était sur la Rance, lors d'une fête entre cousins.
Depuis, il entretient la motricité qui lui reste dans ce centre de rééducation à Rennes.
Un défi de taille
Quand il y a un an, son kinésithérapeute et son médecin lui proposent de participer à un stage de plongée sous-marine, il accepte, comme 5 autres patients, Kennocha, Laura, Allan, Clémence et Ghislain. Tous sont depuis plusieurs mois en rééducation au centre de Beaulieu.Le défi est de taille. Pour le centre de rééducation qui n’a jamais expérimenté cette activité. Et pour les patients. C'est Haidar Dittoo, kinésithérapeute à Beaulieu qui est à l'initiative du projet, un projet réalisé grâce à l'engagement de l'équipe médicale du centre et des plongeurs. Eux sont bénévoles, certains prennent une journée de congé pour être près de Ghislain, Laura ou Clémence et leur permettre de goûter à leur passion : la plongée sous-marine.
Le début du stage se passe dans la piscine du centre de Beaulieu, il y a 1m50 de fond, de quoi s'habituer au matériel et aux gestes élémentaires de la plongée. Et déjà les premières sensations de liberté. "Je peux bouger comme je veux (...) pas comme dans mon fauteuil. C'est une liberté que je n'ai plus, je me sens moins prisonnier de mon corps" explique Jean-Charles au bord de la piscine.
L'étape suivante amène toute l'équipe à la piscine des Gayeulles, à Rennes. Cette fois, Jean-Charles va descendre à 6 m de profondeur. Son corps va s’alléger encore un peu plus. Comme Laura, Clémence, Kennocha et Ghislain. Allan n'a pas souhaité poursuivre.
Le temps de la plongée, ils vont retrouver leur liberté de mouvement.
L’aventure s’arrêtera là pour Jean-Charles. Il n’ira pas plonger au large de St Malo, dernière étape de la formation.
Son corps régule mal la température et dans une eau à 16°, le risque est trop grand.
Enfin la mer
A St Malo, fin juin, les conditions sont idéales. Laura, Kennocha, Clémence et Ghislain sont prêts pour leur dernière séance de plongée sous marine, en mer cette fois.
La logistique est considérable. 5 personnes aident Ghislain à descendre du bateau, autant l’attendent dans l’eau. Sa plongée durera 12 minutes, pas plus, pour qu’il n’attrape pas froid.
Ghislain explique qu'il n'a pas de mots pour décrire ce qu'il ressent après la plongée: "je me sens léger, au début j’avais peur d’avoir froid, mais je n’ai rien ressenti, je me sens bien, je suis prêt à retourner".
Le pari est gagné. Au début du projet, personne n’était sûr de pouvoir plonger en mer un jour. Ni les soignants, ni les moniteurs de plongée, ni les patients. Mais tous ont osé se lancer.
Laura, Kennocha, Clémence et Ghislain ont prévu de retourner voir les fonds marins au plus vite, avec un club, la prochaine fois.
J'aimais bien ma vie
Après la plongée en mer, nous avons discuté avec Ghislain. Il était fatigué, mais heureux. Il nous a raconté son accident, son quotidien, son amour de la vie, avec le sourire. Ghislain a toujours le sourire. "Du jour au lendemain , je me suis retrouvé en fauteuil roulant, c'est pas évident (...). Je me dis que les gens qui sont dans le même état que moi, il ne faut pas désespérer (...) faut croire en son destin, il y a toujours des surprises."
Le centre de rééducation va pouvoir renouveler l’activité l'an prochain, 6 autres patients vont goûter au plaisir de la plongée sous marine.