Ils n'ont plus beaucoup d'espoir, mais veulent peser sur les négociations. Les salariés de la plate-forme logistique Casino, situé à Gaël, en Ille-et-Vilaine, y limitent les accès depuis ce dimanche soir 16 juin 2024. L'action s'est arrêtée en début d'après-midi. La fermeture du site est prévue d'ici à la fin de l'année.
La nuit a été courte pour ces salariés de la plate-forme logistique de Gaël, à deux pas de la forêt de Brocéliande. Depuis dimanche soir, une trentaine d'entre eux, limite l’accès des camions de marchandises, les faisant patienter près de trois heures avant d'entrer. Une action qui s'est achevée ce lundi 17 juin 2024, en début d'après-midi.
Suite aux annonces de fermeture du site de Casino, à la fin du mois d'avril, ils savent qu'un plan de licenciement, les guette. S'ils réclament une meilleure prime de départ, ils ressentent surtout un sentiment d’abandon. "Oui, il y a de la haine par rapport à ce qu’ils nous proposent. C’est quand même nous, qui apportons la plus-value au travail, s'insurge Maxime Piron, cariste et élu du CSE, et on voit les gens partir avec des millions et nous, on va ramasser des miettes, donc non, non !"
Un salarié en colère qui poursuit l'analyse de la situation : "Mais comme ils nous l’ont bien dit, on est un peu loin de tout à Gaël. On n’a plus beaucoup de magasins dans le secteur. Or ils veulent garder les magasins Proxi, qui se situent beaucoup en région parisienne, mais nous sommes trop loin et le transport, c’est le nerf de la guerre. On leur coûte trop cher. Et on leur a même demandé si c’était à refaire, est-ce qu’ils referaient ça ici et ils nous ont bien dit que non" conclut le cariste plein d'amertume.
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180 emplois menacés et aucun repreneur à l'horizon
Depuis la réorganisation du groupe Casino, certains supermarchés, ont été rachetés par d’autres groupes et certains entrepôts abandonnés. À Gaël, 180 emplois sont menacés, dans ce territoire rural où les repreneurs ne se pressent pas au portillon. Les salariés ne connaissent aucune proposition de reprise pour leur plate-forme logistique.
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Aucune solution de reclassement
Le site breton est en activité depuis 17 ans, et certains salariés y ont passé leur carrière. Pour eux, aucune proposition de reclassement n’a été faite et ils savent que retrouver un emploi dans les environs peut s'avérer compliqué. "Vous vous rendez compte du nombre de salariés qui vont rester sur le carreau ? S’interroge Nathalie Rigourd, réceptionnaire - Easydis Casino, On est dans un bassin, où il y a un peu d’agroalimentaires, poursuit-elle. Mais il y a des gens qui n’ont pas de permis, et qui se sont installés sur Gaël, pour venir à vélo ou à pied. Ces gens-là, ils vont faire quoi ? Ils vont aller travailler où ?"
Laurent Blondeau, cariste, va dans le même sens : "À 52 balais, je suis dans le groupe depuis 96 et j’y étais même avant, en intérim, donc ce n'est pas évident d’avoir une idée de reclassement. Quand on a fait ça toute sa vie, c’est assez compliqué de se projeter ailleurs" confie-t-il.
Une commune qui investit pour ses habitants, inquiète pour les salariés de la plate-forme
Une menace qui pèse sur les salariés, mais qui n'est pas sans conséquence non plus pour la commune qui a réalisé beaucoup d’investissements, comme l'explique Denis Levrel, le maire de Gaël, "les répercussions sont très négatives. Nous par exemple, nous venons d’investir dans quelques maisons dans le centre bourg pour faire des cellules de commerce, afin d'amener de nouveaux commerçants sur notre commune. Il y en a déjà quelques-uns, mais on souhaitait en avoir plus et on sait qu’il y avait une demande. Nous avons donc investi dans ce sens, avec l'idée d'essayer de redonner de la vie à un petit village."
Contacté, le groupe Casino a répondu dans la soirée en indiquant "rechercher activement des repreneurs potentiels pour le site de Gaël" et assurant avoir pour "objectif prioritaire de maintenir l'activité et de préserver l'emploi."
Sans repreneur, le plan de licenciement sera effectif en septembre. Les négociations sont toujours en cours.
(Avec Antoine Calvez)