Le ministère de la Justice lance une campagne de recrutement sur concours, d'éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse. "C'est un métier plutôt méconnu" dit Marine Rousseau, qui va bientôt terminer ses deux années de formation. Elle est actuellement en stage dans une unité éducative d'hébergement à Rennes. Elle intervient auprès de mineurs placés, sur décision du juge.
Marine Rousseau entame sa deuxième année de formation d'éducatrice de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Après avoir passé le concours, en 2020, et intégré l'Ecole nationale de la PJJ basée à Roubaix, cette Rennaise de 31 ans a émis le souhait de pouvoir exercer dans sa région natale.
Elle n'a pas encore validé son diplôme et doit auparavant boucler son stage au sein d'une unité éducative d'hébergement collectif (UEHC) à Rennes, où elle accompagne des jeunes mineurs placés par la justice suite à des actes délinquants. Ils arrivent dans cette structure pour "construire un projet individuel et se reconstruire, dit-elle. Ce qui n'est pas toujours facile car ils ne sont pas ici par choix".
"Du sens"
Bien qu'éducatrice-stagiaire, Marine est déjà dans la pratique de son métier. "C'est ce qui est intéressant d'ailleurs, relate-t-elle. Cette formation implique beaucoup de terrain. Ce qui nous permet de faire concrètement le lien avec ce que l'on apprend en cours". Psychologie de l'enfant et de l'adolescent, sociologie, criminologie, justice pénale des mineurs sont autant de modules balayés pendant les deux années de formation.
A l'UEHC, la jeune femme est épaulée par les éducateurs titulaires et suivie de près par son tuteur, Maxime Denot. L'homme est entré à la PJJ il y a 20 ans. "C'est un métier que j'ai vraiment choisi, souligne-t-il. J'ai été éducateur spécialisé, mais je me suis aperçu, au cours d'un séjour de rupture avec des jeunes délinquants, que la voie judiciaire me plaisait davantage. Travailler avec ces jeunes sur le pourquoi ils sont passés à l'acte, les amener à prendre conscience de ce pourquoi, leur donner des billes et des moyens de s'en sortir, ça a du sens".
"Prévenir la récidive"
A son retour d'Outre-Mer, où il exerce pendant dix ans en milieu éducatif ouvert puis dans un foyer de la protection judiciaire, Maxime Denot éprouve toutefois le besoin de faire une pause, "pour vérifier si j'avais envie de continuer ce métier".
Il reprend des études et décroche une licence STAPS (Sciences et techniques des activités sportives et physiques), "pour finalement [s']'apercevoir qu' [il] aimait être éducateur PJJ" .
Le sport, il l'utilise désormais comme un "outil pour faire passer des messages sur l'insertion, la santé, le vivre ensemble, la famille etc. C'est l'un des moyens que l'on met en place pour apporter une aide éducative, favoriser l'évolution de ces jeunes et prévenir la récidive".
L'éducateur PJJ intervient sur décision du juge des enfants pour mener une mission éducative dans un cadre pénal. "Notre rôle consiste aussi à préparer avec les jeunes leur audience au tribunal et y assister, à rédiger un rapport au magistrat qui explique où le jeune en est, comment il évolue. On éclaire, en quelque sorte, la décision du juge".
Ce métier est dans l'humain. Et ça me tient à coeur
Marine Rousseau, éducatrice PJJ stagiaire
Au cours de son stage, Marine Rousseau a eu l'occasion de prendre la parole devant le tribunal pour enfants, les éducateurs PJJ peuvent parfois être amenés à le faire. "Certains s'interrogent sur la place d'un éducateur dans la justice, relève-t-elle. Il a toute sa place. Ce métier est dans l'humain et ça me tient à coeur. On essaie de rendre ces jeunes curieux, on repère leurs appétences, leurs ressources, vers quel domaine ils se verraient aller. C'est l'éducatif qui est privilégié".
"Juste distance"
Quand elle obtiendra son diplôme d'éducatrice PJJ, Marine Rousseau sait déjà qu'elle choisira de travailler dans une unité d'hébergement plutôt qu'en milieu ouvert. "On a une proximité avec les jeunes qui permet de bien comprendre leurs fragilités, leur parcours chaotiques, observe-t-elle. C'est une approche différente. On se pose avec eux, ils disent leurs peurs, leurs doutes".
Avoir un esprit pédagogique, une capacité d'écoute et de l'empathie
Maxime Denot, éducateur PJJ
L'obligation de neutralité est inhérente au contrat qui lie l'éducateur à la protection judiciaire de la jeunesse. "Pour faire ce métier, précise Maxime Denot, il faut déjà partir du principe que l'on n'aide pas les autres pour se réparer soi. Il faut avoir un esprit pédagogique, une capacité d'écoute et de l'empathie. On n'arrive pas auprès de ces jeunes avec nos propres perceptions".
Le garde-fou, pour garder la bonne distance, c'est aussi le travail en équipe pluridisciplinaire. Psychologues, assistantes sociales, partenaires associatifs oeuvrent ensemble pour remettre ces jeunes sur les bons rails. "On se réunit, on discute, l'éducateur n'est pas seul face à une problématique. Ces temps de régulation sont importants pour rester dans la justesse du lien".
Comme chaque année, le ministère de la Justice lance une campagne de recrutement d'éducatrices et éducateurs PJJ. Les inscriptions au concours sont ouvertes jusqu'au 23 mai.