Professeur tué à Conflans-Sainte-Honorine : près d'un millier de personnes à Rennes pour lui rendre hommage

À Rennes, citoyens et enseignants se sont rassemblés pour rendre hommage au professeur d'un collège décapité dans les Yvelines. 

Société
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L'émotion est vive au lendemain de la mort d'un professeur d'histoire à Conflans dans les Yvelines. Cet homme âgé de 47 ans a été décapité en pleine rue, à proximité de son établissement scolaire. Dans de nombreuses villes comme à Rennes, des citoyens et des professeurs se sont rassemblés à 15 h pour rendre hommage à l'homme, à un collègue.
 

On a commencé par tuer des journalistes, des gens avec des kippas, maintenant on tue des profs, on ne sait pas qui sera le prochain

Eugenio, professeur d'espagnol


La colère, l'effroi


Dans la foule de près de 1000 personnes, Eugenio, professeur d'espagnol. Il peine à contenir son émotion, ému aux larmes. "On a l'impression qu'en France, on a laissé s'installer des choses, des mouvements. C'est devenu hors de contrôle. Cela va bien au-delà des profs, car derrière eux, il y a des élèves, des familles." 
 

"On est en deuil aujourd'hui. Les collègues avaient envie d'exprimer leur colère face à un geste abominable", confie Gwenaël Le Paih, secrétaire académique du SNES (Syndicat national des enseignements de second degré). "Il ne faisait que son métier, en travaillant des sujets sensibles. Il faut poursuivre cette mission, même si on est saisi d'effroi. L'éducation nous sauvera de l'obscurantisme."

Giulia vient d'avoir son CAPES d'histoire, elle est en formation pour devenir professeur. La jeune femme raconte : "Hasard du calendrier, hier j'ai quitté mes élèves sur un cours sur la liberté d'expression en parlant de Charlie Hebdo... Je suis choquée. Nous on essaie de transmettre des valeurs aux élèves pour leur permettre d'être des citoyens éclairés. Il n'y a pas de mots pour décrire ce qu'il s'est passé."
 

Ce n'est pas une question de matière, tous les profs sont amenés à commenter l'actualité

Deborah, professeur d'histoire-géographie

Deborah est professeur d'histoire-géographie. Elle apparaît dépitée, très en colère. "Cela va au-delà de notre matière, tous les professeurs commentent l'actualité avec leurs élèves. Il suffit que quelqu'un mette votre nom sur les réseaux sociaux et après on peut vous retrouver décapité derrière le collège ? Ça a l'air simple vu comme ça. On est tous exposés." Elle regrette le manque d'accompagnement de l'Éducation nationale : "Cela fait six ans que j'enseigne, on n'a aucune formation sur des sujets comme la laïcité. Je ne me sens pas accompagnée par l'institution." 
 

J'ai des CM1, CM2 qui me disent parfois qu'on n'a pas le droit de parler de Dieu en classe

Roxane, professeur des écoles

Roxane enseigne dans le primaire. Elle ne comprend pas. Elle a rejoint ce rassemblement parce qu'elle avait besoin de sentir autour d'elle, des gens concernés. Elle sent quelque chose monter en elle depuis hier soir. "Quand on est en classe, ça peut devenir compliqué, on a peur de dire des choses et que cela soit mal interprété." Pour elle la confusion règne. "Il y a des sujets déjà tendus dans la société, alors en discuter en classe..."

La maire de Rennes, Nathalie Appéré a fait le déplacement, tout comme l'inspecteur d'académie Christian Willhelm et Edmond Hervé. 
Vers 15 h 30, les applaudissements ont retenti, suivi d'une minute de silence.
Agnès est là en tant que citoyenne. "Je pense que les enseignants s'auto-censurent de plus en plus. Et il y a un problème avec la laïcité, le discours n'est pas unifié à ce sujet." 

L'hommage s'est terminé par une marche en direction de l'inspection académique. 

L'Elysée a indiqué ce samedi qu'un "hommage national" serait rendu à l'enseignant, sans pour l'instant en préciser la date et les modalités. 

 
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