Rennes : 250 policiers en colère accrochent leurs menottes aux grilles de la préfecture

"Ras le bol", le mot est sur toutes les lèvres. Environ 250 policiers se sont rassemblés à Rennes et ont attaché leurs menottes aux grilles de la préfecture Martenot avant d'entonner la Marseillaise. Ils ont le sentiment d’être lâchés par le gouvernement et pointés du doigt par les media.

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Ils ont le sentiment d’avoir été trahis par leur ministre et d’être lâchés dans la fosse aux lions. "On a peur d’intervenir", avoue Laurence, policière depuis 25 ans.


 "Il y a un changement radical chez les petits voyous suite aux propos du ministre sur le racisme dans la police. Ils nous narguent, ils savent qu’on est fragilisés. Au moindre contrôle, ils nous taxent de racistes", témoigne Alexis*, un agent de la BAC (Brigade anti-criminalité) depuis 23 ans.
Alexis regrette également des attaques systématiques envers la police : "On nous reproche aussi de tutoyer certains jeunes, mais ils ont l’âge de mes gamins ! Les profs tutoient mes gamins, ça ne choque personne." 
"C’est pire encore pour nos collègues de couleur ou d’origine maghrébine, ils sont taxés de traîtres dans la rue", confesse Frédéric Gallet du syndicat Alliance.

 

Les raisons de la colère


Lundi, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a demandé qu’une suspension soit "systématiquement envisagée pour chaque soupçon avéré " de racisme dans la police.

"C’est quoi un soupçon avéré ? ironise David Leveau, secrétaire régional de l’unité SGP Police FO. On ne va pas suspendre un collègue sur des dénonciations ! On est des sous-citoyens, on n’a pas le droit à la présomption d’innocence !"
"Le ministre nous a séchés d’emblée, il jette l’opprobre sur toute une profession en faisant des raccourcis et en nous mettant tous dans le même sac,"
vitupère un commandant de police.

 

 

Des techniques d'arrestation primordiales


Trahison mais aussi incompétence. Christophe Castaner, en interdisant la technique des clés d’étranglement, s’attire les foudres de la profession. "Les contrôles de tête sont des techniques nécessaires pour amener un individu à terre afin de le menotter, poursuit Alexis de la BAC. Le taser ou pistolet à impulsion électrique (PIE) peut s’avérer dangereux pour les personnes cardiaques, il peut aussi provoquer la chute de la personne de manière incontrôlée."

Tous soulignent que cette technique n’a jamais été interdite en France parce qu’elle n’a jamais provoqué de décès. Et de fustiger les comparaisons avec la police américaine ainsi que le rapprochement entre les affaires Adama Traoré (arrêté par des gendarmes) et George Floyd.

 

La presse mise à mal


"J’en veux aux journalistes qui manipulent trop les gens," condamne Laurence. "Les journalistes montrent les images quand ça tape, poursuit sa collègue, policière depuis 18 ans. Mais ils ne montrent pas ce qui s’est passé avant ni ce qui s’est passé après."
"Il y a un effet de loupe. Il existe un fossé entre la perception de notre action et ce que les media en relatent,"
s’agace Alexis. Preuve sur le terrain de la défiance de la profession envers les journalistes : il s’avère difficile de trouver des agents, d’accord pour témoigner  même sous couvert d’anonymat.

 

"Je ne m'y retrouve plus"


Même si tous admettent qu’il existe des brebis galeuses dans la police nationale comme dans d’autres professions, ils assènent que la police n’est pas structurellement raciste et violente. 
"J’ai aimé mon métier mais je ne m’y retrouve plus, déplore Laurence. Qu’est-ce qu’on répond à des gens qui nous crachent à la figure ?"
"Je me fais insulter tous les jours,
confie Alexis. Ça me fait mal au coeur."

Un de leur collègue avoue même éviter certaines interventions : "j'ai besoin de faire manger mes gosses, je suis comme tout le monde, alors je ne veux pas d'ennuis."

Lassés d’être à tour de rôle les héros puis les nantis de la nation, les policiers espèrent que les rencontres entre les syndicats de police et Christophe Castaner ce jeudi et ce vendredi apaisent la situation. Ils attendent aussi les déclarations de président de la République ce dimanche. Le sydicat SGP FO a déjà menace dors et déjà de cesser les interpellations.

* Le prénom a été modifié

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