10 à 12 mois de prison avec sursis et trois ans d’interdiction de pratiquer la chasse ont été requis à l’encontre de cinq participants à une chasse à courre.
Les militants sont nombreux à avoir fait le déplacement pour soutenir les prévenus et les plaignants. Au point que la salle d’audience s'est révélée trop exiguë pour contenir tout le monde. Conséquence : les soutiens des accusés ont pris place dans la salle quand les anti-chasse sont restés à l'extérieur où ils ont accroché des banderoles.
"Ce n'est pas le procès de la chasse à courre mais de violences graves"
L’ambiance était très tendue dans la salle d'audience car 90% du public était acquis aux prévenus. Pendant le témoignage de la victime la salle ne s'est pas privée de se moquer malgré l'émotion palpable de celle-ci qui tremblait et pleurait par intermittence. "Ce n’est pas le procès de la chasse à courre mais celui de violences graves, en réunion"a martelé le procureur ajoutant que ce sont des faits gratuits, inexcusables.
Le témoignage
Claire Le Potier, la militante agressée par les chasseurs s'est vue prescrire une Interruption Totale de Travail de 30 jours par un médecin légiste qui a constaté un stress post traumatique avec problèmes d’insomnies, d’hypervigilance, de sidération et de nombreux hématomes sur les bras, jambes et les côtes. A la barre elle a expliqué que l’un des prévenus lui a maintenu la tête sous l’eau dans une douve en l’obligeant à dire qu’elle ne remettrait plus les pieds en forêt. "Sa tête a servi de pompe" explique un autre prévenu.
Des travailleurs sans histoire harcelés par les militants anti-chasse
La Défense a cherché à minimiser les violences. Pour l’avocat des prévenus ils étaient des gens ordinaires sans casier judiciaire pour la majorité, et qui travaillent pour certains (éleveur de vaches laitières) 70 heures par semaine. Et d'ajouter ils sont « victimes depuis des mois de harcèlement » de la part des militants de l'association AVA (Abolissions la Vènerie Aujourd'hui) qui les ont empêchés de vivre leur passion pour la chasse.
Les cinq accusés sont tous des hommes âgés de 41 à 72 ans. Ils ont comparu libres sous contrôle judiciaire.
Le procureur a requis entre 10 et 14 mois pour les prévenus (le maximum pour le prévenu qui a plongé la tête de la victime dans la mare) et 3 ans d’interdiction d’exercer une activité sociale, la chasse en tête.
La décision de justice sera rendue publique le 25 juillet prochain.
Rappel des faits
Les cinq suiveurs de chasse à courre sont poursuivis pour des faits remontant au 2 février dernier.
Ce jour-là, une chasse à courre se tient dans la forêt de Brocéliande mais des militants anti-chasse perturbent la partie. Deux d'entre eux sont pris à parti par des "suiveurs" (des participants à la chasse qui ne sont pas armés).
Les militants "étaient en train de filmer la chasse", explique le parquet, "ils ont été l'objet de violences évidentes" quand les suiveurs ont tenté de leur voler leurs caméras.
Une jeune femme a eu "la tête placée sous l'eau dans une petite mare à plusieurs reprises", tandis qu'un homme qui voulait l'aider a notamment eu "le cou serré à plusieurs reprises", précisait le parquet.
La jeune femme a eu une interruption temporaire de travail (ITT) de 30 jours, et l'homme, de 15 jours.