Ressuscité grâce au film "Sugar Man", le musicien folk Sixto Rodriguez a débuté lundi soir au Zénith de Paris, une série de trois concerts à guichets fermés à Paris. Cette tournée marque son grand retour en France où il n'était pas revenu depuis 2009, année de sa participation aux Transmusicales.
Quasiment inconnu du grand public avant le succès du film de Malik Bendjelloul, Oscar 2013 du meilleur documentaire, le chanteur américain aux origines mexicaines, bientôt 71 ans, n'était pas revenu en France depuis 2009, année de sa participation aux Transmusicales de Rennes et d'un concert à Paris devant seulement 50 personnes. Aujourd'hui en haut de l'affiche, il a été acclamé par les 6.300 personnes présentes au Zénith, mais sa prestation a déçu.Un artiste vieilli
Celui qui est souvent comparé à Bob Dylan, pour son timbre et ses chansons engagées, est arrivé sur scène aux bras de sa fille, passablement vieilli. Grand sourire aux lèvres, chapeau noir vissé sur la tête, pantalon en cuir et veste noirs, et les yeux cachés par ses traditionnelles lunettes fumées -il est quasiment aveugle-, l'énigmatique Rodriguez a joué pendant un peu moins d'1H30 ses plus grands succès entrecoupés de nombreuses reprises, allant d'Elvis à Bob Dylan. Debout à la guitare, entouré de quatre musiciens, il a donné des accents tantôt rock, tantôt blues ou country à ses vieux morceaux qui datent des années 70. Parfois la voix manque de justesse et la guitare s'emballe au détriment de la cohésion musicale, mais l'esprit de cet homme humble et engagé, qui refuse désormais les interviews pour ne pas répéter la même chose, demeure. Ponctuant ses chansons de "Vive la France", il a rendu hommage à la langue de Molière en entonnant un "C'est si bon" ou encore "La vie en rose" d'Edith Piaf.
Revivez son passage aux Trans en 2009:
20 ans de silence
Artiste au destin incroyable, repéré dans un bar, Sixto Rodriguez sort au début des années 70 deux albums inspirés mais restés inaperçus aux Etats-Unis. A son insu, ses titres influencés par la musique afro-américaine et le mouvement hippie, arrivent en Afrique du Sud où il devient l'idole de la jeunesse blanche progressiste, révoltée par l'apartheid. Alors qu'il avait rangé sa guitare pour retourner travailler sur les chantiers de Detroit, il est retrouvé grâce à la ténacité d'une poignée de fans et entame une tournée triomphale au pays de Mandela en 1998, après 20 ans de silence.
Débute alors la seconde vie de Rodriguez
Celle d'un artiste un temps maudit, que l'on croyait mort, et qui après avoir vécu très modestement découvre le succès et conquiert un nouveau public. L'émouvant film de Malik Bendjelloul marque l'apogée de ce retour gagnant et là tout s'enchaîne: la bande-originale du film "Sugar Man" est bientôt disque d'or en France et les places de concert s'arrachent. Après le Zénith de Paris les 3 et 4 juin, Sixto Rodriguez sera à la Cigale le 5. Il est attendu le 5 juillet au festival Jazz à Vienne, puis au Bikini à Toulouse, le 7 juillet. Sa tournée l'emmènera ensuite à travers l'Europe jusqu'en août. Alors que le DVD du film vient de paraître, "Sugar Man" est toujours projeté dans 46 salles, à l'Arvor à Rennes et au Korrigan à Romillé ou encore au Dauphin à Plougonvelin dans le Finistère ou au Club à Locminé dans le Morbihan, par exemple. Il atteindra bientôt les 200.000 spectateurs, un beau succès pour un documentaire.