Mardi 17 décembre, Olivier David, le président de l’Université Rennes 2, se serait interposé face aux forces de l'ordre pour les empêcher de pénétrer sur le campus. Une tentative d'intrusion que dénoncent étudiants et personnels.
L’affaire débute à 13h45. La manifestation contre les retraites à Rennes est terminée. Philippe Blanchet, professeur de sociolinguistique et didactique des langues à Rennes 2, qui faisait partie du cortège intersyndical "Université Rennes 2, rentre avec un collègue au campus. Lorsqu'il arrive à la station de métro "Villejean-Université, il réalise qu'une opération policière est en cours.
Il découvre avec stupéfaction la scène. "L'ambiance est inquiétante, on se demande ce qui se passe. Une dizaine de jeune se fait contrôler", nous explique Philippe Blanchet.
Il décrit la situation dans un billet sur Mediapart. "Un jeune homme est plaqué contre le mur par 3 policiers qui effectuent une fouille au corps. Le jeune est livide, sans résistance. La station est pleine d’un genre de robotcops, visages masqués, casques, armés, tenue guerrière noire, qui contrôlent plusieurs jeunes, fouillent leurs affaires".
Un de ses collègues, personnel technique et administratif de Rennes 2, a assisté au début des contrôles. Il publie son témoignage "Ils sont arrivés en bas, se sont mis en ligne, et ont commencé à frapper gratuitement les jeunes qui venaient de descendre sur le quai (...) Les forces de l'ordre n'ont exprimé ni paroles ni sommation avant de distribuer les coups".
La majorité des jeunes se fait contrôler
Philippe Blanchet, joint par téléphone, précise qu'il n'a pas assisté au début de la scène mais il se fie au témoignage de son collègue. Et pour l'enseignant, ce sont les jeunes, qui en majorité se font contrôler. Eux, (les personnels) passent à travers le filtrage et sortent du métro. A l'extérieur, ils découvrent des dizaines de jeunes, tous encore abasourdis. "Ils nous expliquent qu'on leur a pris des affaires personnelles, qu'ils se sont fait contrôler", nous rapporte Philippe Blanchet.
Selon le communiqué inter-syndical de l’Université Rennes 2 publié à 16h mardi : "des effets personnels ont été saisis et des personnes molestées de façon arbitraire".
Avec son collègue, ils tentent alors de s'informer de la situation. "Nous avons demandé aux policiers s'ils avaient un mandat pour saisir les objets personnels. Nous n'avons obtenu aucune réponse". Dans la foulée, Philippe Blanchet envoie un message au Président de l'Université, Olivier David pour le prévenir de ce qui se passe.
Le président de Rennes 2 est intervenu
Les forces de l’ordre auraient ensuite quitté les lieux. Trente minutes plus tard, elles se seraient dirigées vers l’entrée du campus."Les forces de l’ordre ont stationné sur les boulevards adjacents et ont tenté de pénétrer sur le campus pour réprimer les manifestants", peut-on lire sur le communiqué. Les étudiants, remontés après l'opération dans la station de métro, avaient allumé un feu devant le campus, avec du mobilier de la fac.
"Ils sont arrivés en plus grand nombre, environ 10 camions et ont encerclés l'entrée du campus. côté Gaston Berger".
"La police était aux abords de l'université, prête à pénétrer dans l'enceinte du campus. Dans leurs attitudes, leurs gestes, leurs mouvements... Tout portait à croire qu'ils voulaient entrer. David Olivier, informé, est rapidement sorti. Il a couru à la rencontre de la police pour leur dire qu'il était hors de question d'entrer. Il avait l'air remonté et leur a rappelé quelles étaient les règles", nous rapporte une étudiante de Rennes 2, qui a souhaité garder l'anonymat.
Les forces de l'ordre ont quitté les lieux assez rapidement.
Des étudiants choqués par cette intervention musclée
Les étudiants qui ont le sentiment d'être clairement ciblés, se disent choqués de cette opération de police. "On considère que c'est une provocation et que c'était organisé et prémédité de s'en prendre ainsi par intimidation aux étudiants et au personnel de Rennes 2 qui revenaient de la manifestation", dénonce Fabien Caillé le vice-président de l'association des étudiants de Rennes 2. Il salue encore l'intervention du président de l'université qui s'est interposé pour empêcher les force de l'ordre de rentrer et qui a pu éviter que que la situation ne dégénère.
Déjà à Brest le 10 décembre dernier
Une tentative d’intrusion qui rappelle celle du 10 décembre à la faculté de Lettres à Brest, où une dizaine de policiers s'est engouffrée avec casques et matraques à l'intérieur de la Bibliothèque universitaire. Selon la préfecture, les policiers n’avaient pas l’intention de rentrer dans l’Université de Rennes 2, rapporte Ouest France.Le président de Rennes 2, dans un communiqué ce mercredi soir évoque "une intervention vécue comme violente et arbitraire" il exprime sa "profonde sympathie à l’égard des personnels et étudiant·e·s choqué·e·s par cette situation. Nous ne pouvons que déplorer la détérioration de notre matériel sur la voie publique, cependant, nous avons saisi les autorités compétentes pour faire toute la lumière sur cette opération de police aux abords du campus. La Préfecture contactée par la rédaction n'a pas souhaité répondre.