Promesse d'Emmanuel Macron, la réforme annoncée du RSA ne fait pas l'unanimité. L’obligation de réaliser entre 15 et 20 heures de formation et d’insertion par semaine pour percevoir l'allocation est dénoncée par associations, syndicats, et partis de gauche. Le président socialiste du département d'Ille-et-Vilaine, où sera menée une expérimentation, prône "un meilleur accompagnement" plutôt qu'une "stigmatisation".
Le projet de loi sera présenté en juin pour une application progressive à partir de 2024.
Engagement de campagne d’Emmanuel Macron, la réforme du RSA prévoit de conditionner le versement de l’allocation ( 607 euros par mois pour une personne seule) à l’obligation de réaliser entre 15 et 20 heures de formation et d’insertion par semaine.
Fin mars, le président de la république avait expliqué sur France 2 et TF1 que le " sentiment d'injustice" en France se nourrirait en partie du fait que certains "ne travaillent jamais" : " Beaucoup de travailleurs disent, vous nous demandez des efforts mais il y a des gens qui ne travaillent jamais et qui auront le minimum vieillesse", avait ajouté Emmanuel Macron. De ce fait, il faut "aller chercher" les bénéficiaires du RSA, les aider à "revenir vers l'emploi" et les "responsabiliser", car certains ne travaillent plus "parfois depuis des années ou des dizaines d'années".
Mais le principe d' un RSA "sous conditions" ne fait pas l'unanimité. Il est notamment dénoncé par une partie de l'opposition et des associations de lutte contre la précarité. Explications.
Jean-Luc Chenut : "inacceptable de pointer du doigt de soi-disant "assistés"
Le 1er mai, le ministre du Travail Olivier Dussopt avait expliqué sur BFM TV que "le président du conseil départemental, qui est compétent en matière de RSA et de versement des allocations, pourra plus facilement qu’aujourd’hui suspendre le RSA, dans un premier temps, et ensuite éventuellement le radier, comme c’est déjà le cas aujourd’hui".
En France, une expérimentation doit voir le jour dans 18 départements. Trois d'entre eux, la Métropole de Lyon, le département de Loire-Atlantique, et celui d'Ille-et-Vilaine ont expliqué dans un communiqué leur opposition au RSA "sous conditions" et leur volonté de "défendre le droit à un meilleur accompagnement",
"Il est inacceptable de pointer du doigt de soi-disant "assistés" alors que les pouvoirs publics ne leur offrent pas tous les leviers et aides pour sortir de la précarité. Collectivement, nous devons travailler vers l’objectif de ne laisser personne sans solution".
En Ille-et-Vilaine, où l'expérimentation doit débuter en mai dans le bassin de Redon, le président du Conseil Départemental Jean-Luc Chenut a dénoncé sur France 3 Bretagne "un certain nombre de déclarations ministérielles tendant à stigmatiser les bénéficiaires du RSA qui sont des concitoyens en grande difficulté".
"On est opposé à une forme de travail obligatoire. Le RSA doit rester une allocation. Il faut en revanche un véritable accompagnement, de la formation, de la réassurance, de l'aide pour pouvoir passer le permis de conduire, réapprendre à écrire. L'enjeu, c’est un meilleur accompagnement des bénéficiaires pour leur permettre de retrouver le chemin de l’emploi".
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